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Le fonds de l’ethnologue africaniste Georges Duchemin n’a aucune raison d’être à Bordeaux

L’ethnologue, qui fut directeur de l’Institut français d’Afrique Noire à Saint-Louis au Sénégal, a légué son fonds photographique personnel au Musée d’Aquitaine en 1999. La collection, marquée par la domination colonialiste, devrait plutôt compléter le fond sénégalais. Troisième et dernier volet de notre dossier « Bordeaux décolonisé ».

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Le fonds de l’ethnologue africaniste Georges Duchemin n’a aucune raison d’être à Bordeaux

« Si demain, le Sénégal nous demande la restitution de ce fonds, on fera le nécessaire », s’engage Katia Kukawka. La directrice adjointe du Musée d’Aquitaine évoque l’important fonds photographique de l’ethnologue Georges Duchemin, légué au musée en 1999.

« Il y a un fonds de Georges Duchemin à Saint-Louis et les deux fonds sont très complémentaires. Il faut vraiment construire un fonds commun, et le commun étant quand même plutôt Sénégalais que Bordelais. »

L’africaniste, né en 1911 dans la région parisienne et diplômé de l’Institut d’ethnologie de Paris, a effectué une bonne partie de sa carrière au Sénégal. Arrivé à l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) à Dakar en 1941 et nommé directeur du centre IFAN Sénégal-Mauritanie à Saint-Louis en 1947, il est l’auteur d’une production photographique importante.
L’ensemble est essentiellement dispersé entre le Centre de recherche et de documentation du Sénégal (CRDS) à Saint-Louis – ancien centre IFAN –, qui conserve les photographies produites par Georges Duchemin du temps de son rattachement au centre, et le Musée d’Aquitaine, où se trouve son fonds personnel bien plus conséquent. De passage à Bordeaux en 2022, Fatima Fall, conservatrice du CRDS reconnaît « que les deux fonds se complétaient pour ne former qu’un seul ».
Georges Duchemin, détail de la planche 8. Fonds Duchemin, musée d’Aquitaine.

Une photothèque « en double » ?

Dans une conversation publiée par Troubles dans les collections, site internet qui réunit des échanges « entre chercheur.e.s, artistes, activistes et conservateur.ice.s travaillant en lien avec les collections et les archives coloniales », Fatima Fall converse avec Katia Kukawka, Elsa Tilly, attachée de conservation en charge de l’informatisation des collections, et Anaïs Mauuarin, docteure en histoire de l’art.
Selon Elsa Tilly, le fonds bordelais compte environ 22 000 phototypes et épreuves, dont les contacts montés sur 850 feuillets de classeur, 9 000 négatifs noir et blanc et couleur, 3000 tirages contacts 6×6, environ 5 000 diapositives, et 500 épreuves documentaires (tirages tous formats, planches-contact). L’ensemble couvre une période allant de 1940 à 1980, comprenant celle de Saint-Louis entre 1944 et 1961, et qui offre environ 6000 documents principalement sur le Sénégal et la Mauritanie.

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Dans l’histoire de la traite négrière, et ensuite de la colonisation de pays d’Afrique, Bordeaux et la Nouvelle-Aquitaine ont joué un rôle peu reluisant. Des collections douteuses dans les musées au lourd passé de certaines entreprises, les institutions font-elle amende honorable ?

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