Depuis le feu vert de la commission d’enquête publique à Flying Whales, et en dépit des approximations et inexactitudes de son avis, la décision de l’Etat ne faisait guère de doutes. La préfecture de la Gironde a levé le suspense en publiant le 10 décembre un arrêté de déclaration d’utilité publique au projet de création de cette usine de dirigeables à Laruscade, et d’un aérodrome à usage restreint.
« Le développement de cette nouvelle zone d’activités économiques, accompagnée par la Région Nouvelle-Aquitaine doit permettre l’implantation de l’usine de production des dirigeables de la société Flying Whales, un projet industriel structurant pour le territoire régional et national », justifie son communiqué ce vendredi 12 décembre.
Celui-ci annonce que les préfets de Gironde et de Charente-Maritime, territoire voisin de la communauté de communes Latitude Nord Gironde, dont fait partie Laruscade, ont également signé l’autorisation environnementale nécessaire à cette zone d’activité de 75 hectares.
Pas de machine arrière
Elle va en effet entrainer l’artificialisation de 20 hectares et la destruction de 40 hectares de zones humides et d’espèces naturelles protégées dans un secteur à l’écosystème particulièrement riche. Cela avait valu au projet un avis défavorable du Conseil national de protection de la nature, et deux avis négatifs de l’Autorité environnementale. Sans parler des nombreuses critiques formulées par diverses parties prenantes lors de l’enquête publique.
Les services de l’Etat ont donc décidé de passer outre, indiquant que « d’importantes et exigeantes mesures environnementales ont été prescrites » par le ministère de la Transition écologique, dont la création d’un comité de suivi des espèces protégées. La commission d’enquête publique a également demandé l’amélioration des mesures de compensation pour l’habitat du Vison d’Europe, animal en voie d’extinction probablement présent dans le secteur.
Pas question il est vrai de faire machine arrière pour l’Etat et la Région Nouvelle-Aquitaine, qui ont engagé dans Flying Whales près de 100 millions d’euros en subventions, prêts ou participation au capital, comme le rappelaient les commissaires enquêteurs.
La création de 300 emplois promise, et la possibilité de lancer une nouvelle filière soi-disant bas carbone, l’emportent sur les dégâts environnementaux bien réels, et les risques industriels et financiers pour l’argent public : en cas d’échec du projet, les garanties seront supportées par la Région (à hauteur de 45 millions d’euros) et l’Etat (105 millions) d’euros). Pourvu que ça vole.

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