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[Fil d’infos] La mobilisation du 18 septembre à Bordeaux contre l’austérité budgétaire

Ce jeudi 18 septembre, Bordeaux vit une nouvelle journée de mobilisation. Partout en France, les syndicats ont appelé à mettre la pression sur l’exécutif pour dénoncer l’austérité budgétaire. Suivez notre direct.

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[Fil d’infos] La mobilisation du 18 septembre à Bordeaux contre l’austérité budgétaire
Fabrication de pancartes à Darwin

« Une révolution mondiale »

Une révolution mondiale peut partir de la France estime Armand Photo : SC/Rue89 Bordeaux

Plombier d’une cinquantaine d’années, Armand était dès l’aube sur le rond-point de Fargues. Rencontré à Darwin, il témoigne :

« On est arrivés à 7 h avec nos pancartes et nos tracts. On filtrait la circulation, et entre 70 et 80 % des automobilistes nous soutenaient. Certains klaxonnaient, d’autres s’arrêtaient pour discuter ou même contribuer à la caisse de lutte. »

Armand se dit attaché à la « convergence des luttes », préférant pour l’instant rassembler largement plutôt que de radicaliser les actions : « On verra plus tard si le mouvement dure. » Sa vision est cependant bien plus large :

« J’espère une révolution mondiale. Je suis convaincu que si ça doit partir de quelque part, ce sera de France. […] On a un historique de la grève, de la lutte prolétarienne. On a gagné nos congés payés comme ça. C’est un pays qui a fait la révolution ; un des premiers pays qui a fait tomber sa monarchie. »

« Articuler grève et actions »

Durant l’assemblée générale en amont de la manifestation, de nombreuses personnes ont partagé leurs préoccupations face aux réformes et à la précarité.

« On a une grande chance : nous subissons des attaques radicales, et nous sommes nombreux à les subir. Ça nous permet de faire converger les luttes « , a souligné Nadia, de la CGT Éduc’action. « Il faut s’activer pour présenter une stratégie de lutte aux personnes qu’on veut mobiliser et sortir de l’entre-soi », ajoute-t-elle.

Claude, retraitée, militante de longue date, a rappelé que « l’action de l’État fait tout pour les grandes entreprises capitalistes » et a appelé à « penser le mouvement dans une perspective d’émancipation ».

Sur le terrain, la colère sociale se traduit par des conditions de travail dégradées. Corinne, AESH à Bruges, déplore « des contrats précaires à temps partiel, 1000 euros par mois et de plus en plus d’enfants à gérer ».

Pour François, retraité, « articuler grève et actions » et rapprocher « salariés et jeunes » pourrait donner au mouvement l’élan nécessaire pour durer.

« Bernard Arnault, on est là »

A Saint-Vincent-de-Paul, devant l’usine Hermès, une action symbolique ce matin pour dire au propriétaire de la maroquinerie, « Bernard Arnault, on est là ».

A Darwin, atelier de pancartes

À Darwin, une quinzaine de militants préparent les pancartes et banderoles pour la manifestation de cet après-midi. Si un libre choix est donné pour les pancartes individuelles, la banderole principale nécessite, quand à elle, un consensus général ! Les participants, dont certains étaient présents aux actions de blocage de ronds-points ce matin, conversent sur les suites de la mobilisation.

ATSEM de Lormont : « On sort du silence »

Une assemblée générale au cinéma L’Utopia Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Un assemblée générale syndicale se tient actuellement au cinéma l’Utopia à Bordeaux. Une agente territoriale spécialisée des écoles maternelles (ATSEM) de Lormont témoigne :

« On a assisté à la manifestation du 10, ce qui nous a permis de nous faire entendre. On a eu un énorme soutien de la part des participants et on a mis en place une caisse de grève. Aujourd’hui on est là pour demander un soutien financier pour nous permettre de continuer notre combat. C’est la première fois qu’on sort du silence et aujourd’hui on veut dénoncer nos conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. On veut montrer qu’on est là, unis et en force. »

« Un mouvement qui échappe aux logiques partisanes ou syndicales »

Pablo veut « donner de la force à ceux qui luttent » Photo : SC/Rue89 Bordeaux

Pablo, jeune graphiste, participe à la mobilisation de ce 18 septembre et s’est rendu ce matin à Darwin pour un « atelier » de confection de pancartes et banderoles pour la manifestation du jour. « Un peu dégoûté » par l’expérience électorale, il veut saisir la possibilité d’agir collectivement en dehors des structures traditionnelles.

« J’avais envie de faire quelque chose, inspiré des luttes qu’on a déjà vues, comme les Gilets jaunes. Là, on s’organise petit à petit : on a des groupes pour partager les infos, une section communication… C’est tout récent, mais il y a de plus en plus de gens déterminés. »

Le mouvement attire de nouvelles personnes. « Je dirais que c’est 50/50 : des gens pour qui c’est la première manif, ou d’autres qui n’avaient pas manifesté depuis longtemps, ainsi que des militants venus d’autres luttes. »

Pour Pablo, la force du mouvement tient au fait qu’il échappe aux logiques partisanes ou syndicales. Certaines revendications commencent à émerger : le RIC, la fin du 49-3, « la fin de la monarchie présidentielle »… Il reste attaché aux modes d’action concrets comme les blocages de ronds-points où « tu peux parler aux gens ». Et surtout, il met en avant le lien avec le monde du travail.

