L’heure est au bilan, et celui-ci n’est guère réjouissant. Déjà mobilisée l’année dernière, la Fédération des centres sociaux de la Gironde est de nouveau sur le pont pour interpeller l’Etat sur l’urgence de leur situation économique.
« Les aides exceptionnelles de la CAF, les efforts de la MSA et les trop rares augmentations des collectivités locales, même si elles ont joué un rôle d’amortisseur, n’ont pas suffi à inverser les tendances qu’on peut qualifier de lourdes, déplore Christine Bouquet, présidente du centre social de Floirac. 40% des structures étaient déficitaires en 2023, elles le restent en 2024. »
Déficits et licenciements
Directrice de l’association ConfluenceS, qui gère deux centres sociaux et deux espaces de vie sociale à Saint-Médard-en-Jalles, Aurélie Milhe, se désespère déjà de « devoir encore faire des choix » pour l’année qui s’annonce après un déficit budgétaire de 93 000€ sur l’année 2024, amorti grâce à l’accompagnement de la municipalité et de la CAF. Trois licenciements économiques et la fermeture d’une micro-crèche n’ont cependant pas pu être évités.
La situation est sensiblement la même rive droite. Le centre social La Colline à Cenon, tout comme l’UNIRE à Floirac, ont eux aussi enregistré des déficits budgétaires alarmants en 2024 : plus ou moins 20 000€ pour le premier, pas loin de 35 000€ pour le second.
« Aujourd’hui le centre social est temporairement en sursis, rien ne garantit la pérennité des activités pour l’avenir. On a été obligé de suspendre des projets pour arriver à survivre et on a encore des difficultés à maintenir l’ensemble de nos activités au regard du nombre de salariés présents », détaille Stéphanie Jacob-Noël, directrice adjointe de La Colline.
« Tout découle de l’Etat »
Si les réductions budgétaires sont le fait des collectivités, « tout découle de l’Etat » rappelle Christine Bouquet. En 2023, 4,7% des financements des centres sociaux provenaient directement de l’Etat ; le reste était réparti entre la CAF (24,5%), les communes (45%) ou les Départements (6%), des entités tout aussi tributaires des décisions étatiques en ce qui concerne leurs budgets.
En mars dernier, un fonds d’aide exceptionnel de 11,7 millions d’euros, avait été créé ; associé à la revalorisation des prestations de service et la reconnaissance des métiers de la petite enfance, il n’a cependant permis de sauver qu’à très court terme quelques structures.
« Ce qui est en jeu, c’est la capacité des centres sociaux à prendre leur part pour rester cette digue, ce rempart : on est peut-être les seules structures qui accueillent, qui apaisent, qui remobilisent les habitants des quartiers, continue la présidente du l’UNIRE. C’est autant de personnes privées de ressourcement ou de répit, c’est aussi le soutien aux associations locales et la capacité à faire du lien sur le territoire qui sont menacés. »
L’adoption du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) ajoute au pessimisme de la Fédération des centres sociaux qui demande un nouveau fond d’urgence et des solutions concrètes. Ce jeudi, ce sont des gilets noirs qui seront de sortie : pour la première fois de l’histoire de son réseau, la Fédération des centres sociaux va descendre dans la rue.
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