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A Bordeaux, l’écologie veut lever des Verts

Pour la première fois, les Journées d’été d’Europe écologie-Les Verts (EELV) se tiennent à Bordeaux, les 21, 22 et 23 août. Dans une période où l’environnement « commence à bien faire », l’écologie politique se cherche des relais et des alliés, et regarde du côté de Grenoble.

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A Bordeaux, l’écologie veut lever des Verts

(DR)
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Stéphane Saubusse (DR)
Stéphane Saubusse (DR)

« J’insistais depuis trois ans pour accueillir les journées d’été. Ce sera une vitrine permettant de montrer à tout le monde ce que fait Europe écologie-Les Verts, la qualité des échanges et le côté festif qui est le nôtre ».

Secrétaire régional Aquitaine d’EELV, Stéphane Saubusse, attend donc ce moment avec impatience, d’autant que les débats seront selon lui davantage occupés par le fond que par les stratégies politiciennes, en l’absence d’élection majeures en 2015.

A un an de la conférence internationale à Paris sur le changement climatique (COP 21), le réchauffement global fera l’objet d’une plénière, avec des focus sur ses impacts locaux – l’érosion côtière – et les initiatives du plan climat de la région Aquitaine.

« On débattra aussi de viticulture et pesticides, du passé esclavagiste de Bordeaux, de la Palestine ou encore de la réforme territoriale », ajoute Stéphane Saubusse.

Espoir d’un grand succès

Les écologistes espèrent faire au moins aussi bien que l’an dernier – 3000 participants aux Journées d’été à Marseille. La région Aquitaine est-elle vue comme une terre de mission ?

« On ne considère pas ces journées pas ça comme d’un moyen de recruter », répond Stéphane Saubusse, qui précise qu’avec 500 adhérents en Aquitaine, « EELV va dépasser ses effectifs de 2011, une année historique en la matière puisque beaucoup de gens s’étaient inscrits pour participer à la primaire avant la présidentielle. Et après les municipales, on a 5 élus de plus dans la région. Et plus d’élus que le FN, comme au plan national ».

Néanmoins, le parti écologiste espère en profiter pour « tisser des liens plus étroits avec les associations », poursuit le secrétaire régional. Constat d’échec implicite de la coopérative d’EELV, qui était censée servir de courroie de transmission ?

« Non, la coopérative fonctionne. Mais on a invité toutes les ONG qui nous sont proches – la Maison de la nature et de l’environnement, Greenpeace, Tchernoblaye… – à participer car si on se connaît bien au plan local – nombre de nos militants ont plusieurs casquettes –, on n’a de nos leaders nationaux que l’image qu’en donnent les médias. Or l’écologie politique, ce n’est pas ce qu’on voit à la télé ! A tort ou à raison, nos débats sont rarement retranscrits par la presse, qui retient surtout les petites phrases de Daniel Cohn-Bendit ou les échanges violents entre personnes. Cela peut dissuader les militants écologistes de terrain de s’engager, voire de voter pour nous. »

Des associations locales qui évitent l’amalgame

Il faut dire qu’EELV a souvent donné aux écologistes le bâton pour se faire battre, s’indignant des positions du gouvernement sur Notre-Dame-des-Landes ou les Roms, avant de se déchirer sur la participation à l’équipe de Manuel Valls. Ce qui avait entre autres entrainé le départ des Verts de son seul député aquitain, Noël Mamère.

