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50 personnes sans chez-soi sont mortes en Nouvelle-Aquitaine en 2024, dont près de la moitié à Bordeaux

Le 13ᵉ rapport annuel du collectif Les Morts de la Rue vient d’être publié. L’augmentation du nombre de décès dans la rue en France se poursuit, touchant des personnes de plus en plus jeunes. En Nouvelle-Aquitaine, une baisse légère est enregistrée avec 50 en 2024 contre 56 en 2023. A Bordeaux, la situation est plus grave.

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50 personnes sans chez-soi sont mortes en Nouvelle-Aquitaine en 2024, dont près de la moitié à Bordeaux
Plus de 90 % des décès de sans-abri surviennent en ville

En 2024, 912 personnes sans chez-soi – vivant dans la rue ou hébergées – ont été recensées mortes en France contre 735 personnes en 2023, selon le 13ᵉ rapport annuel du collectif Les Morts de la Rue. Si l’on inclut celles qui ont vécu dans la rue et trouvé un logement dans l’année, celui-ci en dénombre 1022 (826 personnes en 2023). Des hausses significatives, alors que 614 morts sont comptabilisés au 30 octobre en 2025.

Avec un âge moyen de 47,7 ans au décès, soit 32 ans de moins que la population générale, ces morts prématurées forment un véritable scandale sanitaire et social.

« L’augmentation continue du nombre de décès recensés, qu’elle traduise une hausse réelle ou une meilleure détection, interpelle sur l’efficacité et la volonté des politiques publiques », souligne le document.

En Gironde, 26 personnes sans chez-soi sont mortes en 2024 (24 en 2023), dont 22 à Bordeaux (15 en 2023). En Nouvelle-Aquitaine, la région la plus vaste de l’Hexagone, le rapport recense 50 décès en 2024 (56 en 2023).

Des morts concentrées en ville

Comme ailleurs, la mortalité frappe d’abord les zones urbaines : plus de 90 % des décès surviennent en ville, une proportion stable depuis 2012. Cette concentration s’explique par la densité de population, la présence accrue des dispositifs d’hébergement et un réseau de signalement plus développé.

L’Île-de-France concentre 338 décès, soit 37 % du total national, en raison de la pauvreté urbaine, des tensions sur le logement et d’un meilleur maillage associatif. Les Hauts-de-France suivent avec 163 décès, un chiffre doublé en un an, notamment à cause des drames survenus lors des tentatives de traversée de la Manche. L’Auvergne-Rhône-Alpes (63 morts), l’Occitanie (57) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (52) complètent la liste des régions les plus touchées.

Les personnes décédées sont majoritairement des hommes (82 %), même si la part des femmes progresse. Quatre sur dix vivaient dans la rue, 27 % sortaient d’une institution (souvent un hôpital ou une prison) et 12 % occupaient un habitat précaire. Leurs trajectoires sont marquées par les addictions (25 %), les ruptures familiales ou migratoires, et la durée de l’errance : 71 % vivaient sans chez-soi depuis plus de cinq ans.

Des morts souvent invisibles

Ces chiffres révèlent les failles structurelles du système : offre d’hébergement insuffisante, parcours de soins fragmentés, accompagnement global quasi inexistant. Les vulnérabilités identifiées – exposition aux violences, ruptures de soins, isolement social – « appellent des réponses adaptées qui tardent à se concrétiser ».

Les causes de décès restent inconnues dans 40 % des cas, mais 17 % sont des morts violentes (agressions, suicides, noyades, accidents). S’y ajoutent les expositions au froid, aux incendies et aux fortes chaleurs.

Le collectif Les Morts de la Rue s’appuie sur un réseau de signalement en expansion : 36 % des cas remontent via des partenaires institutionnels, 30 % par des associations et 24 % grâce à la presse. Malgré ces efforts, le recensement reste incomplet et inégalement réparti : certaines zones rurales et ultramarines (La Réunion, Martinique, Guadeloupe…) demeurent très peu couvertes, tandis que les populations les plus invisibles – personnes sans papiers, mineurs isolés – échappent encore largement au suivi.

En milieu rural, les décès sont moins nombreux mais présentent des particularités : âge médian plus élevé (55 ans contre 50 en ville), troubles mentaux légèrement plus fréquents et isolement accru. L’accès aux soins et à l’hébergement y reste limité, et la détection repose souvent sur la vigilance locale plus que sur les dispositifs institutionnels.


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