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Le Musée national des douanes de Bordeaux ouvre ses frontières

Amélie de Montchalin, la ministre chargée des Comptes publics, qui a autorité sur la Douane française, a inauguré jeudi 4 septembre le musée national des Douanes à Bordeaux. Après deux ans de fermeture pour travaux, ce dernier présente une nouvelle scénographie, qui se veut plus pédagogique et familiale.

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Le Musée national des douanes de Bordeaux ouvre ses frontières
Les douanes, Amélie de Montchalin ne s’en balance pas encore

« Un lieu étroitement lié au développement économique de la ville de Bordeaux et de son commerce » : ainsi Amélie de Montchalin a-t-elle salué le musée national des douanes, restauré et doté d’une nouvelle scénographie, réalisée par l’architecte bordelaise Isabelle Fourcade. La ministre des comptes publics est venue inaugurer les lieux ce jeudi 4 septembre.

L’ancien hôtel des fermes du Roi, transformé en musée en 1984, mais qui héberge toujours dans ses étages la direction interrégionale des douanes, avait été fermé deux ans pour les travaux, un investissement de 600 000€. Depuis sa réouverture au public, en mai dernier, il a accueilli 10 000 visiteurs. La seule vue de sa grande halle aux arcades voûtées vaut, il est vrai, le détour.

Commerce triangulaire

C’est par ici que transitaient et étaient enregistrées et taxées tous les produits non périssables arrivant au port de Bordeaux, alors le premier de France. Dans l’entrée, une maquette et une projection d’illustrations d’époque permettent de visualiser l’ambiance de ruche qui devait y régner, du débarquement des ballots de marchandise à la pesée sur la balance monumentale, une des pièces phares de ce musée, qui en présente 600.

Un parcours chronologique permet de remonter le fil des douanes, depuis la gabelle – la taxe sur le sel, denrée cruciale pendant des millénaires pour la conservation des aliments –, jusqu’à la fin des contrôles aux frontières de l’Union européenne, en passant par le commerce triangulaire, qui a contribué à la fortune de Bordeaux. Si les esclaves ne transitaient pas par le port de la Lune, ils sont répertoriés dans un tableau de la balance du commerce de la France, qui a particulièrement attiré l’œil de la ministre.

Le lion et Messi

Le musée propose quelques instructifs zooms thématiques, la lutte contre les trafics d’animaux, avec quelques pièces saisies par la douane, dont un tatou naturalisé et un œuf fossilisé d’Aepyornis Maximus, ou oiseau-éléphant. Ce plus gros oiseau du monde (3 mètres) a été exterminé au XVIe siècle lors de l’arrivée des hommes à Madagascar.

« L’objectif était de donner un second souffle au musée, et de dynamiser le parcours sur l’histoire de la douane, en adaptant le discours aux collections, explique la conservatrice du musée, Aurélie Guichemerre. Le lion naturalisé, qui n’attire pas que les enfants, permet d’introduire le discours sur la protection des espèces. »

Le jeune lion naturalisé saisi en 1999 à l’aéroport de Roissy, un des rois de la collection Photo : SB/Rue89 Bordeaux

Depuis la Convention de Washington, ratifiée par la France en 1978, il est en effet interdit de faire commerce d’animaux et de plantes protégés, qu’ils soient vivants ou naturalisés. Les mouvements de bien culturels sont eux aussi très contrôlés.

Éclairée par un gyrophare, une vitrine remplie d’objets – dont un maillot de Léo Messi, un Château Petrus ou des flacons de parfums – alerte quant à elle sur les enjeux de la contrefaçon. Ces copies peuvent présenter un danger pour les consommateurs (smartphones risquant de prendre feu, jouets contenant des produits toxiques…) et sont autant dans le viseur des douanes que le narcotrafic.

La penthière de Dali

Quelques œuvres remarquables donnent à voir la réalité de ce travail de surveillance des frontières à travers les âges : la Cabane des douaniers, une toile de Claude Monet peinte en 1882 sur les falaises près de Dieppe – qui avait trouvé une place dans l’exposition « 150 ans de l’impressionnisme » sur les murs du musée des Beaux-Arts –, permet d’imaginer un fonctionnaire guettant d’éventuels contrebandiers. Des cartes de penthière, de visualiser ces secteurs où patrouillaient les brigades, même celle sur laquelle Salvador Dali a dessiné un Trajan traversant les Pyrénées.

La Cabane des douaniers de Claude Monet exposée en 2024 au Musée des Beaux-Arts Photo : WS/Rue89 Bordeaux

La collection présente l’évolution des uniformes et des techniques des agents des douanes – 35 000 sous Napoléon, 16 000 aujourd’hui –, dont le métier a bien changé depuis le XVIIIe siècle, rappelle Aurélie Guichemerre :

« Il fallait un mois pour fouiller un navire chargé de café, de cacao ou d’ivoire. Aujourd’hui dix minutes suffisent pour scanner tout un chargement de camion ! »

Car le commerce a lui-même changé de nature, à l’image du tsunami des petits colis commandés sur les sites chinois de Shein ou Temu, et qui « constituent une menace pour la vitalité des boutiques de centre-ville », selon la ministre Montchalin.


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