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L’augmentation des loyers étudiants du Crous Bordeaux-Aquitaine dénoncée par l’Unef

L’annonce a suscité de vives critiques de la part des organisations syndicales, notamment l’Unef, qui pointe l’impact de cette hausse sur la précarité étudiante. Un « dégel » de l’indice des loyers, bloqué depuis 2020, après qu’un étudiant a tenté de s’immoler par le feu devant un Crous de l’agglomération lyonnaise.

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L’augmentation des loyers étudiants du Crous Bordeaux-Aquitaine dénoncée par l’Unef
Le Crous de Bordeaux-Montaigne, rue du Hamel à Bordeaux

Les loyers des résidences du Crous de Bordeaux-Aquitaine vont augmenter pour l’année 2025-2026, de 3,26 % pour les logements conventionnés (entre le propriétaire et l’administration, garantissant notamment l’entretien du bien et son accessibilité pour les faibles revenus) et de 1,28 % pour les non-conventionnés. Une mesure qui devrait toucher 10 700 logements dont 8 500 situé au sein de l’agglomération bordelaise.

Cette révision intervient après une première hausse de l’année 2024 sur les montants des loyers définis pour un an. D’abord rejetée lors du Conseil d’administration (CA) du 11 mars, à une voix près selon nos informations, l’augmentation pour l’année 2025-2026 a finalement été adoptée le 25 mars, lors d’une assemblée extraordinaire. À ce sujet, le Crous de Bordeaux-Aquitaine indique :

« Une délibération différente de celle rejetée le 11 mars a été présentée le 25 mars, car la délibération adoptée l’an dernier ne vaut pas pour la rentrée 2025. Par ailleurs, une nouvelle résidence sera livrée en septembre, et nous devons disposer d’un tarif pour la mettre en service. […] Pour les logements en cité universitaire, le tarif voté le 25 mars se traduit par la stabilité du reste à charge des étudiants entre 2024 et 2025, une fois déduites les aides au logement. »

Siloé Souclier, élu de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) au CA du Crous, s’inquiète :

« Ils justifient cette nouvelle mesure par l’augmentation des APL (aides personnalisées au logement). Selon eux, le reste à charge pour les étudiants serait seulement d’un ou deux euros. Mais, sans compter les APL, l’augmentation pour les résidences Crous est plutôt de l’ordre de 13 euros par mois. Cette année, on a aussi constaté que l’APL a baissé pour beaucoup d’étudiants. »

Au sein des logements proposés par le Crous de Bordeaux-Aquitaine, le loyer moyen d’une chambre est de 260 €/mois TTC, 369 €/mois TTC pour un studio (avant déduction des APL dans les deux cas).

« On s’attendait à un geste »

Après la hausse de l’année dernière, et bien d’autres augmentations sur la restauration (Crous Market, sucré ou salé), « un étudiant sur deux en est déjà à sauter un repas dans la journée » affirme l’Unef. Celui-ci espérait l’abandon complet de l’augmentation des loyers et dénonce le revirement effectué par l’administration. Siloé Souclier détaille :

« On s’attendait à un geste de la part du Crous : soit une faible augmentation, soit aucune, pour suivre le vote du 11 mars. Ce n’est pas ce qu’a fait le Crous, qui a séparé les résidences conventionnées et les résidences non conventionnées. Il y a beaucoup plus de résidences conventionnées sur Bordeaux, pour lesquelles l’augmentation reste la même. »

De son côté, le Crous de Bordeaux-Aquitaine souligne que près de 200 000 € ont été versés en 2024 à des étudiants « rencontrant des difficultés financières liées à leur logement » ; pour l’organisme, l’augmentation appliquée aux logements conventionnés serait comprise entre 1,50 et 2 € par mois, soit « +0,5 %, bien en deçà du niveau de l’inflation ».

Lors de ce Conseil d’administration extraordinaire, le vote a donc basculé en défaveur du syndicat étudiant. L’augmentation a été adoptée avec 14 voix pour, dix contre et une abstention :

« La CFDT nous a laissés tomber par peur que cela retombe sur les employés après, l’Uni [syndicat d’extrême droite, NDLR] a voté pour cette augmentation les deux fois, la présidence de Bordeaux Montaigne s’est abstenue, celle de l’Université de Bordeaux a voté pour également… La Ville de Bordeaux est allée dans ce sens aussi, en justifiant ne pas vouloir mettre à mal le Crous sur le plan financier », poursuit l’étudiante élue.

« Manque d’investissement de l’État »

Outre l’argument des APL, l’augmentation est défendue au nom de la garantie de conditions de vie dignes pour les étudiants, à travers la rénovation des logements et la construction de nouvelles résidences. « Aussi, cela nous paraît impensable de nous présenter un budget excédentaire de plus de 3 millions d’euros le 11 mars, et juste après de nous faire voter l’augmentation des tarifs des loyers », ajoute le syndicat. Fin 2024, l’administration en charge des logements universitaires, quant à elle, établit un solde excédentaire de 187 000 €, ainsi qu’un déficit prévisionnel de 2,5 M€ prévu sur le budget 2025 :

« Le solde budgétaire auxquels font référence les élus étudiants intègre des subventions fléchées en 2024 notamment pour mener à bien des projets d’investissements (reconstruction du RU 1 sur le campus Pessac). » détaille Robin Panighel, chargé de communication au Crous de Bordeaux-Aquitaine.

« Ce n’est pas aux étudiants de payer le manque d’investissement de l’État », conclut pour sa part Siloé Souclier. Un constat que partage Coline, actuellement en première année à Sciences Po Bordeaux. Elle occupe un logement dans la résidence Les Lumières, située sur le campus de Pessac, et déplore la gestion de ces logements administrés par le Crous :

« Il y a souvent des pannes de chauffage, certains m’ont dit avoir passé l’hiver sans, d’autres témoignent de problèmes d’humidité et de moisissures… En ce moment, on n’a aucun accès au Wi-Fi, qui ne fonctionne pas. »

Quant à la future augmentation des loyers, elle pourrait bien pousser l’étudiante à changer de logement :

« Je réfléchissais à déménager pour d’autres raisons déjà. Mais aujourd’hui, je paye 435 € charges comprises, ça devrait passer à 445… Les prix se rapprochent de plus en plus de ceux du marché, c’est intolérable pour des logements destinés à des étudiants. »


#CROUS

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