Appelez le Stade Rafale. Stade Bordeaux Atlantique (SBA), le consortium qui construit et exploite le nouvel équipement du lac, a accordé à Dassault le droit d’accoler le nom de son avion à la nouvelle enceinte des Girondins. Moyennant 2 millions d’euros par an, l’entreprise, qui assemble le Rafale dans son usine de Mérignac, se dote d’un bel outil de communication.
Selon un de ses porte-parole, Dassault compte notamment profiter des matches européens pour vanter les mérites de l’avion auprès des délégations étrangères. Il croiserait ainsi les doigts pour que les Girondins se qualifient pour la Ligue Europa, et tombent contre le Milsami Orhei, en Moldavie, ou le club ukrainien de Dnipro Dnipropetrovsk, dont les pays connaissent quelques tensions avec leur puissant voisin russe. Et à l’Euro 2016, Dassault aimerait bien accueillir dans « son » stade la Turquie ou Israël, si leurs sélections sont de la fête.
D’après les informations de Rue89 Bordeaux, Dassault aurait toutefois bataillé ferme pour damer le pion à Cacolac. Le fabricant bordelais de la fameuse boisson cacaotée a en effet des bons souvenirs dans le football, et aurait bien aimé retrouver cette notoriété qui était la sienne lorsque les Guignols de l’info en avait fait le breuvage préféré de JPP. Mais la promesse d’offrir du Cacolac à volonté dans les loges VIP n’aurait pas suffi.
Un nom qui sent le pâté
Autre grand déçu de cette procédure de naming : Lou Gascoun. Le propriétaire du producteur de pâté et foie gras, la Financière Martin, a également été débouté, bien que cette PME était prête à sortir le chéquier. Motif : pas assez noble. Ce qui fait pas mal râler du côté de Saint-Médard-d’Eyrans :
« Et le Herta Berlin (club de foot de la capitale allemande, NDLR), alors, c’est pas de la charcuterie, peut-être ? », interroge un cadre de la boîte.
Des candidats de renommée internationale s’étaient aussi alignés, comme Turkish Airlines, afin de faire la promotion de ses lignes vers Bordeaux. Mais selon nos informations, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, aurait subi des pressions de responsables de l’UMP, afin de privilégier un fleuron national. Parmi ceux-ci, le très sarkozyste maire de Nice Christian Estrosi, qui avait notamment fait remarquer qu’Allianz sonnait mieux qu’Emirates pour le nouveau stade de sa ville.
Un recours pour la forme
L’ancien Premier ministre s’est réjoui du choix de Rafale, maniant à l’occasion ce sens de l’humour qui ne le quitte plus :
« Avec Dassault, les Girondins et l’UBB vont enfin pouvoir décoller ! »
Mais SBA, filiale des groupes de BTP Vinci et Fayat, a-t-il bradé ce naming, qu’on annonçait à près de 4 millions d’euros par an ? Pour en avoir le cœur net, et à tout hasard, le conseiller municipal socialiste Matthieu Rouveyre a déposé un recours au tribunal, même si l’absence ou le faible montant d’un contrat de naming n’impacte pas les finances de la ville.
Enfin, les écologistes ont dénoncé le symbole d’une entreprise d’armement choisie pour ce qui devrait être un écrin d’amitié et de confrontation pacifique entre les peuples. En signe de protestation, Pierre Hurmic a décidé de planter un olivier devant le stade.
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