Entre 11% et 14% des affiliés à la Caisse primaire maladie (CPAM) de la Gironde ne sont pas couverts par une mutuelle, ce qui représente entre 178000 et 227000 personnes en Gironde. Or les personnes sans couverture santé sont deux fois plus susceptibles de renoncer aux soins, selon le Conseil départemental, qui propose de répondre à ce manque.
« Il s’agit principalement de jeunes entre 20 et 39 ans qui sont juste au-dessus des seuils de la C2S » (complémentaire de santé solidaire pour les personnes aux ressources modestes), explique Jacques Raynaud, conseiller girondin délégué à l’accès au soin.
« Mais ils n’ont pas les moyens suffisants pour prendre une mutuelle, ne pensent pas être touchés par des maladies, et attendent un coup dur pour se soigner. Nous avons aussi des personnes âgées qui croient à tort être couvertes par le dispositif affection longue durée (ALD), alors que celui-ci est obligatoirement attaché à une pathologie. »
Tarifs accessibles
Pour « donner à chacun le pouvoir de se soigner », le Conseil départemental lance ce mercredi 15 janvier la Mutuelle Girondine, après signature d’une convention de trois ans avec Mutami, « la mieux-disante » sélectionnée à l’issue d’un appel à partenariat.
Le Département, précise-t-il, « n’est pas financeur de ce dispositif, ni assureur, ni souscripteur de contrat, mais facilite la mise en relation des personnes intéressées avec Mutami, qui contractualisera directement avec elles ».
Cette structure de l’ESS (économie sociale et solidaire), issue du mouvement mutualiste et syndical, s’engage pour sa part à proposer des tarifs préférentiels accessibles, inférieurs de 20% à 30% à ceux du marché.
La grille, qui comporte trois catégories en fonction du degré de couverture et plusieurs tranches d’âges, propose par exemple des tarifs allant de 34,40€ à 81,23€ par mois pour un adulte de 30 à 39 ans, de 20,40€ à 39,27€ pour un enfant, ou encore de 65,20€ à 141,30€ pour une personne de plus de 70 ans.
Blocage des prix
La première des trois catégories de Mutami ne couvre pas les dépassements d’honoraires, « mais permet de raccrocher le dispositif du reste à charge zéro, qui nécessite une mutuelle pour y avoir accès », souligne Olivier Bedmar, le directeur commercial de Mutami.
« Nous avons la volonté de bloquer les tarifs à partir de 70 ans, quand les prix des complémentaires concurrentes ont au contraire tendance à devenir exponentiels, poursuit-il. Des personnes avec des petites retraites se retrouvent parfois à devoir payer 300€ par mois ! »
Par ailleurs, Mutami promet de ne pas augmenter ses tarifs le temps de la convention avec le département, alors qu’après deux années de hausses, les mutuelles vont à nouveau augmenter leurs tarifs de 6% en moyenne en 2025.
Pour parvenir à proposer une offre attractive, la mutuelle a réduit ses marges et mise sur une « massification » du nombre de bénéficiaires en Gironde. Elle table, a minima dans un premier temps, sur 1% à 3% de souscriptions parmi les personnes sans complémentaire, soit 5000 bénéficiaires.
100000 bénéficiaires ?
Mais elle estime que dans les 4000 expériences de mutuelles communales en France, 50% des potentiels ayant-droit ont basculé. Ce qui représenterait 100000 Girondin.e.s bénéficiaires, et un plus que doublement du nombre total de personnes couvertes par Mutami (65000 en France, essentiellement dans l’ouest).
Pour réussir ce pari, le Département assurera la promotion de la Mutuelle Girondine dans les maisons départementales des solidarités, via la distribution de flyers dans les salles d’attente de médecins généralistes, ou encore lors de réunions publiques – la première aura lieu à Bègles, salle Saint-Maurice, le 29 janvier à 18h30.
En Gironde, plusieurs communes ont déjà mis en place des mutuelles locales. Certaines pourraient à terme se rallier à l’option départementale.
Chargement des commentaires…