Et les associations locales interrogées par Rue89 Bordeaux redoutent donc l’amalgame avec EELV, à l’image de Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso :

« Ils sont Verts, mais pas tous mûrs pour la politique, commettant plein de maladresses qui ne les ont pas aidées. EELV est toutefois le parti le plus proche de nos préoccupations, et qui compte sans doute dans ses rangs la plus forte proportion de gens qui se posent les bonnes questions. Ce sont les seuls à dénoncer par exemple dans la région certains grands projets inutiles, comme les lignes à grande vitesse. Mais ils n’ont pas l’exclusivité de ces sujets, et on ne doit surtout pas se fermer aux autres, ceux qui ont le plus de choses à apprendre. La protection de l’environnement est toujours le parent pauvre de la politique… »

La méfiance envers la politique est aussi de mise aux Amis de la Terre Gironde :

« Notre association a une histoire révélatrice des dangers que cette proximité avec un parti peut représenter, rappelle Olivier Louchard, un de ses responsables. Lorsque Brice Lalonde a lancé les Amis de la Terre en politique, nous avons eu beaucoup de mal à nous en remettre, on est donc désormais extrêmement vigilants. »

Ainsi, Alternatiba, le grand forum écolo qui se tiendra à Bordeaux en octobre, et dont les Amis de la Terre girondins sont co-organisateurs, a refusé la présence des partis politiques dans ses rangs, et n’a pas souhaité tenir de stand aux Journées d’été d’EELV.

« Nous ne voulions pas d’un tel affichage, mais nous avons accepté d’intervenir dans le débat sur le changement climatique et la COP 21. Avec 100 associations et 200 bénévoles mobilisés sur Alternatiba, on a le sentiment que la dynamique est plutôt chez nous en ce moment… »

L’expérience de l’alliance ratée avec Vincent Feltesse

Un sentiment que partage Jean Cittone : coordinateur des Jeunes écologistes Bordeaux-Aquitaine, mouvement de jeunesse pourtant proche d’EELV, il croit ainsi moins aux partis qu’aux initiatives citoyennes, telles qu’Alternatiba ou le collectif bordelais Stop Tafta (contre le projet de traité de commerce transatlantique)….

« Beaucoup de Jeunes écolos, dont je fais partie, ne sont pas adhérents d’Europe écologie ! On se développe beaucoup à Bordeaux, le collectif le plus important après Paris, où on a une cinquantaine d’adhérents à jour de cotisation, soit autant que le groupe local. Et on décide ou non de les soutenir. Au municipales, nous étions par exemple contre l’alliance des écologistes avec Vincent Feltesse, et nous avons donc refusé de faire campagne. »

L’échec de la liste PS-EELV à Bordeaux, et le succès des écologistes autonomes à Talence ou à Parempuyre, paraissent valider le choix national de se démarquer des socialistes.

« Je ne suis pas militant à Bordeaux, mais une liste autonome aurait été plus judicieuse, estime Stéphane Saubusse. Cela a été une décision difficile à prendre et il a fallu s’y tenir. Mais vu nos scores aux européennes, où nous arrivons en tête dans plusieurs cantons bordelais, on pense qu’on aurait pu enlever des voix à Alain Juppé. Le vote utile a joué en sens inverse… »

Une période de tension avec le PS

Marie-Claude Noël, ex élue écologiste au conseil municipal, ne « regrette pas un choix fait à une large majorité ». Mais elle estime qu’une liste EELV aurait « donné plus de lisibilité au programme écologiste ». Comme beaucoup d’écologistes, Mqrie-Clqude Noël ne voit pas l’avenir en rose :

« Nous ne sommes pas dans une phase très positive pour notre mouvement. Vu notre poids, nous sommes obligés de nouer des partenariats qui génèrent des conflits. Et plus nos constats sur l’état de la planète sont partagés, plus nous avons du mal à faire passer nos messages. »

Vers qui se tourner ? Stéphane Saubusse :

« On rentre dans une période de plus grande tension avec le PS et ses politiques qu’on critique énormément – soutien tacite à Israël, pacte de responsabilité… L’expérience de Grenoble (élection d’un maire écologiste allié au Front de gauche, NDLR) intéresse beaucoup de monde, même si ce résultat étonnant pas applicable partout. »

En Aquitaine comme ailleurs, le modèle alpin fait en tous cas saliver EELV.


#COP 21

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