« Le Crous de Bordeaux préfère l’omerta organisée plutôt que protéger les victimes », s’est indigné l’Unef dans un communiqué le 11 septembre dernier. Après la suspension à titre conservatoire par le ministère de l’enseignement supérieur de Jean-Pierre Ferré, le directeur général du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires, accusé de « comportements inappropriés », le syndicat étudiant dénonce les « conséquences lourdes » des circonstances dans lesquelles a été menée l’enquête administrative à son encontre.
Celle-ci avait été ouverte le 26 février dernier par l’Inspection générale de l’enseignement supérieur et la recherche (IGESR) suite à des accusations de violences sexistes et sexuelles. Mais elle s’était déroulée sans que Jean-Pierre Ferré ne soit suspendu provisoirement de ses fonctions à la tête du Crous, une institution de 830 employés, gérant notamment sur le campus bordelais 8700 logements, 6 restaurants universitaires et 7 cafétérias.
Des signalements « enterrés »
« Pendant six mois, le directeur général a donc continué d’exercer son autorité, contrôlant le climat interne et les conditions de déroulement de l’enquête qui le visait », poursuit l’Unef :
« Les victimes présumées […] ont continué à travailler quotidiennement avec l’individu qu’elles accusaient. Comment se sentir protégées quand il exerce toujours son autorité sur elles ? Comment inciter d’autres victimes potentielles à faire des signalements à la cellule de veille quand les précédents ont été enterrés ? »
Selon le syndicat, qui s’est exprimé au lendemain d’un conseil d’administration du Crous, en présence de la présidente du Cnous, l’instance nationale supervisant les comités régionaux, « l’administration elle-même a reconnu que la cellule de veille du CROUS de Bordeaux était dysfonctionnelle, que les victimes présumées l’avaient saisie mais que leurs signalements n’avaient pas été traités, et que la position du directeur général, au sommet de la hiérarchie, avait bloqué toute remontée ».
Ce que confirme Sébastien Barthélémy, représentant Sgen-CFDT des personnels du CROUS :
« La présidente a reconnu une défaillance dans le sens que la plateforme de signalement rendait compte directement au CROUS de Bordeaux, c’est cette passerelle qui pose problème. Nous l’avions dénoncé à plusieurs reprises, et la présidente du Cnous l’a reconnu et le regrette. »
« Éviter de prendre l’ascenseur seule avec lui »
Dans des réponses adressées par mail à Rue89 Bordeaux, le Cnous affirme vouloir y remédier :
« Le positionnement des cellules VSS et la remontée des signalements en dehors de la chaine hiérarchique seront au cœur d’un plan dédié à ces sujets qui sera présenté d’ici la fin d’année ».
Un ex chef de service au Crous de Bordeaux, Melvin (le nom a été changé) témoigne à Rue89 Bordeaux ces « dysfonctionnements », dont il a fait état durant l’enquête administrative.

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