C’est dans l’ambiance feutrée du salon des entrepreneurs, au cœur de la halle Héméra, que Philippe Dessertine a choisi de réunir la presse ce mercredi matin. Si le bruit courait déjà depuis un bon moment, l’économiste prend le parti de l’annoncer de vive voix : il sera candidat à la Mairie de Bordeaux.
« Depuis plusieurs années, je me dis que je veux proposer quelque chose à cette ville. Nous sommes à un moment clé de l’Histoire et je veux vraiment porter une approche optimiste, une logique optimiste raisonnée avec un projet qui nous permette de changer la vie des gens au quotidien. »
Arrivé à Bordeaux à l’adolescence, Philippe Dessertine est aujourd’hui un visage connu du milieu économique. Spécialiste des marchés financiers, il fut membre du Haut Conseil des finances publiques de 2013 à 2018 et intervient encore aujourd’hui régulièrement dans les médias en tant qu’expert. Bien qu’enseignant à l’IAE de Paris ainsi qu’à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, il réside encore à ce jour à Bordeaux.
Un citoyen très orthodoxe
Il fonde toute sa légitimité sur un argument particulier : son appartenance à la société civile. « Je ne suis pas un professionnel de la politique et je crois que, dans la période qui est la nôtre, c’est quelque chose de particulièrement important », affirme-t-il.
Considérant que ces derniers, à l’image de Pierre Hurmic, sont aujourd’hui « dans une impasse », hors de question d’évoquer une descente dans l’arène politique. Encore moins de le ranger dans une case. Gauche ou droite ? « Je ne me place pas, je ne suis issu d’aucun parti ».
S’il récuse toute couleur politique, l’économiste bordelais défend sur tous les plateaux une orthodoxie libérale, avec une vision stricte de la gestion de l’argent public, ce qui le classe clairement à droite de l’échiquier. Il insiste sur la nécessité de contrôler la dette, et, pour cela, défendait en juillet l’idée de supprimer des jours fériés, et préconise de travailler davantage – opposition à tout retour en arrière sur la réforme des retaites, critique des 35 heures…
Décidé à faire cavalier seul
Localement, Philippe Dessertine préfère prendre ses distances avec le mundillo politique bordelais, déjà tiraillé par la multiplication des candidatures au centre et à droite, malgré les appels à l’union tel que celui lancé encore la semaine passée par Nathalie Delattre. En avril dernier, a ministre démissionnaire du tourisme avait même associé Philippe Dessertine à une alliance, alors que l’économiste n’était pas encore candidat déclaré.
Une initiative que l’économiste balaye officiellement d’un revers de main : « Le seul sondage qui m’intéresse c’est celui du 15 mars », martèle-t-il, rejetant par la même occasion toute idée de négociations au second tour. Il se dit convaincu d’être le seul à présenter un véritable projet dont il ne souhaite néanmoins pas dévoiler les premières mesures.
Au diapason des candidats de la droite, il évoque néanmoins succinctement les mêmes sujets, à savoir la sécurité, souhaitant faire de Bordeaux « la ville la plus sûre », la propreté, le logement, la mobilité.
Mais au delà de ces « problèmes du quotidien des gens », il s’avance sur un terrain qu’il connait bien : celui de l’économie. L’auteur de plusieurs ouvrages d’analyses économiques et politiques (dont le dernier en date L’Horizon des possibles aux éditions Robert Laffont) affirme être conscient de « ce qui ne va pas » et porter, selon lui, des « solutions que l’on peut envisager ».
Affronter l’hiver des finances publiques
« Nous allons être confrontés de plus en plus à une crise économique, peut-être Bordeaux plus qu’ailleurs parce que la Gironde subit déjà une crise du vin, avertit le candidat. Ensuite, comme les autres villes de France, Bordeaux va rentrer dans l’hiver des finances publiques et nous allons avoir des conséquences sur la manière dont les finances publiques vont devoir se contracter. »
Raison pour laquelle il se dit notamment hostile au projet de métro, mais aussi à la LGV Bordeaux-Toulouse. Le candidat ambitionne d’ouvrir une « nouvelle prospérité » économique et table sur un changement de modèle. Il évoque le fait de se tourner radicalement du côté du privé pour ouvrir par exemple de nouvelles places en crèche ou redresser les comptes de l’équipe des Girondins.
Pour mener à bien son projet, Philippe Dessertine travaille avec ses équipes à l’élaboration de sa liste dont, à l’image de son programme, il ne souhaite pas révéler les premiers noms. On ne devrait pas pour autant y voir apparaître celui de sa femme, Laurence Dessertine, ex adjointe au maire d’Alain Juppé, actuellement élue départementale sans étiquette.
Dans l’objectif de se faire mieux connaître des Bordelais, le candidat inaugurera prochainement une permanence sur le cours Alsace-Lorraine.
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