Annoncé par le Premier ministre le 25 avril dernier, le « Pacte de lutte contre les déserts médicaux » commence déjà à produire ses effets en Nouvelle-Aquitaine selon l’ARS Nouvelle Aquitaine. Atika Rida-Chafi, directrice adjointe de l’offre de soins, a tenu une conférence de presse ce vendredi 5 septembre pour présenter plus en détails la mise en œuvre du dispositif.
La région, particulièrement exposée au manque de praticiens, enregistre l’une des plus fortes mobilisations de France : 267 médecins libéraux se sont portés volontaires à ce jour pour assurer des consultations dans les territoires les plus vulnérables (dont 113 de la Gironde). Ce chiffre pourrait être revu à la hausse, les inscriptions étant ouvertes jusqu’au 15 septembre :
« Des médecins qui ne sont pas dans des zones rouge peuvent intervenir dans des zones rouges. Au 25 août, 202 médecins s’étaient portés volontaires. 65 autres les ont rejoints en une semaine. Les enquêtes ont été envoyées aux médecins généralistes inscrits et connus de l’assurance maladie, et non pas aux médecins salariés ou retraités qui constituent une réserve », ajoute Atika Rida-Chafi.
Une région particulièrement touchée
Selon la cartographie dévoilée par le gouvernement, la Nouvelle-Aquitaine est la région la plus concernée en volume de population. Plus de 404 000 habitants, soit 6,5 % de la population régionale, vivent dans des « zones rouges » à très faible densité médicale – un taux deux fois supérieur à la moyenne nationale (3,3 %).
« La Nouvelle Aquitaine représente 10% de la population française. La situation y est cependant très hétérogène, avec 9 départements sur 12 concernés par la faible densité médicale. La Charente-Maritime, la Gironde et les Pyrénées-Atlantique échappent au phénomène », précise directrice adjointe.
Concrètement, la mesure phare du pacte repose sur une « mission de solidarité territoriale » : des médecins volontaires viennent assurer des consultations avancées dans les zones sous-dotées, en complément de leur activité habituelle.
Ces médecins sont répartis sur 28 des 29 communautés de communes identifiées comme vulnérables. Les plus fortes dynamiques viennent des départements ne figurent pas en « zone rouge », ce qui témoigne, selon l’ARS, « d’un véritable esprit de solidarité professionnelle ».
« Nous sommes agréablement surpris par la réactivité des médecins libéraux. La profession a répondu présente à l’appel, preuve que l’accès aux soins est un sujet qui dépasse les clivages. »

Des lieux d’accueil déjà identifiés
Pour rendre ce dispositif opérationnel, il fallait trouver des lieux adaptés où ces consultations pourraient se dérouler. L’ARS, en lien avec les collectivités locales, a recensé à fin août 25 structures prêtes à accueillir les médecins : 14 maisons de santé, 3 centres de santé, 6 cabinets médicaux, un local d’établissement hospitalier et une Maison France Services.
« Chaque territoire vulnérable dispose désormais d’un point d’accueil identifié. Cela permettra de déployer les premières missions dès la mi-septembre », relève l’ARS. Et pour aboutir à ce déploiement rapide, l’agence régionale a mené une large concertation dès le mois de mai, en lien avec les préfets de région et de département.
Entre le 12 mai et le 6 juin, élus régionaux, départementaux, communautés de communes, associations de maires, conseils départementaux, parlementaires, CPTS, ordres professionnels, unions régionales de professionnels de santé, CPAM et MSA ont été consultés.
« Les territoires ont confirmé la pertinence du zonage proposé. La carte nationale reflète bien la réalité locale », souligne l’ARS.
Egalité d’accès aux soins
En Nouvelle-Aquitaine, où certaines zones rurales doivent attendre plusieurs mois pour un rendez-vous médical, ce pacte est perçu comme une bouffée d’air. Il ne remplace pas pour autant les mesures déjà en vigueur, mais vient compléter les aides à l’installation dans les zones d’intervention prioritaires (ZIP) ou d’action complémentaire (ZAC), qui seront réactualisées au cours de l’année 2025.
Un forfait de 200€ est proposé au médecin solidaire par l’Assurance Maladie, plafonné à deux jours par mois, comprenant son déplacement et autres frais inhérents. La consultation est facturée au prix en vigueur selon la situation du patient :
« A chaque médecin de voir ensuite s’il doit assurer un suivi avec le patient, souligne Atika Rida-Chafi. Ou le premier contact est le dernier, ou un suivi peut être fait en visio. »
Le Pacte de lutte contre les déserts médicaux a été soutenu par l’association Médecins Solidaires, « qui comporte une base d’environ 800 médecins venant de toute la France ». Elle a participé à déployer cette mesure et la faire connaître auprès des médecins libéraux. Si celle-ci rencontre un certain succès, elle présente cependant des déséquilibres. Par exemple, selon les chiffres de jour, 68 médecins se sont portés volontaires pour se rendre dans les Landes contre 7 pour la Creuse ou 6 pour la Corrèze.
« A noter que 82 médecins se sont déclarés volontaires en Nouvelle-Aquitaine mais n’ont pas
précisé de territoire d’intervention. Les affectations et les modalités d’organisation sont en cours », précise l’ARS.
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