En Gironde, comme partout en France, les radios associatives s’inquiètent. Le Projet de loi de finances 2026 prévoit une baisse de 44 % du Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), ressource vitale pour des structures déjà tenues par un fragile équilibre. Ce fonds offre deux subventions : une subvention d’exploitation et une subvention sélective à l’action radiophonique (à savoir un projet éditorial ou éducatif).
L’année dernière déjà, une baisse de 35 % de ce fond planait au-dessus des radios associatives. Elle avait finalement été annulée. A nouveau dans les tuyaux, neuf radios locales girondines sur la bande FM comme sur le DAB+ sont à nouveau menacées.
« Couper la parole »
Geneviève Teyssier, présidente de RIG, voit la ligne de fracture :
« Au-delà du fait que la perte du FSER obligera la radio à procéder à des licenciements, générant ainsi du chômage supplémentaire, elle entraînera également l’arrêt des émissions réalisées avec des partenaires. »
La radio emploi trois salariés, deux à plein-temps et un mi-temps, ainsi qu’un alternant. Elle fonctionne avec un budget annuel dont 40 à 45% sont directement issus du FSER – 42 000 € de subvention d’exploitation et 25 624 € de subvention sélective à l’action radiophonique (toutes les chiffres sont tirés du rapport FSER 2024). RIG, dit-elle, risque de devenir « uniquement musicale, sans véritable intérêt », tandis que les grandes stations commerciales ou publiques seraient privées des jeunes professionnels que cette radio forme chaque année.
Sur le Bassin d’Arcachon, à Andernos, Nicolas Chauvin, président de Plage FM, décrit une radio déjà limitée par le « plafonnement à 20 % » de ses recettes publicitaires – condition pour être éligible aux aides du FSER – et des charges techniques lourdes. Sa structure bénéficie de 39 900 € de subvention d’exploitation.
« Diminuer le FSER, c’est couper la parole, réduire la communication et limiter l’accès aux médias de proximité », ajoute-t-il.
« Choc social »
« Dans un monde où les médias sont de plus en plus concentrés dans les mains d’une poignée de milliardaires et de plus en plus conciliants avec l’extrême droite, les radios associatives sont l’expression même du pluralisme », insiste Xavier Ridon, directeur de La Clé des Ondes à Bordeaux.
Là aussi, le FSER représente « la moitié » du budget – 39 900 € de subvention d’exploitation et 30 699 € de subvention sélective à l’action radiophonique. La réduction de ce soutien provoquerait une chaîne d’effets : « licenciements », programmes affaiblis, ateliers menacés, alors que la radio forme chaque année « des centaines de collégiens, lycéens, étudiants » et fédère quelques 150 bénévoles.
La menace ne se limite pas au FSER : La Clé des Ondes s’interroge aussi sur la capacité des collectivités, de la Drac ou même du Pass Culture à continuer de soutenir ce tissu radiophonique, déjà fragilisé depuis deux ans.
Dans un communiqué commun, les organisations paritaires du secteur et les syndicats de salariés parlent d’un « choc social » imminent. Elles rappellent que près de 3 000 emplois dépendraient de ces radios, véritables « espaces de formation, d’expression et d’inclusion ». Elles appellent finalement le Gouvernement et le Parlement à reconsidérer cette coupe et à ouvrir un dialogue. Sans quoi, en Gironde comme ailleurs, certaines fréquences pourraient bientôt se taire.

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