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Le parquet, la préfecture et la Ville signent une nouvelle feuille de route contre la délinquance à Bordeaux

Ce vendredi, les autorités ont dressé le bilan des dix-huit derniers mois du Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) à Bordeaux. Face à la montée du trafic de cocaïne et à la prolifération des armes blanches, une nouvelle stratégie a été annoncée pour adapter la réponse judiciaire et policière.

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Le parquet, la préfecture et la Ville signent une nouvelle feuille de route contre la délinquance à Bordeaux
Drogues, munitions et argent liquide saisis à Bordeaux, juin 2025

Le point de rendez-vous est sur le terrain. Ce vendredi 24 octobre, le procureur de la République Renaud Gaudeul a présenté le bilan du Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) porte de Bourgogne à Bordeaux. Il est entouré du directeur de cabinet du préfet Grégory Lecru et le maire de Bordeaux Pierre Hurmic.

En arrière plan, des contrôles se tiennent dans le cadre du dispositif interministériel : le comité opérationnel départemental antifraude (Codaf). Les douanes, la police, l’Urssaf, les impôts et la direction départementale de la protection des populations (DDPP) mènent une vaste opération dans plusieurs commerces des Capucins et de la Porte de Bourgogne. Deux établissements ont été épinglés pour des infractions au code du travail.

Le GLTD, dispositif judiciaire coordonné par le parquet, réunit l’ensemble des services de l’État et de la Ville pour concentrer les moyens sur les quartiers les plus exposés : Saint-Michel, Saint-Paul, les Capucins et la gare Saint-Jean. L’objectif : agir simultanément sur la délinquance, le trafic et les causes structurelles qui les favorisent.

« Certains secteurs ont été sortis de la zone du GLTD, d’autres persistent, avec des points de deal qui continuent à y être implantés », introduit Renaud Gaudeul qui annonce « une nouvelle feuille de route ».

3 700 procédures pénales en dix-huit mois

« En un an et demi, 3 700 personnes ont fait l’objet de procédures pénales dans le secteur GLTD, dont plus d’un millier ont été placées en garde à vue. Et la moitié d’entre elles ont été déférées au parquet. C’est quasiment quatre fois plus que sur l’ensemble du territoire, ce qui montre l’engagement de l’État et de l’autorité judiciaire », détaille Renaud Gaudeul.

Les infractions liées aux stupéfiants demeurent de loin les plus fréquentes, suivies par les ports d’armes prohibés. La nouvelle feuille de route du GLTD prévoit de s’adapter à cette situation avec plusieurs évolutions. Parmi elles, l’intégration du service urbanisme de la Ville de Bordeaux – « une première en France » selon le procureur –, qui devrait « impulser la réhabilitation pour éviter que ces lieux ne deviennent des bases arrière du deal ».

Le maire Pierre Hurmic, qui avait soutenu la création du dispositif dès 2020, défend parallèlement une politique sécuritaire « équilibrée », qui « avance à la fois sur la prévention et sur la répression ».

Deux GLTD pour mieux cibler les réalités

Les autorités ont décidé de scinder le GLTD bordelais en deux entités : l’une couvrant Saint-Michel, Saint-Paul, Capucins et Richemont ; l’autre, la gare Saint-Jean.

« Ici [dans le quartier Saint-Michel], la prédominance des stupéfiants est très forte, ce qui est moins le cas autour de la gare où on retrouve d’autres interlocuteurs comme la SNCF et des bailleurs sociaux. »

Le plan prévoit également un déploiement renforcé de la vidéoprotection. Et pour la partie sanction, les autorités entendent exploiter les nouveaux leviers de la loi du 13 juin 2025 sur le narcotrafic, qui facilite notamment les expulsions de locataires impliqués dans le trafic et les fermetures administratives de commerces.

« Ce qu’on constate à Bordeaux, comme partout ailleurs en France, c’est qu’il y a désormais autant de cocaïne que de cannabis sur les points de deal, alors qu’on saisissait auparavant majoritairement du cannabis », souligne Renaud Gaudeul.

Prolifération des armes blanches

Le procureur dernier met également en lumière un phénomène inédit :

« Pour la première fois depuis le début de l’année, ici en Gironde, nous avons eu plus de morts sur la route à cause des stupéfiants qu’à cause de l’alcool. On a toujours dit que le fléau numéro un sur les routes, c’était l’alcool ; aujourd’hui, ce sont les stupéfiants. »

Autre évolution préoccupante : la prolifération des armes blanches.

« Toute personne trouvée en possession d’une arme blanche dans ce secteur-là fait systématiquement l’objet d’un déferrement à l’issue de sa garde à vue », prévient-il.

Malgré les résultats obtenus à Saint-Paul, les difficultés demeurent à Saint-Michel. Mais les autorités assurent vouloir maintenir la pression. « Le GLTD est un outil qui fonctionne », concède de concert le maire de Bordeaux et le directeur de cabinet du préfet. « L’idée est d’aller plus loin pour obtenir des résultats là où des poches de délinquance subsistent. »


#sécurité

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