Rue89 Bordeaux : Avec l’entreprise Toopi Organics, la MAMMO (maison alternative des matières organiques, qui regroupe plusieurs acteurs de la métropole bordelaise, dont Un petit coin de paradis et Mundao) et des initiatives médiatisées comme les urinoirs sans eau du collège d’Hendaye, l’assainissement écologique dispose de vitrines et d’acteurs impliqués dans la région. Qu’en est-il à l’échelle nationale ?

Marine Legrand : La dynamique sur le sujet de l’assainissement écologique et de la séparation à la source des excrétas (urine et matières fécales) est de plus en plus importante. Avec Ocapi (programme de recherche-action sur l’organisation des cycles azote et phosphore dans les territoires), nous observons l’émergence d’acteurs du côté collecte – via des bâtiments qui tentent d’installer des toilettes sans eau pour récupérer l’urine –, et du côté des acteurs agricoles – avec un intérêt croissant de la part notamment des chambres d’agriculture d’Ile-de-France, du Rhône et des Pays de la Loire. Et dans plusieurs territoires, des animateurs comme la MAMMO se donnent pour rôle de fédérer les acteurs et de relier les maillons de la chaîne.
Ce qui était informel, minoritaire et passait sous les radars, atteint maintenant une masse critique – le nombre d’adhérent au RAE (réseau pour l’assainissement écologique) est en croissance importante, avec des métiers qui s’emparent du sujet, comme les architectes et les ingénieurs des collectivités locales. Et la dynamique est européenne, via le réseau P2Green auquel participent des équipes de recherche comme le RAE, les suisses de Valoo ou les allemands de Netsan.
« Boucler la boucle »
Si l’assainissement écologique est une pratique ancienne et se développe depuis plusieurs années, cette volonté de boucler la boucle, de construire une filière ayant une portée agricole et pouvant peser sur les questions de qualité de l’eau, de préservation de la ressource, et de souveraineté agricole, est nouvelle.
Comment l’expliquez-vous ?
La situation était déjà problématique du point de vue de l’assainissement. Nos systèmes centralisés sont couteux en énergie et en eau et ne permettent pas de garder les milieux aquatiques en bon état. Par ailleurs, notre agriculture est dépendante des énergies fossiles pour la production des engrais azotés, et, pour les phosphores et les phosphates, des ressources minières finies et épuisables au cours du XXIe siècle.
Or ces problèmes s’aggravent : les ressources en eau s’épuisent, de plus en plus de communes doivent être approvisionnées en camions citernes lors des périodes de sécheresse, ce qui pousse des collectivités à se positionner. L’enjeu géopolitique de l’approvisionnement en fertilisant a été révélé par la guerre en Ukraine, avec une multiplication par 4 du prix des engrais azotés, du fait de l’augmentation des cours du gaz nécessaire à leur production.

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