Ce mardi matin, la rocade de Bordeaux a été le théâtre d’une action inattendue. Répondant à l’appel du 10 septembre « Bloquons tout », quelques dizaines de personnes ont choisi d’interrompre la circulation dès l’aube, entre Bruges et Gradignan, en amont des mobilisations sociales promises dans les prochains jours.
« On voulait mettre un peu de confettis sur ce mardi vide », expliquent les organisateurs dans un communiqué reçu ce mardi. L’idée : occuper une journée coincée « entre la chute de Bayrou et le début tant anticipé d’un mouvement qui nous portera, nous le souhaitons profondément ».
Des blocages simultanés au nord et au sud
À partir de 6h30, les automobilistes se sont retrouvés dans des embouteillages inhabituels. Des pneus, des triangles de signalisation et des gilets fluorescents ont servi à dresser des barrages improvisés. Au nord, près du lac, comme au sud, aux abords de Gradignan, les militants ont stoppé le trafic « en direction de Paris d’une part et de l’Espagne de l’autre » peut-on lire dans un style très ironique. Un radar de vitesse a été recouvert de peinture.

Si certains usagers se sont montrés pressés ou irrités, d’autres ont klaxonné en signe d’encouragement, toujours selon le communiqué.
« Quittez cette ville, si vous n’aviez pas envie d’aller travailler, rentrez chez vous, c’est là notre invitation. Puis, rejoignez vos amis, amours, bandes organisées, conspirez, et venez allumer la mèche ! », rapportent les activistes, invitant à transformer l’imprévu en « journée de repos générale pour se retrouver demain matin, en pleine forme ».
Un appel à durer
Sollicitée, la préfecture évoque « quelques individus cagoulés [qui] ont mis le feu à des pneus et palettes au niveau de l’échangeur n°4 de la rocade (A630) de Bordeaux. Elle poursuit :
« Ils ont ensuite tenté de reproduire la même chose au niveau de l’échangeur 15 avant de quitter rapidement les lieux, en vain. Ces actions ont provoqué quelques ralentissements sur la rocade. L’intervention rapide de la DIRA (Direction interdépartementale des routes Atlantique) et du SDIS (Service départemental d’incendie et de secours), sécurisés par la CRS autoroutière de Bordeaux, a permis de retrouver des conditions normales de circulation vers 7h30. »
Les auteurs de l’action ont revendiqué un esprit de débordement, dans la lignée des Gilets jaunes. « Les manifestations syndicales ne suffisent pas et sont toujours trop policées », estiment-ils. Le communiqué met en avant une rupture claire avec le calendrier politique :
« Bayrou a chuté, son gouvernement va sûrement le suivre – quel comique de répétition – mais rien ne change. Ce n’est pas dans l’hémicycle que tout se joue, mais dans la rue et surtout dans nos vies ! »
Derrière l’humour potache – « On s’est trompé.es de jour, désolé.es, on pensait être déjà demain » – se dessine une volonté d’inscrire la lutte dans le temps. « Le 10, le 11, le 12… De quoi tu me parles ? Tous les jours qui s’ensuivent ! » clament-ils. L’action sur la rocade se veut donc autant un signal qu’un échauffement : « Le temps ne s’arrêtera pas, alors nous non plus. »
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