Une cinquantaine de parents d’élèves, enfants et enseignants se sont rassemblés devant les locaux de la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) ce mercredi 12 février à Bordeaux. Baisse des dotations en heures pour les établissements, fermetures de classes, augmentation des effectifs d’élèves encadrés… en Gironde, les annonces de la carte scolaire 2025, justifiées par une baisse du nombre d’élèves (1700 l’an prochain), sont, encore une fois, amèrement reçues par le monde éducatif.
Pour les collèges et lycées, deux problématiques cristallisent les revendications syndicales : les quotas d’heures attribuées par l’administration, « insuffisants pour effectuer les horaires planchers dans certaines disciplines », et les baisses de dotation « avec moins d’heures pour pouvoir fonctionner au sein de l’établissement », souligne Charlotte Laizet, secrétaire départementale du Snes-FSU.
Selon les syndicats, près de 70 % des collèges de Gironde sont concernés par une baisse de dotation, avec des établissements particulièrement touchés comme le collège Aliénor d’Aquitaine à Bordeaux, celui de La Garosse à Saint-André-de-Cubzac ou le collège Marguerite-Duras à Libourne.
« Concrètement, c’est des groupes de langue en moins, des dédoublements en Histoire-Géo en moins et des classes de plus en plus surchargées », poursuit Charlotte Laizet.
Nouvel abandon des écoles dites « orphelines »
Les manifestants dénoncent aussi la fin annoncée des écoles « orphelines ». Situées dans une zone défavorisée, sans pour autant être rattachées à un collège du réseau d’éducation prioritaire (REP ou REP+), elles bénéficient néanmoins des aides REP, dont les primes aux enseignants et le dédoublement des classes (en grande section, CP et CE1), une mesure initiée lors du premier quinquennat Macron.
« En Gironde, on a huit écoles orphelines qui perdent leur labellisation ainsi que la mention de classe dédoublée. Jusqu’ici, elles étaient considérées comme faisant partie de l’éducation prioritaire, mais maintenant, elles ne bénéficieront plus de ce statut », déplore Samantha Fitte, porte-parole du Snes-FSU.
Parmi les établissements touchés, on retrouve également les écoles Saint-Maurice et Marcel-Sembat à Bègles, l’école maternelle et élémentaire Carle-Vernet et Monnet à Bordeaux, ainsi que l’école élémentaire Camus et l’école maternelle Mauriac à Floirac. Les maires de ces trois communes s’apprêtent à écrire au rectorat pour réclamer le maintien des moyens alloués à ces écoles, toutes situées dans des quartiers politique de la ville.
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« Ils pourront fermer des classes »
Une entrevue entre les syndicats et la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale n’a pas donné lieu à des annonces sur le recrutement de personnels, ni sur les écoles orphelines. « Ils maintiennent la décision, malgré la présence d’une représentante de ces écoles pendant la réunion », regrette Charlotte Fitte.
« Dans les écoles orphelines, il y avait des classes dédoublées à 15. Ces classes deviennent des classes ordinaires : elles vont garder leur taux d’encadrement actuel, mais uniquement pour une durée d’un an. Donc, l’année prochaine, s’il faut récupérer des postes, elles ne seront plus du tout protégées : ils pourront fermer des classes pour arriver à des classes de 25 », poursuit-elle.
« On nous a aussi reproché d’avoir diffusé le projet de mesure », témoigne Charlotte Fitte à propos des échanges qui se sont tenus dans l’après-midi, « cela a été assez vif ». D’autres enseignants qui se sont exprimés auprès de Rue89 Bordeaux ont préféré garder l’anonymat suite à des « recadrages » de leur hiérarchie.
Une mobilisation qui devrait se poursuivre. À Rauzan, une manifestation est prévue ce lundi 17 février à 16h15 devant l’école publique. D’autres actions sont également prévues dans les écoles concernées, notamment ce jeudi 13 février les blocages de l’école Saint-Maurice, à Bègles, et de l’école Carle-Vernet à Bordeaux. Vendredi, les écoles des Aubiers seront elles aussi bloquées.
« J’ai trois enfants, dont deux dans des écoles élémentaires des Aubiers et un au collège Bordeaux-Lac. Les Aubiers ne devraient même pas être concernés par la question de sortir ou non du réseau d’éducation prioritaire », témoigne une habitante de Ginko.
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