« L’union fait la force mais les coups de force ne font pas l’union. » Voilà la réponse de Nathalie Delattre au sondage révélé en novembre dernier par son rival à droite, le député macroniste et candidat à la mairie de Bordeaux, Thomas Cazenave. Selon le camp de la candidate, les discussions étaient en cours pour élaborer une méthode qui aurait aidé à définir la tête d’une liste d’union :
« Renaissance a fait le choix de commander un sondage à part, commente la sénatrice. Nous l’avons appris par la bande. Ce n’est jamais très agréable. »
Ce sondage plaçait l’ancien ministre des Comptes publics légèrement devant sa rivale dans les scénarios de premier tour testés (26 % contre 24 %, à 6 ou 8 points derrière Pierre Hurmic). L’élu Renaissance est même donné gagnant au second tour en cas de triangulaire avec Nordine Raymond (France insoumise) – une hypothèse toutefois très improbable, puisqu’elle supposerait l’élimination ou le désistement de la candidate du Rassemblement national, Julie Rechagneux, créditée de plus de 10 % au premier tour dans tous les scénarios étudiés par le sondage.
Des sondages dans les tiroirs
Mais Nathalie Delattre n’est pas rancunière. Elle renouvelle son appel pour « se donner les chances et les conditions de l’union ». « Et ça, avant Noël, après ce sera trop tard. » À cent jours du scrutin bordelais, « c’est une main tendue » qu’elle présente donc lors d’une conférence de presse ce jeudi.
Ce dernier révèle surtout, en creux, l’inextricable situation du camp qu’elle prétend encore fédérer : deux sondages menés « en solo » par Renaissance – le premier en avril – et des dialogues rompus – « Philippe Dessertine et Thomas Cazenave n’ont pas aujourd’hui la capacité de se parler » affirme-t-elle au regard des divergences politiques entre les deux candidats.
L’union à droite, pourtant revendiquée comme la seule voie possible pour battre Pierre Hurmic, apparaît plus hypothétique que jamais. Huit mois après avoir repris le flambeau laissé par Nicolas Florian, Nathalie Delattre martèle son objectif : « créer les conditions de l’alternance ». Mais la mécanique qu’elle tente d’installer se grippe chaque semaine un peu plus.
Résultat : une droite désarticulée où chacun publie ses chiffres ou les garde sous le coude. Nathalie Delattre, qui dit avoir commandé un sondage de son côté, refuse de faire connaître ses résultats et de verser le coût dans les comptes de campagne. Cependant, elle le commente comparé au dernier : Cazenave « perd un point », Philippe Dessertine « perd un point », elle « gagne deux points ».
Les trois candidats seraient au coude à coude, chacun entre 15 et 20 %, et une masse de non-répondants rendrait toute lecture du sondage fragile. « Aucun ne se détache véritablement », résume-t-elle, évoquant au passage un autre sondage Les Républicains resté dans les tiroirs en octobre, où elle serait en tête des trois candidats de droite.
Attal intermédiaire
Dans ce paysage fragmenté, l’union avant le premier scrutin relève désormais de l’incantation. « Philippe Dessertine ne souhaite pas être dans une démarche d’union », regrette la candidate, qui affirme avoir multiplié les propositions. Elle dit avoir sollicité Gabriel Attal, président du parti Renaissance, pour qu’il s’adresse à Thomas Cazenave, afin de relancer un dialogue qu’elle estime « urgent ».
Après avoir vu Alexandra Siarri et Pierre de Gaétan Njikam rejoindre le candidat macroniste, Nathalie Delattre annonce une première prise : l’arrivée de Mickaël Baubonne, figure pro-métro et ex-candidat de Bordeaux Nouvelle Voie. Celui-ci explique rejoindre Delattre parce qu’ils partagent « exactement la même vision pour Bordeaux », avec dans ses cartons « une centaine de propositions » : le métro, la passerelle Quinconces–Bastide, une piscine de surf… et une exposition universelle autour de l’océan.
Si avec l’arrivée de Mickaël Baubonne, Nathalie Delattre affirme que « l’union s’élargit », il est très probable que « le juge de paix sera le premier tour », un scénario que redoute désormais une partie de l’électorat de la droite bordelaise.

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