Alors que le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche se réunissait ce mardi 11 mars pour débattre du budget, l’intersyndicale a appelé à une mobilisation nationale « contre l’austérité budgétaire à l’université ». A l’université Bordeaux-Montaigne, à Pessac, l’appel s’est traduit par un programme de conférences et de débats.
Ce programme était une manière d’ « informer et discuter avec les étudiants, mais aussi de soutenir leur précédente mobilisation », précisent les enseignants. En effet, du 20 au 28 février, veille des vacances scolaires, les étudiants de l’université ont bloqué leur établissement avec les mêmes contestations.
« Pendant les blocages, la majorité des étudiants restent chez eux, on attendait la rentrée pour les rencontrer. […] On nous a dit de faire du télétravail pour économiser sur le chauffage », rapporte des représentants syndicaux.
Enseignement perturbé
Durant la semaine de vacances, l’ensemble des bâtiments sont donc restés fermés : une illustration du mauvais état des finances des universités. Le manque de moyens entraîne également une baisse du nombre de places dans les formations, empêche de développer certains enseignements, et cause la vétusté des bâtiments ainsi qu’un manque d’enseignants. Des problèmes qui ne sont pas sans conséquences sur l’apprentissage des étudiants.
« Au lieu d’ouvrir 8 TD, on en fait 7 parce qu’on n’a pas assez d’enseignants, donc les classes sont surchargées, avec 50 étudiants au lieu de 30, dans des salles conçues pour 40 places. Ça ne permet pas de travailler comme il faut, alors que c’est censé être un lieu où l’on accompagne individuellement les étudiants », explique un enseignant.
Selon le syndicat national de l’enseignement supérieur, le nombre de candidats par poste de maître de conférences a chuté, passant de 7,7 en 2021 à 5 en 2024, signe de la perte d’attractivité du métier d’enseignant-chercheur. Au total, 12 % des postes de maître de conférences, 20 % des postes de professeur des universités et 25 % des postes d’agrégé ou de certifié n’ont pas été pourvus pour la rentrée 2024.
Missions menacées
Conséquences ? « Il y a environ 40 % de contractuels à l’administration et 25 % des heures de cours assurées par des vacataires à Bordeaux », affirme l’intersyndicale de l’enseignement supérieur. Les personnels et enseignants demandent leur titularisation. « L’objectif affiché [par le gouvernement] d’atteindre 50 % d’une génération avec un diplôme du supérieur doit être soutenu budgétairement, au risque de ne pouvoir ouvrir les formations faute de personnel », préviennent les représentants.
Dans un communiqué publié le 23 février, l’intersyndicale demande « une réaffectation des moyens du crédit impôt recherche, un contrôle des aides à l’apprentissage ou un arrêt du financement public pour les établissements privés.
« Alors qu’il manque aujourd’hui au moins 8 milliards à l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) public pour remplir ses missions, que 80 % des universités affichent de réelles difficultés financières, le budget voté par l’Assemblée Nationale le 6 février dernier porte à presqu’un milliard les coupes budgétaires sur le périmètre de la Mission Interministérielle de l’ESR (MIRES) depuis la loi de finances initiale 2024. »
Estimant que « les missions fondamentales des universités et des organismes de recherche, la formation et la recherche, sont menacées à très court terme », les organisations appellent à poursuivre et amplifier leur « riposte massive ».
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