Place des Quinconces, les manifestants arrivent doucement. Ils sont déjà plusieurs centaines à s’être regroupés devant le monument aux girondins, redécoré pour l’occasion à la craie.
« Je suis là parce que ça ne me paraît plus possible de tout demander au peuple et aux gens qui ont peu et de ne rien demander à ceux qui ont tout », explique Lisa* (* pseudonyme), retraitée de l’Éducation nationale.
De son côté, Marie*, étudiante en lettre à l’université Bordeaux Montaigne, considère qu’il est « très important de se rendre compte, surtout en étant jeune, des enjeux politiques ». « Il faut se déplacer, il faut bloquer, il faut être présent », affirme-t-elle.




Un important dispositif de sécurité est déployé à Bordeaux pour encadrer les mobilisations de la journée. Le préfet Étienne Guyot avait souligné ce mardi dans un communiqué « qu’aucune dégradation ni aucune violence ne sera tolérée ».
« Il a en ce sens donné des instructions fermes aux forces de sécurité intérieure pour que tout fauteur de trouble soit interpellé et mis à disposition de la Justice », écrit la préfecture.
Pour rappel, 80 000 gendarmes et policiers sont mobilisés par le ministère de l’intérieur. Les forces de sécurité de la Gironde ont été renforcées par des forces mobiles dans l’ensemble du département, sans que des chiffres précis ne soient fournis. Le Centre Opérationnel Départemental (COD) est activé en préfecture depuis 4h ce matin du 10 septembre.

Les actions se poursuivent dans l’agglomération bordelaise et dans le département selon le dernier bilan de la préfecture. Depuis 7h le rassemblement AG féministe réunit 80 personnes au niveau du rond-point cours Maréchal-Juin à Bordeaux sans impact sur la circulation.
À Langon, le rond-point d’Aquitaine est occupé depuis 5h30 par 90 personnes. À Fargues-Saint-Hilaire, le rond-point sur la RD936 est occupé par 50 personnes depuis 7h15. À Biganos, le rond-point sur la RD03 est occupé par 15 personnes depuis 7h20. Et à Libourne, le rond-point sur la RD670 est occupé par 8 personnes depuis 7h50.
« À ce stade, les actions menées en Gironde n’engendrent pas de coupure de circulation. Quelques ralentissements sont observés à l’approche des points de rassemblement. Les accès à la rocade sont libres. Aucun autre rassemblement n’est signalé, ni aucun violence ou trouble à l’ordre public n’est à déplorer », conclut le communiqué.

Découvrez le parcours complet de la manifestation à Bordeaux et quelques informations sur les perturbations attendues dans les transports en commun.
Agriculteurs et militants tiennent un barrage filtrant entre Fargues et Tresses

Des militant.es de la Confédération paysanne ont apporté des bottes de foin pour créer un barrage filtrant sur la route entre Fargues et Tresses, axe très fréquenté le matin pour se rendre dans l’agglo bordelaise. Sur ce rond-point sur la D936, les agriculteurs ont rejoint plusieurs dizaines de personnes qui avaient précédemment participé à des opérations dans la métropole, dont la tentative de blocage du dépôt de tram, levée par les forces de l’ordre.
« On est ici pour parler de nos luttes de nos souffrances, de démocratie surtout… », explique un jeune fermier, adhérent de la Confédération paysanne, qui voit dans l’action directe le seul et dernier recours « quand les urnes et les pétitions ne marchent pas » :
« Les dernières élections ont été complètement ignorées, deux gouvernements sont tombés. Les gens ne sont pas d’accord, ils l’ont dit massivement en signant la pétition contre la loi Duplomb, qui a pourtant été promulguée, avec une seule mesure qui est tombée… On a plus envie d’élire mais de choisir nous même les décisions qui vont être prises et on peut se rassembler autour de ça. »
« Super content » de la mobilisation et de l’accueil fait par les automobilistes pour ce premier jour d’action, le jeune homme met en avant les revendications communes du mouvement : « une agriculture paysanne donnant droit de vivre décemment sans détruire la nature », ou encore « réarmer la sécurité sociale plutôt que réarmer le pays ».

