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« Le pays gronde » : à Bordeaux, la jeunesse mobilisée contre l’extrême droite aux portes du pouvoir

Au lendemain de la percée de l’extrême droite aux élections européennes, et face à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, des milliers de Bordelais se sont rassemblés place de la Victoire. Une manifestation sauvage s’en est suivie dans les rues du centre-ville jusqu’à la fin de la soirée.

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« Le pays gronde » : à Bordeaux, la jeunesse mobilisée contre l’extrême droite aux portes du pouvoir
Manifestation contre l’extrême droite dans les rues de Bordeaux, après la percée du RN aux Européennes (MB/Rue89 Bordeaux)

Après le séisme politique, la colère est dans la rue. À Bordeaux, à 20h, plus de 1000 personnes se sont rassemblées place de la Victoire à l’appel d’organisations autonomes, lancé sur les réseaux sociaux. Les résultats des élections européennes, où le Rassemblement national est arrivé en tête, y compris en Gironde (près de 30% des voix), positionne l’extrême droite en position de force pour les législatives anticipées. Une situation qui a mobilisé massivement dans la capitale girondine.

Mobilisation

Dans la foule, de nombreux jeunes. La plupart n’ont pas connu les manifestations monstres de 2002 contre Jean-Marie Le Pen, alors qualifié pour le second tour de la présidentielle. Pourtant, plus de 20 ans plus tard, après une dédiabolisation du parti frontiste par ses cadres, l’extrême droite est aux portes de Matignon. Et dans la manifestation, s’il y a bien un responsable à cette impasse politique, c’est Emmanuel Macron.

« On ne pourra pas lutter en faisant barrage avec ce gouvernement qui a déroulé le tapis rouge à l’extrême droite. Notre force, c’est la mobilisation par la rue. Il nous faut être acteurs de la situation et non pas témoins de l’Histoire », s’insurge Jahan Lutz, militant au Poing levé.

À la Victoire, des appels à « tout bloquer » et à la « grève générale » sont lancés. Visiblement émue, une manifestante prend la parole au micro :

« J’ai du mal à parler, je suis choquée. Nous tous ici, savons ce qu’il est en train de se passer. Alors on se mobilise, on arrête de regarder les fachos nous cracher dessus. »

« Front uni contre l’extrême droite »

« Comment un président, garant des institutions, ose prendre la décision de donner les mains du pouvoir aux fascistes ? », interpelle Erwan Nzimenya, président de SOS Racisme Gironde.

L’association, qui bénéficie de subventions publiques, pourrait être menacée. « Je suis sidéré, mais avec SOS Racisme, l’ensemble des forces syndicales et associatives, nous ferons en sorte qu’il y ait un front uni contre l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir, dans la rue, dans les urnes, partout », poursuit-il. Message entendu 5/5 par les forces politiques de gauche, qui ont annoncé lundi soir une alliance dès le premier tour dans toutes les circonscriptions.

« Si l’extrême droite met en place la préférence nationale, on aura une forme de discrimination légalisée, reprend Erwan Nzimenya. Le risque, c’est qu’on soit en collusion avec des dirigeants du monde qui sont fascistes. Le risque, c’est qu’on multiplie drastiquement le nombre de morts en Méditerranée, et plus généralement le destins des sans-papier en France qui est déjà extrêmement critique. »

Manif sauvage

À la suite du rassemblement à la Victoire, une manifestation sauvage a débuté. Partie du cours Pasteur, elle s’est engagée rue Sainte-Catherine avant d’être dispersée une première fois par une salve de gaz lacrymogène place Saint-Projet.

Divisés en petits groupes, les manifestants se sont retrouvés à Pey Berland. Au passage du cortège, des vitrines de banques et des chaînes de fast-foot ont été dégradées, notamment cours Victor Hugo. Plusieurs fois, des camions de pompiers ont fendu la foule pour éteindre des feux de poubelles. La mobilisation a pris fin place de la Bourse, à la fin de soirée, après une nouvelle intervention des forces de l’ordre.


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