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Bordeaux Fête le Vin, verre à moitié plein ou à moitié vide

La Fête du Vin prend possession de la Garonne jusqu’au dimanche 26 juin, avec un espace dégustation long de deux kilomètres. Pour le meilleur ou pour le pire ?

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Bordeaux Fête le Vin, verre à moitié plein ou à moitié vide

55 000 pass dégustations ont été vendus pour cette 10e édition de Bordeaux Fête le Vin (WS/Rue89 Bordeaux)
55 000 pass dégustations ont été vendus pour cette 10e édition de Bordeaux Fête le Vin (WS/Rue89 Bordeaux)

A moitié plein

  • L’attractivité bordelaise

« On est passé de la belle endormie à la ville active, se réjouit Cécile Chanet, bordelaise et amatrice de vins. Chaque année on attire de plus en plus de touristes, c’est bon signe ! »

Lors de l’édition 2014, les 60 000 pass dégustation étaient en rupture de stock dès le samedi. 650 000 verres avaient été servis, contre 500 000 en 2012.

« Cette année, on attend encore plus de visiteurs, assure Franck Le Mao, serveur sur le stand Baron de Lestac. L’édition précédente a accueillie beaucoup de Bordelais, tandis qu’en 2016 nous avons tous les touristes venus pour l’Euro et pour l’ouverture de la Cité du Vin. »

  • L’arrivée du bio

Pour la première fois, un évènement culturel est entièrement dédié aux vins biologiques. Samedi 25 juin, entre 17h30 et 21h, les visiteurs pourront écouter l’Orchestre de Bordeaux jouer la Cinquième Symphonie de Beethoven en dégustant trois vins bio. 21 vignerons seront présents pour l’occasion, ainsi que les médaillés du concours Vins bios d’Aquitaine.

L’évènement devrait faire salle comble : 900 tickets ont déjà été réservées, pour 1 000 places disponibles. Un succès qui n’étonne pas Anne-Lise Goujon, présidente du Syndicat des Vignerons bio d’Aquitaine :

« Vu l’actualité sur les pesticides, la demande est très forte. C’est le consommateur qui pousse les bios ».

A travers cet événement, elle veut rendre visible les vins bios, et prouver « qu’on peut faire bon et bio à la fois ». Une visibilité moindre puisque l’atelier aura lieu sur un seul jour, mais qui contente déjà Anne-Lise Goujon :

« C’est un bon premier pas, et on espère être présent sur les quatre jours lors de la prochaine édition ! »

  • L’art accessible à tous
Chaque artiste invité s'inspire d'une ville étrangère. Jean-Baptiste Besançon, dit JBB, est influencé par l'expressionnisme abstrait et la ville de Mendoza, en Argentine (AP/Rue89 Bordeaux)
Chaque artiste invité s’inspire d’une ville étrangère. Jean-Baptiste Besançon, dit JBB, est influencé par l’expressionnisme abstrait et la ville de Mendoza, en Argentine (AP/Rue89 Bordeaux)

Danse, street art, musique classique, jazz… Les évènements culturels de la Fête du Vin sont assez variés pour plaire à tous. La politique tarifaire permet aussi de s’ouvrir à un nouveau public. Le concert de musique classique, donné par l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine à Darwin, est par exemple accessible pour 10 euros, dégustation de trois vins comprise.

« On a beaucoup plus d’événements artistiques cette année, notamment avec l’arrivée de Bernard Magrez », confirme Maxence, stagiaire chez Mouton-Rotschild.

Le mécène a invité pas moins de dix artistes sur son pavillon, en face des Quinconces. Dix grands cubes d’un blanc immaculé s’alignent sur la pelouse le long des quais. Chaque street artiste vient alors faire une performance libre sur cette toile d’un nouveau genre. Les œuvres ainsi réalisées seront ensuite exposées à l’Institut Bernard-Magrez.

  • L’atelier « Duo de chefs » à l’Ecole du Vin
En 30 minutes, les spectateurs dégustent un vin, puis le goûtent à nouveau en accordant un met. (Patrick CRONENBERGER/CIVB)
En 30 minutes, les spectateurs dégustent un vin, puis le goûtent à nouveau en accordant un met. (Patrick CRONENBERGER/CIVB)

« On y va à chaque édition, c’est vraiment la meilleure animation de la Fête du Vin », assure Rachel, la vingtaine.

Le principe : deux chefs de restaurants gastronomiques proposent un met en accord avec un vin de Bordeaux. Installée à la terrasse de l’Ecole du Vin avec un groupe d’amis, elle s’apprête à déguster un Côtes de Blaye 2011 avec deux tapas. Vivien Durand et Jérôme Gillot l’assortissent d’un merlu et d’un bœuf mi-cuit.

« Ces mets effacent le côté trop tannique de ce vin et lui donnent plus de rondeur », explique l’animatrice de la dégustation.

La salle acquiesce avec plaisir, pari gagné pour le CIVB.

A moitié vide

  • Un espace privatisé à la sécurité jugée insuffisante par certains

Pas de fouilles, peu d’agents de sécurité sur place, l’événement est accessible à tous sans restrictions. Un problème selon Vincent, bordelais habitué de la Fête du Vin :

« Il faudrait fermer les quais avec une grille et organiser une fouille à l’entrée, comme sur la fan zone », assure le jeune homme.

D’autres soulignent qu’entre la fan zone sur les Quinconces et les stands de la Fête du Vin sur les quais, il devient très compliqué de trouver quelques m2 d’espace public libre ces jours ci à Bordeaux. Pour avoir une place dans l’herbe pour pique-niquer le long de la Garonne, viser les quais côté Saint-Michel.

  • Un verre et puis s’en va

Gros bémol dans l’organisation : à peine un coin d’ombre où se mettre au frais. Au bout de quelques verres, le soleil commence à sérieusement taper sur le crâne. Et pour les dégustations, la température n’arrange rien non plus :

« Il fait tellement chaud qu’on est obligés de mettre les rouges au frais… », regrette Franck Lemao, qui s’occupe du pavillon Baron de Lestac.

Les visiteurs doivent souvent subir cette chaleur debout, au milieu de la foule.

« Il n’y a presque nulle part où s’asseoir, regrette Jean-Christophe, assis sur les marches du miroir d’eau avec deux amis. On prend un verre et on s’en va, c’est vraiment dommage. »

  • La carte magnétique, écolo mais pas pratique

Cette année, la fête se veut « éco-responsable ». Tris des bouchons en liège et du verre, carte de tram comprise dans le pack dégustation, lampes économes en énergie, restriction du papier… Résultat, le carnet de dégustation d’un quinzaine de pages est remplacé par une carte magnétique. Une innovation dont se réjouit la mairie, mais qui rebute un certain nombre de visiteurs.

« Elle est mal faite, se plaint Vincent, on ne sait même plus combien il nous reste de dégustations et sur quel stand on est passé… Et puis badger sur chaque stand prend un temps fou, du coup il faut faire la queue pour chaque verre. »

Quant à l’application associée, « elle n’est pas téléchargeable sur tous les téléphones et n’est vraiment pas fluide ». Et puis, ajoute son amie Rachel, « le guide des restaurants qui n’était pas distribué lors de l’édition précédente représente sûrement plus de papiers que l’ancien carnet de dégustation… ».


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