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« Avignon, une école » au TNBA, un zapping vivant de l’histoire du mythique festival

Dans la dernière création de Fanny de Chaillé, quatorze jeunes comédiens font défiler plus de soixante-dix ans de l’histoire du festival fondé par Jean Vilar. La pièce propose plusieurs niveaux de lectures : pointue, satire, ou encore engagée.

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« Avignon, une école » au TNBA, un zapping vivant de l’histoire du mythique festival
« Avignon, une école », la dernière création de Fanny de Chaillé

Avignon, une école est une création de Fanny de Chaillé présentée pour la première fois au plus grand festival de théâtre français en 2024. Quelques semaines plus tard, la metteuse en scène débarquait à la tête du Théâtre national Bordeaux Aquitaine et proposait au public bordelais deux de ses œuvres Le Chœur et Une autre histoire du théâtre. Mais pas celle-ci.

C’est chose faite pour cette ouverture de la saison 2025-2026. Avignon, une école est sur les planches de la salle Vitez jusqu’au 4 octobre. La pièce est du pur de Chaillé : une succession de tableaux menée par un groupe de jeunes comédiens et comédiennes, un décor qui tient à quelques accessoires, une narration survoltée accompagnée de déplacements millimétrés quasi chorégraphiques.

Le sujet ? L’histoire du festival d’Avignon et de (pas tout à fait) ses 77 éditions, à travers la lecture des archives faite par 14 actrices et acteurs issus d’une promo de La Manufacture – Haute École des Arts de la Scène de Lausanne.

Outre les scènes références, voire mythiques, qu’il faut retrouver parmi les chefs d’œuvres dont certains ont animé la cour du Palais des Papes, le bruit de fond des cigales ou des hirondelles sont d’autres indices. Ils nous conduisent aux cloîtres des Célestins (et ses deux platanes) ou des Carmes, ou encore à la Carrière de Boulbon.

Jusqu’au déshonneur

Le spectacle propose au public deux entrées : soit vous êtes fin connaisseur des soirées avignonnaises de sorte que chaque tableau vous donnera un sourire nostalgique et ravivera les vieux souvenirs de Jean Vilar, Jeanne Moreau ou encore Maria Casarès ; soi vous êtes néophyte et suffisamment curieux au point de vouloir comprendre à quoi font référence ses imitations, parfois subtiles – Bob Wilson avec Einstein on the Beach (1976) –, parfois radicales – Living Theatre avec Paradise now (1968) –, et parfois caricaturaux – Isabelle Huppert dans Médée (2000).

Si vous n’êtes ni l’un ni l’autre, vous piocherez dans les quelques messages universels : les yeux d’une grand-mère qui trouve chez son petits-fils une ressemblance avec le beau Gérard Philippe, une satire de la presse avec un remake bien troussé du Masque et la plume (sans doute), les états d’âme sinon le trac de jeunes acteurs, la révolte – toujours d’actualité – des intermittents du spectacle empêchant la tenue de l’édition de 2003 face à la réforme de l’assurance chômage du gouvernement Raffarin (et du Medef) durcissannt les conditions de leurs indemnisations.

Ce zapping vivant nous conduit jusqu’au scandale provoqué par la pièce Carte noir nommé désir de Rébecca Chaillon en juillet 2023. Plusieurs spectateurs avaient alors agressé verbalement, voire physiquement, les comédiennes noires sur scène ou dans la ville, jugeant certaines scènes « anti-blancs ». « On est chez nous » a même résonné là où Jean Vilar voulait « la culture pour tous ». « Au théâtre, il y a trois “honneurs” : l’auteur, l’acteur… et le public », disait le fondateur du festival. Ce jour-là, ce dernier fut un déshonneur.


#Culture

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