Un autre syndicaliste, chez Sud pour sa part, dit lui être « là pour le goût du service public ».
« On est pas là pour s’enrichir mais plutôt pour offrir du service – hospitalier, éducation, fonction publique territoriale dont je fais partie depuis 25 ans… On est la richesse de ceux qui n’en ont pas. Face à la politique qui est à l’œuvre dans ce pays depuis de trop nombreuses années, on essaie d’utiliser des recours qui soit à la fois du droit syndical, du dialogue social. Voyant que ces choses là ne marchaient plus, on en est à chercher d’autres solutions plus contraignantes. Ici, on a décidé de retrouver la Confédération paysanne pour une action visible, et communiquer avec des tracts. »
« Comme les Gilets jaunes, en mieux préparé »
« J’ai l’impression que ça part sur un truc un peu comme les Gilets jaunes mais en mieux préparé, j’ai plus espoir que ça parte dans une meilleur direction », estime un syndicaliste de la CGT.
« Entre la loi travail, les retraites, les Gilets jaunes, on n’a pas arrêté de manger, et ça va de pire en pire, estime-t-il. Aujourd’hui il y a le déni démocratique total depuis les dernières élections, c’est encore plus fou. On prend des trucs antisociaux dans la gueule un mois sur deux, que ce soit contre les étudiants, contre les chômeurs, contre les travailleuses, alors que, genre, taxer 2% les riches, ça semble un truc incroyable. On en a plus que jamais marre et on essaye une nouvelle fois de se mobiliser pour voir si cette fois-ci, avec un peu de chance, il y aura un peu plus de gens qui en auront marre. »
Pour ce militant, la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre en remplacement de François Bayrou est « un ultime crachat à la gueule » :
« Depuis les dernières élections, ils foutent au pouvoir les Républicains qui ont fini 4e aux dernières élections. Lecornu est un ancien LR devenu macroniste et qui a été complètement désavoué comme ministre des armées. On va peut-être garder les mêmes, les Retailleau, Darmanin et compagnie qui nous prévoient un dispositif de 80000 policiers aujourd’hui. »
L’AG féministe occupe un rond-point dans le centre de Bordeaux

Cours du Maréchal-Juin à Bordeaux, une centaine de militantes et militants de l’AG féministe occupe depuis 7h ce matin le rond-point devant le Conseil départemental de la Gironde, sans tenter de bloquer la circulation.
Sous l’œil d’une dizaine de CRS, l’ambiance est bon enfant, de la musique résonne et des tracts sont distribués au automobilistes qui manifestent pour certains leur soutien avec des coups de klaxons.
« Pour nous le 10 septembre ça correspond à ce pourquoi on se mobilise depuis qu’on existe, c’est-à-dire des revendications économiques, la lutte contre les plans d’austérité qui nous sont imposés et qui concerne les femmes, les minorités de genres, les travailleurs en règles générales », témoigne Chloé, membre de l’AG.
Celle-ci prévoit de rester une bonne partie de la matinée sur le rond-point avant de se diriger ensuite vers les Quinconces à 11h pour la manifestation.
Premiers blocages à Bordeaux et à Langon
Dès l’aube, aux alentours de 4 heures du matin, une cinquantaine de militants se sont retrouvés à la Maison du syndicat dans le secteur de Bassens. Après une rapide AG, un convoi s’est élancé jusqu’à l’avenue Thiers, près du dépôt de tramway.
Les manifestants ont bloqué les voies de tram avec des poubelles. La police nationale n’a pas tardé à intervenir sur ce premier blocage. Sans échauffourées ni contrôles d’identité, les militants ont été invités à se disperser l’occupation due rond-point d’Aquitaine à Langon par 60 personnes avec déploiement de banderoles sans coupure de la circulation.
Dans la métropole, les militants ont ensuite convergé vers un rond point situé sur la D936 entre Fargues Saint-Hilaire et Tresses. À partir de 7h du matin, ils étaient environ 80 à tracter et interpeller les automobilistes. Certains d’entre eux ont affiché leur soutien au mouvement à grands coups de klaxon. A 9h00, aucun incident n’était à déplorer.
Bonjour
Bienvenue dans le direct de Rue89 Bordeaux consacré aux mobilisations de ce mercredi 10 septembre. Depuis 4h ce matin, nos journalistes sont sur le terrain pour vous rendre compte de la situation à Bordeaux et dans ses environs.
Chargement des commentaires…