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L’Artolienne, une mutuelle de village nait en Gironde

Une des premières mutuelles intercommunales de France est lancée par le Vallon de l’Artolie, dans l’Entre-deux-mers. Objectif : améliorer l’accès aux soins pour ses habitants dépourvus d’assurance complémentaire santé. Par Simon Barthélémy et Orianne Dupont.

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L’Artolienne, une mutuelle de village nait en Gironde

L’Artolienne n’est plus une arlésienne. Depuis septembre, les 9300 habitants des 9 bourgs du Vallon de l’Artolie peuvent souscrire à cette mutuelle intercommunale, une des toutes premières lancées en France. Cette innovation sociale, qui se développe depuis quelques années, est importante : 15% des Français renoncent à des soins à cause du coût.

Mais pourquoi apparait-elle ici, dans ces bourgs de l’Entre-deux-mers lovés le long de la Garonne, à quelques kilomètres en amont de Bordeaux ? Car ses communes y travaillent depuis longtemps, et ont bénéficié de l’ingénierie du conseil départemental de la Gironde.

« Les CCAS (centre communaux d’action sociale) nous ont fait remonter que beaucoup de personnes n’ont pas de mutuelle, ce qui entraîne des problèmes financiers en cas d’hospitalisation, explique Marie-Claude Agullana, maire du Tourne et présidente de la commission action sociale de l’intercommunalité. Ce sont surtout les retraités (22% des habitants du Vallon de l’Artolie, soit 2000 personnes) qui sont concernés, mais nous avons également beaucoup de personnes sans emploi ou avec de faibles revenus. Beaucoup ne savent pas qu’ils peuvent bénéficier de l’aide à la complémentaire santé (ACS). »

Proximité

30 personnes ont déjà adhéré à l’Artolienne, dont les garanties seront en place au 1er janvier 2017 (et toujours valables après l’éclatement à venir de la communauté de communes…). Parmi ces premiers inscrits figure Nicole, une retraitée 68 ans rencontrée au Tourne :

« Je payais 102 € à mon ancienne mutuelle, et là je paierai 12 € de moins avec les mêmes garanties et de meilleurs remboursements des frais dentaire. Et 12 € de moins, ce n’est pas négligeable. Je suis en train de me renseigner pour mes parents qui paient aujourd’hui 300 € de mutuelle à eux deux, ce qui est beaucoup pour leurs petites retraites. Je pourrais ainsi avoir une assurance pour ma mère à 79 €. Ce qui m’a plu aussi, c’est qu’il y a un interlocuteur direct et nous connaissons son nom. »

Le village de Langoiran, membre de la communauté de communes du Vallon de l'Artolie (madasapsy/flickr/CC)
Le village de Langoiran, membre de la communauté de communes du Vallon de l’Artolie (madasapsy/flickr/CC)

Cela a même été un élément déterminant dans le choix de la société qui a remporté l’appel d’offre lancée par la communauté de communes, poursuit Marie-Claude Agullana :

« Nous avons choisi Mutualia car c’est une mutuelle de proximité, qui a proposé des tarifs intéressants pour les habitants. Elle est sur le terrain lors de permanences (tous les lundis au pôle social de Paillet) et elle fait des déplacements à domicile. Nous cherchions également une structure qui participerait à des actions de promotion de la santé autour de la nutrition, de la vaccination et du sport. »

Refus de soins

Si 3,3 millions de Français sont privés de mutuelle, les refus de soin sont aussi motivés par l’absence de professionnels de santé sur les territoires, et par la non compréhension des garanties proposées par les assurances complémentaires.  En se renseignant auprès de Mutualia, Lisa, 33 ans, a été convaincue par la proximité :

« Lors du rendez-vous avec la mutuelle, je me suis aperçue que pour un prix équivalent, je serais mieux remboursée, y compris pour les médecines douces. J’ai pu adapter mon contrat à mes besoins réels. Mais ce qui m’a surtout intéressée, c’est de bénéficier d’un accompagnement. Avant j’appelais une plateforme et je n’étais pas toujours satisfaite des réponses… La présence physique est importante, c’est bien d’avoir de l’humain. »

Les communes du Vallon de l’Artolie ont organisé plusieurs réunions sur le projet de mutuelle, et une centaine d’habitants seraient intéressés. Mais peu d’habitants parmi ceux rencontrés lors de notre reportage en avaient entendu parler. Par ailleurs, beaucoup ne se sentent pas concernés, car ils ont une mutuelle grâce à leur entreprise – celle-ci est obligatoire depuis le 1er janvier 2016 – ou sont rattachés à celle de leur conjoint.

Au département de la Gironde, on souligne que l’Artolienne pourrait aussi intéresser les nombreux auto-entrepreneurs du territoire. Et l’initiative pourrait rapidement s’étendre : dans les différentes intercommunalités qui vont intégrer bientôt les 9 communes du Vallon d’Artolie, et ailleurs en Gironde, via les pactes territoriaux.


#aide à la complémentaire santé

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