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Ces entreprises néo-aquitaines qui peinent à assumer leur passif colonial

Marie Brizard, Hennessy, Négrita, Plantation… Ces success-stories entrepreneuriales, nées en Nouvelle-Aquitaine et dont le nom résonne aujourd’hui à l’international, ont toutes bénéficié, de manière directe ou indirecte, des rentes de la traite négrière et/ou de l’exploitation coloniale. Celles qui ont tenté de faire un travail mémoriel, même à usage interne, sont très peu nombreuses. Suite de notre dossier « Bordeaux décolonisé ».

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Ces entreprises néo-aquitaines qui peinent à assumer leur passif colonial
Négrita, Marie Brizard, Hennessy…

« 1763 : L’anisette devient un succès royal ! » indique la page de la société Marie Brizard Wine & Spirits (MBWS), entre deux vers à la gloire de l’emblématique femme d’affaires bordelaise. Du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, trois siècles de réussite défilent à l’écran. Sans préciser un élément : comme le souligne Le Monde « à cette époque, la liqueur figurait sur la liste des « marchandises de traite » chargées dans les ports français ». Les captifs étaient ensuite déportés de l’autre côté de l’Atlantique pour travailler dans les plantations des Antilles ou du Sud des États-Unis.
À Bordeaux, deuxième port négrier en France, la liqueur est utilisée comme monnaie d’échange aux côtés des étoffes et des armes. Lorsque ces alcools étaient « d’excellente qualité, le capitaine les offrait au roi et aux courtiers pour ouvrir la traite », souligne l’historien Éric Saugera dans son ouvrage de référence  Bordeaux port négrier, XVIIIe-XIXe siècles.

Commerce triangulaire : rien à déclarer

Deux siècles plus tard, cette part de l’histoire entrepreneuriale demeure occultée. Bien loin de la petite firme artisanale des débuts, Marie Brizard est aujourd’hui un groupe de dimension internationale, coté en Bourse, qui comprend près de 80 marques de liqueurs et d’essences. L’entreprise n’est plus bordelaise à proprement parler : elle a quitté son site historique rue Fondaudège pour s’installer à Ivry-sur-Seine, gardant une usine à Lormont.
Une participation directe de la firme dans la traite négrière ne peut être attestée de manière formelle pour l’historien Hubert Bonin, auteur du livre des 250 ans de l’entreprise Marie Brizard (1755-1995) :

« Il n’y avait pas grand-chose sur le XVIIIe siècle, ni sur le début du XIXe siècle, affirme-t-il. Les repreneurs successifs ne sont guère préoccupés des archives. »

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Dans l’histoire de la traite négrière, et ensuite de la colonisation de pays d’Afrique, Bordeaux et la Nouvelle-Aquitaine ont joué un rôle peu reluisant. Des collections douteuses dans les musées au lourd passé de certaines entreprises, les institutions font-elle amende honorable ?

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