« Par exemple, il y a les ATSEM qui font grève à Lormont depuis le 1er septembre. On a un groupe qui va les rejoindre pour manifester avec elles. C’est un des trucs les plus importants pour moi : donner de la force à ceux qui luttent. »

Blocage au lycée François-Mauriac à Bordeaux : « L’idée, c’est de montrer que les lycéens aussi peuvent se soulever »

Blocage du lycée François-Mauriac à Bordeaux Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Le lycée François-Mauriac est bloqué depuis 7h ce jeudi matin et, d’après les lycéens, ils sont 200 à l’extérieur du bâtiment, notamment des enseignants en grève.

Timothée et Angela, deux élèves mobilisés, disent avoir « ramené des barricades, des poubelles, tout plein de choses », pour assurer le blocage. Les raisons de leur colère sont multiples.

« Il faut arrêter les coupes budgétaires dans le service public : de moins en moins de professeurs, de remplaçants, de manuels. Moi par exemple, il me manque mon manuel de géo. Et puis surtout, arrêter d’être 35 par classe. Ce n’est pas vivable, ce n’est pas un bon endroit pour apprendre correctement. Autour de 25, ce serait déjà bien mieux. »

Il ajoute : « L’école privée, par exemple, on investit dedans alors qu’elle n’a pas lieu d’être selon moi. Ça, c’est un avis personnel, pas forcément partagé par tout le monde. »

La mobilisation a pris de l’ampleur au fil des semaines.

« La semaine dernière [le 10 septembre, NDLR], on n’a pas pu se mobiliser car on s’y est pris trop tard. Là, c’est beaucoup mieux organisé. On sait de qui ça part, d’où ça vient. L’idée, c’est de montrer que les lycéens aussi peuvent se soulever. »

Plus de 200 élèves sont rassemblés devant le bâtiment Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Les élèves cherchent à étendre le mouvement.

« On a fait une inter-lycée mardi, pour discuter de ce qu’on fait dans nos établissements et comment on s’organise, poursuit-il. On va essayer de mobiliser aussi via un compte collectif inter-lycées, et on se rendra à la manif avec les autres comités. […] Cette fois-ci, le pain ne nous calmera pas. Ce n’est pas en nous donnant un peu de pain et quelques miettes d’argent par-ci par-là qu’on se calmera. Tant qu’il faudra lutter, on luttera. »

Devant le bâtiement, d’autres revendications se greffent, visibles notamment à travers les drapeaux palestiniens brandis par certains élèves. Tous promettent de se mettre en route à 13h pour rejoindre la manifestation place de la Bourse.

Des conditions de travail « intenables » au lycée Camille-Jullian

Les enseignants du lycée Camille-Jullian réclament des « moyens pour enseigner » Photo : MB/Rue89 Bordeaux

Patrick Galiana, professeur de sciences économiques et sociales et de sciences politiques au lycée Camille-Jullian à Bordeaux, fait partie des enseignants mobilisés ce jeudi.

« On a une rentrée difficile cette année, puisqu’on a beaucoup de groupes d’élèves au-delà de 35 élèves, explique-t-il. C’est ce qu’on appelle en éducation nationale les effectifs pléthoriques. Concrètement, j’ai par exemple un groupe à 41 élèves. »

Des conditions qui deviennent « intenables », selon l’enseignant.

« J’ai 36 à 40 élèves pour mes cours. Je n’ai quasiment pas de dédoublement dans ma matière. Pour travailler, il faut être en petits groupes et c’est difficile à organiser. Aider les élèves les plus en difficulté, ça devient impossible. Et puis, en termes de charge de travail, avec 260 élèves cette année, le temps de correction est colossal. On sacrifie nos jours de repos pour faire notre travail, entre guillemets, normalement », renchérit Patrick Galiana.

Devant le Lidl à Saint-Loubès

Tôt ce matin, les premières opérations de tractage ont démarré. Du côté du Lidl de Saint-Loubès, une vingtaine de syndicalistes ont été rejoint par Monica Casanova, élue lormontaise et membre du NPA.
« Avec des membres de la CGT, de FO transport et de l’AG de lutte, on est allé à la rencontre des salariés des alentours pour les appeler à faire grève et à se joindre à ce mouvement », explique l’élue.

Le parcours de la manifestation

Ce 18 septembre, une manifestation partira à 14 h de la place de la Bourse, en suivant un parcours très remanié par rapport à celui du 10 septembre.

Le cortège s’élancera de la place de la Bourse, longera le quai du Maréchal Lyautey-avant de remonter par la rue Esprit-des-Lois. Il traversera ensuite les allées et la place Tourny pour poursuivre sur le cours Georges-Clemenceau jusqu’à la place Gambetta.

De là, il descendra par la rue du Dr-Charles-Nancel-Pénard vers le cours d’Albret, puis le cours Aristide-Briand pour rejoindre la place de la Victoire. L’itinéraire se prolongera par le cours Pasteur et le cours Victor-Hugo jusqu’à la place Bir-Hakeim, avant de longer le quai Richelieu et de revenir à son point de départ, place de la Bourse.

Le parcours de la manifestation du 18 septembre Photo : Rue89 Bordeaux

Bonjour

Bienvenue dans le direct de Rue89 Bordeaux consacré aux mobilisations de ce jeudi 18 septembre. Depuis 7h ce matin, nos journalistes sont sur le terrain pour vous rendre compte de la situation à Bordeaux et dans ses environs.


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