Il y a des victoires plus belles que d’autres. Celle du 28 juin dernier, la famille de German aura du mal à l’oublier : ce jour-là, le petit garçon qui se rêve champion d’haltérophilie montait sur la plus haute marche du podium des championnats de France dans la catégorie U13 des moins de 61 kg.
Car ce sport, c’est avant tout une histoire de famille chez les Polintsov. « Mon père m’a montré ce sport et j’ai décidé d’en faire », explique German. Un sport qu’il pratique depuis l’âge de 7 ans, et pour lequel il s’investit parce qu’il « aime gagner des compétitions et devenir plus fort ».

En France, rapidement à la rue
German n’a que 2 ans lorsque ses parents fuient l’offensive russe au Donbass. Mark et Oksana Polinstov quittent Donetsk en 2014, au début de la guerre opposant le gouvernement ukrainien à des séparatistes pro-russes et à la Russie. Passés par la Pologne puis l’Allemange, où est né le petit frère de German, Oskar, la famille Polintsov arrive en France en 2017.
Ils enchaînent les logements provisoires, les hébergements d’urgence et les squats. En 2022, German devient une nouvelle fois grand frère et Olivier rejoint la fratrie. Rue89 Bordeaux les avait rencontré en 2023, alors qu’ils vivaient sous tentes dans un bois communal à Saint-Jean-d’Illac. Ils avaient été contraints de quitter un logement qui leur avait été prêté en raison d’une accumulation de défauts de paiements.
Aujourd’hui, ces galères sont en grande partie derrière eux. La famille réside dans un appartement à Pessac depuis le mois de mars. German est scolarisé au collège Alouette, où il rentrera en 4ème au mois de septembre, et concilie du mieux qu’il peut ses entrainements avec les cours. Une autre passion en dehors du sport ? « Non », répond-il timidement, le sourire en coin comme s’il s’en excusait presque.
Trois entrainements par semaine
L’haltérophilie est un sport de force qui combine deux mouvements principaux : l’arraché et l’épaulé-jeté. Le premier consiste à soulever une barre chargée de disques du sol jusqu’au-dessus de la tête en un seul mouvement rapide ; le second se fait en deux temps où le sportif soulève d’abord la barre jusqu’aux épaules puis la lève au-dessus de sa tête. Lors des championnats de France, German a soulevé des poids allant jusqu’à 57 kg.
À raison de trois entrainements par semaine, les lundi, mercredi et samedi, German parfait sa technique dans une salle de sport à Bordeaux sous l’œil avisé de son père. Ce dernier a fait le choix de l’entrainer lui-même, fort de son expérience personnelle dans la pratique de ce sport.
« C’est toujours différent, quand il y a une grosse compétition c’est deux heures d’entrainement, peut-être trois. Quand on travaille que le physique, une heure et c’est fini », détaille le jeune garçon.

Objectif JO
Des efforts qui portent leurs fruits. Sous le regard fier de ses parents, German montre les médailles que son frère Oskar est parti chercher dans sa chambre. Voilà deux ans qu’il a acquis la nationalité française lui permettant d’entrer dans le monde des compétitions, et il peut déjà se targuer d’avoir glané toutes les premières places cette année. Mark et Oksana voient dans le sport un moyen pour leurs enfants de s’épanouir :
« C’est culturel en Ukraine l’haltérophilie, c’est bon pour la santé, l’énergie et le cœur », soulignent-ils.
Une discipline qui pourrait ouvrir à German les portes des plus grands compétitions internationales. Car c’est bien ça son objectif, devenir professionnel et « représenter la France aux Jeux Olympiques » glisse-t-il.
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