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Blanquefort voudrait bien couler le projet de centrale photovoltaïque flottante

Depuis le dépôt d’un permis de construire à la fin de l’année 2024, le projet porté par l’entreprise Neoen fait face à une vive opposition de la Ville de Blanquefort et des associations locales. Ce jeudi 30 janvier, la municipalité a souligné avoir émis un avis défavorable au permis de construire lié au lieu d’implantation, dans le Marais de Florimond. Le dossier attend désormais la décision de préfecture de la Gironde.

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Blanquefort voudrait bien couler le projet de centrale photovoltaïque flottante
Le projet porté par l’entreprise Neoen prévoit l’installation de panneaux solaires flottants sur une surface de 11,5 hectares, sur le lieu-dit du Marais de Florimond.

Le projet rencontre un rejet massif. Depuis fin 2022, Neoen, entreprise française de production d’énergie renouvelable, envisage l’implantation d’une centrale photovoltaïque flottante à Blanquefort, sur le lieu-dit Marais de Florimond.

Dans cette ancienne gravière, exploitée par la société GSM de 1999 à 2021, Neoen envisage l’installation de 11,5 hectares de panneaux solaires flottants, pour une production énergétique estimée à 23,8 GWh par an soit la consommation moyenne de 9 500 habitants. Mais la mairie de Blanquefort s’oppose fermement à une implantation « à cet endroit précis », a-t-elle fait savoir ce jeudi 30 janvier.

« Ce n’est pas une opposition de principe »

« Nous ne sommes pas contre les panneaux solaires, bien sûr, puisqu’on en a sur Blanquefort : la centrale d’Arboudeau fonctionne depuis plusieurs années maintenant. Elle se situe sur un terrain dégradé. Le but, c’est d’utiliser ce type de parcelle plutôt que des espaces situés dans des milieux naturels. À Blanquefort, on produit déjà pour 7 000 foyers avec des panneaux solaires, nous ne sommes pas à la traîne », explique Isabelle Maillé, adjointe au développement durable de la Ville.

La mairie, qui signale « avoir émis un avis défavorable au permis de construire déposé fin 2024 », justifie sa position par une potentielle « perturbation de la richesse de la biodiversité dans ce secteur ». Parkings, toits d’entreprises, terrains dégradés…, pour la municipalité, les possibilités alternatives sont nombreuses et « toutes plus adéquates que le site d’implantation envisagé ».

Situé à 1,8 kilomètre de la réserve naturelle nationale des marais de Bruges, sur une zone d’espaces naturels sensibles, c’est une « halte migratoire pour la faune, notamment des canards et des espèces fragiles ».

« On avait proposé un autre site, près de la décharge, avec un cours d’eau déjà pollué par cette activité. Cela ne les a pas intéressés, car c’était certainement trop petit pour eux », poursuit Isabelle Maillé.

Envisagé sur une zone humide, le projet est soumis à des mesures compensatoires : il s’agirait de la « recherche d’au minimum 150 % de la surface perdue ».

Le plan d’eau du site visé par Neoen. Photo : D.R/Neoen

Front commun

Dans son opposition, la Ville de Blanquefort ne fait pas cavalier seul. Elle est rejointe par une large coalition d’associations locales et d’élus : Marie Fabre, adjointe à l’urbanisme du Taillan-Médoc, et Pascale Got, députée de la cinquième circonscription, selon Isabelle Maillé. Des renforts sont également venus de la Sepanso Aquitaine, qui gère les réserves naturelles des marais de Bruges, de l’étang de Cousseau et du Banc d’Anguin.

À l’instar de la municipalité, la Sepanso critique la localisation envisagée par Neoen. « Nous sommes très sensibles à la transition énergétique et aux énergies renouvelables », indique Xavier Chevillot, son directeur, qui souligne également la richesse de la zone en termes de biodiversité, « défavorable à ce type d’installation ».

« Un grand nombre d’espèces protégées vivent sur cette zone humide et dans le marais de Florimond. L’impact va toucher à la fois la réserve naturelle qui est à proximité et le marais, deux espaces, divisés par des frontières administratives, mais qui interagissent entre eux », poursuit le directeur de l’association gestionnaire de la réserve naturelle des marais de Bruges depuis 40 ans.

Canards sauvages

De l’Associations syndicales autorisées (ASA) du marais de Blanquefort à la Fédération de pêche de la Gironde, tout comme la Fédération de chasse départementale, l’ensemble des acteurs concernés s’accorde pour protéger cette zone d’une telle implantation.

« Il y a pas mal de tonnes à canards dans ce secteur-là, [abris servant à la chasse des volatiles], et je crains que cela vienne perturber les animaux et nos activités », analyse Gérard Verdier, président de l’association communale de chasse agréée (ACAA) de Blanquefort.

De son côté, Neoen indique que le projet « pourra encore être amené à évoluer » en restant « à l’écoute et à disposition de la mairie et des acteurs du territoire ». L’entreprise ne souhaite pas commenter davantage « à ce stade ». Il ne reste plus que la décision finale de la préfecture de la Gironde. « On est quand même assez optimistes », conclut Isabelle Maillé.


#blanquefort

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