Le site d’informations Politico a révélé ce 27 février la politique de réduction des effectifs du Département d’État chargé des relations internationales, l’équivalent états-unien du ministère des Affaires étrangères . Dans un document obtenu par le média américain, plusieurs consulats en France dont celui de Bordeaux, sont menacés de fermeture par l’administration Trump.
Cette restructuration conduite par Elon Musk contribue à « réduire considérablement l’action de la diplomatie américaine et la ramener, sinon au XIXe siècle, du moins à l’époque d’avant la Seconde Guerre mondiale », selon Tom Shannon, un ancien haut fonctionnaire du département d’État très critique cité par Politico. D’autres s’inquiètent de laisser le champ libre à la Chine, qui a déjà dépassé les États-Unis en termes de nombre d’ambassades dans le monde, augmentant son influence.
Selon le site d’information, les consulats de Rennes, Lyon, et Strasbourg sont également visés en France, où ne subsisterait que celui de Marseille, en plus de l’ambassade à Paris. En Allemagne, les consulats de Düsseldorf, Leipzig et Hambourg sont aussi sur la liste, tout comme Florence en Italie et Ponta Delgada au Portugal.
Premier consulat au monde
Bordeaux a pourtant accueilli le premier consulat des États-Unis du monde. Autrefois situé à l’angle des quai des Chartrons et cours Xavier-Arnozan, il avait été construit entre 1793 et 1800 à la demande de Joseph Fenwick (qui a donné son nom au bâtiment), premier consul des États-Unis d’Amérique. L’intérêt pour la ville au XVIIIe siècle était dû à son port, alors deuxième au monde après Londres, et véritable carrefour commercial mondial.
Le 30 janvier 1996, dans le cadre d’une réorganisation des services diplomatiques américains en France, le consulat de Bordeaux a déjà connu une fermeture. Il a rouvert dans ses locaux du 89 quais des Chartrons et inauguré le 1er octobre 2000 par le maire de Bordeaux, Alain Juppé, la Secrétaire d’État américaine, Madeleine Albright, et l’Ambassadeur des États-Unis, Felix Rohatyn. Il couvre la région du Sud-Ouest comprenant l’ancienne région Midi-Pyrénées ainsi que la Nouvelle-Aquitaine. Il assure cependant une petite mission diplomatique avec une équipe de trois personnes.
Le Consul actuel, Hector Brown, a pris des fonctions en août 2022. Ce dernier, né au Texas, « lit et parle le français et l’espagnol, et a l’intention d’ajouter à cette liste de langues étrangères celle de l’œnologie », précise sa biographie.
« Ce n’est pas anodin »
Céline Papin, adjointe au maire de Bordeaux chargée des coopérations territoriales, européennes et internationales, rappelle qu’ « aucun élément confirme pour l’instant cette décision », mais qu’ « on sait que le consulat de Bordeaux fait partie des représentations diplomatiques qui peuvent faire l’objet de restrictions de l’administration Trump ». Elle ajoute :
« Si cette fermeture est confirmée, ce n’est pas anodin ! C’est le premier au monde, c’est l’histoire de Lafayette, c’est un symbole de l’amitié franco-américaine. […] Je suis déjà en contact avec ma collègue de Strasbourg et on réfléchit à une action commune, une communication ou un courrier. Mais ces décisions restent du ressort des pays étrangers, comme c’était le cas pour le Goethe-Institut. »
Pour les Américains de Bordeaux, le consulat ne présente pas un intérêt administratif « puisque les passeports se font à Paris », explique une ressortissante américaine :
« Il développe surtout le business et les affaires. C’est quand même dommage. En plus, c’est sympa d’avoir un lieu ici où on peut par exemple fêter le 4-juillet (fête nationale aux Etats-Unis) », ajoute-t-elle.
La mission première du consulat est « de favoriser la compréhension mutuelle et de renforcer les liens d’amitié entre la population américaine et la population du Sud-Ouest de la France », peut-on lire sur son site internet. Outre des renseignements sur la politique, la société et la culture américaines, il apporte également un soutien pour « les entreprises américaines en facilitant, par exemple, leur entrée sur le marché français, ou informant les entreprises françaises des biens et services offerts par les entreprises américaines ».
Chargement des commentaires…