Deux associations environnementales sonnent l’alerte : la Sepanso Gironde d’un côté, Seastemik de l’autre. Toutes deux dénoncent la tenue, en pleine période des fêtes, de deux enquêtes publiques majeures sur de gros projets industriels en Gironde : le projet EMME, unité de conversion de cobalt et de nickel à Blanquefort et Parempuyre, et l’installation d’un élevage industriel de saumons portée par Pure Salmon au Verdon-sur-Mer.
Les deux projets, qui pourraient s’implanter sur des terrains du Grand port maritime de Bordeaux et sont soutenus par celui-ci, présentent pour les opposants une menace pour l’estuaire de la Gironde. Dans son communiqué, la Sepanso ironise :
« C’est Noël, vous pensiez profiter des fêtes avec vos proches et souffler deux minutes ? Nous aussi ! Eh bien non, que nenni ! Profitez de la trêve des confiseurs pour remplir deux enquêtes publiques aux dates concomitantes ! »
EMME « ne respecte pas les exigences de protection environnementale »
La première concerne l’usine EMME, soumise à une demande d’autorisation environnementale et à une mise en compatibilité du document d’urbanisme. L’enquête publique se tiendra du 15 décembre 2025 au 15 janvier 2026, exclusivement par voie électronique. Les permanences des commissaires enquêteurs auront lieu dans trois communes – Parempuyre, Blanquefort et Saint-Louis-de-Montferrand – avec une dizaine de créneaux ouverts au public entre le 15 décembre et le 15 janvier.
Le projet prévoit la création d’une unité de conversion de cobalt et nickel, activités classées pour la protection de l’environnement (ICPE), qui suscitent des interrogations quant aux rejets industriels et à l’impact sur les sols et la qualité de l’air. La Sepanso insiste sur la nécessité pour les habitants et acteurs locaux de s’informer et de faire part de leurs observations, soulignant que ce type d’installation peut transformer durablement le tissu industriel et écologique de ces communes de l’agglomération bordelaise.
En novembre, le projet avait eu un avis défavorable du Conseil national de protection de la nature (CNPN), pointant des inventaires faune et flore incomplets, des impacts sous-estimés sur 25 espèces protégées, et le manque d’alternatives à l’implantation choisie.
Parallèlement, les opposants avait saisi le Conseil d’État, contestant le décret qui reconnaît d’intérêt national majeur la raffinerie. Selon leur avocat, ce texte « ne respecte pas les conditions légales ni les exigences de protection environnementale ».
« Le projet EMME ne remplit aucun des critères, avec des emplois non garantis (200 directs/300 indirects non étayés), une technologie nickel manganèse cobalt en déclin sur le marché européen, l’absence de débouchés identifiés en aval… En comparaison, l’opération d’intérêt métropolitain (OIM) Bordeaux Aéroparc a créé 50 000 emplois, contre seulement 200 hypothétiques pour EMME. »
Pure Salmon, « un projet destructeur »
La seconde enquête vise le projet de Pure Salmon au Verdon-sur-Mer, installation classée (ICPE et IOTA) assortie d’un permis de construire. Elle se déroulera du 15 décembre 2025 au 19 janvier 2026, avec des permanences en mairies du Verdon-sur-Mer et de Soulac-sur-Mer. Pour l’ONG Seastemik, qui alerte sur ce « méga projet d’élevage industriel », le 15 décembre marque le début « d’une bataille pour l’avenir de l’Estuaire de la Gironde et de l’économie de la mer en France ».
« Imaginez 3 millions de saumons élevés en batterie, des effluents rejetés dans un parc naturel marin, des productions traditionnelles de coquillages intoxiquées et des pêcheurs locaux asphyxiés par une concurrence déloyale », écrit la co-directrice, Esther Dufaure.
Seastemik exige « un refus ferme » du préfet et appelle à un débat national, estimant que « la France ne peut pas cautionner un projet aussi destructeur sur ses côtes ». Depuis 2021, plusieurs institutions ont formulé des avis critiques. L’ONG rappelle ceux du BRGM, du Parc Naturel Marin et des CLE, évoquant notamment des risques « environnementaux » – pollution de la nappe de l’Éocène, absence d’études d’impact récentes, incertitudes sur le traitement des effluents.
« L’estuaire de la Gironde n’est pas une zone industrielle. Si ce projet passe, c’est tout un écosystème et des centaines d’emplois locaux qui seront sacrifiés », résume Gérard Bunel, président de Pays Royannais Environnement. »
Une réunion publique se tiendra également ce dimanche 14 décembre à Saint-Vivien-de-Médoc. Un rassemblement est prévu le 15 décembre à Bordeaux, en présence d’élus, de professionnels de la mer et d’associations nationales et locales.

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