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« Coup sur coup » : une Bordelaise secoue le milieu du rugby sur la sécurité dans les clubs amateurs

Ancienne joueuse des Lionnes du Stade Bordelais, Lucie Ducos-Taulou signe « Coup sur coup », un documentaire percutant sur les commotions cérébrales dans le rugby amateur. En 38 minutes, la jeune journaliste plonge au cœur d’un sujet tabou dans les clubs, entre passion du jeu et déni des risques.

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« Coup sur coup » : une Bordelaise secoue le milieu du rugby sur la sécurité dans les clubs amateurs
Capture écran du film diffusé sur le site de L’Équipe

Ayant subi quatre commotions non déclarées, Lucie Ducos-Taulou a brisé le silence pour parler de ce sujet qui lui tient à coeur. Dans un documentaire de 38 minutes, cette ancienne du Stade Bordelais est allée à la rencontre de joueurs et joueuses pour qui la passion du rugby a parfois abouti à un drame : des commotions a répétition qui ont causé des douleurs chroniques, perte de mémoire, ou arrêt brutal de carrière.

Pour elle, le vrai défi est culturel : dans ce milieu, les commotions sont souvent sous-estimées et banalisées.

« Il y a en quelques sorte un déni collectif. C’est dans les têtes, car on en entend parler dans le rugby professionnel mais c’est de l’ordre de la fiction pour les amateurs », confie la réalisatrice à Rue89 Bordeaux.

Le reportage met en lumière un monde amateur encore démuni face aux protocoles de retour au jeu, souvent absents ou improvisés. Alors que 360 000 joueurs sont concernés.

Des mentalités à faire évoluer

Pendant le tournage, Lucie Ducos-Taulou a été confrontée à des attitudes et propos inquiétants, révélant une faible prise de conscience d’un danger qui peut devenir irréparable. Le milieu du rugby est peu informé des risques encourus. « Ce qu’on entendait parfois au bord des terrains, c’était lunaire », ajoute-t-elle.

Le documentaire donne la parole à de jeunes joueurs peu sensibilisés sur cette question et qui affirment que, même en cas de suspicion de commotion, ils préfèrent continuer à jouer plutôt que de laisser tomber leurs coéquipiers. La prévention est ce que la journaliste cherche à faire évoluer à travers son reportage.

« Quand le documentaire est sorti, Thomas Sevilla [son ancien entraîneur] m’a appelé et m’a dit qu’il avait compris certaines choses et qu’il ferait encore plus attention. C’est une petite victoire personnelle. »

Cette prise de conscience est l’effet escompté : que chaque entraîneur, joueur ou club adopte la même vigilance et accorde la priorité à la santé des joueurs, avant la performance sur le terrain.

Sur le site de l’Équipe

Visible sur le site de L’Équipe, Lucie Ducos-Taulou veut diffuser son film « dans des endroits où ça aura un vrai impact ». Elle reçoit un grand nombre de messages de clubs, mais aussi « de personnes ayant vécu des situations similaires », pour que l’alerte soit donnée jusqu’aux écoles de rugby.

Le documentaire ne se contente pas de compiler témoignages et informations scientifiques. Sa force de conviction est dans le large panel des clubs amateurs approchés, de joueurs et joueuses de toutes catégories, et un passage à Marcoussis au sein de l’équipe de France de moins de 20 ans où une expérience innovante pour anticiper les effets d’une commotion est en cours.

Déterminée à faire bouger les lignes, Lucie Ducos-Taulou n’a pas hésité à interpeller une réunion d’arbitres, sensibilisant directement ceux qui prennent les décisions sur le terrain. Coup sur coup s’impose comme un documentaire crédible et percutant, mais n’entend pas dénoncer le rugby. Sa réalisatrice continue d’ailleurs à pratiquer ce sport et le défend avec une approche préventive axée sur la sécurité sur le terrain.


#Rugby

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