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« Une honte absolue » : des Républicains girondins contre le ralliement d’Éric Ciotti au Rassemblement national

Invité sur le plateau du 13h de TF1 ce mardi 11 juin, le patron des Républicains s’est prononcé en faveur d’un rapprochement avec le Rassemblement national pour les législatives. En Gironde, des cadres du parti s’insurgent contre cette décision, tandis que Jordan Bardella annonce déjà « plusieurs dizaines » de soutiens.

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« Une honte absolue » : des Républicains girondins contre le ralliement d’Éric Ciotti au Rassemblement national
Nicolas Florian, lors d’un conseil municipal à Bordeaux

Stupeur chez les Républicains. En officialisant l’idée d’une union du parti avec le Rassemblement national, Éric Ciotti s’est attiré les foudres de bon nombre de ses collègues en Gironde. Nicolas Florian, conseiller municipal d’opposition et ancien maire de Bordeaux parle d’une « honte absolue » :

« Éric Ciotti doit être destitué de la présidence Les Républicains avec qui il vient de rompre définitivement en prenant l’initiative d’une alliance dont personne ne veut », écrit l’ancien édile sur Twitter.

Des explications

Pour Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc, la pilule est aussi difficile à avaler. Celui qui a « adhéré au RPR, à l’UMP puis aux Républicains avec chevillé au corps des valeurs gaullistes » dénonce dans un post Facebook une « stratégie mortifère ».

« Je n’approuve pas cette position qui consiste, pour sauver une cinquantaine ou une soixantaine de députés, à faire ce qu’on n’a jamais fait jusqu’à présent. Ni d’alliance avec la macronie, ni avec le RN, c’était notre ligne de conduite », rappelle Christophe Duprat.

Selon lui, le président du groupe fait cavalier seul puisqu’il n’y a pas eu « aucune discussion en interne ». Le coordinateur des Républicains en Gironde s’oppose à cette annonce et exige qu’Éric Ciotti « explique devant les cadres du parti pourquoi il a pris cette décision ».

Les électeurs « nous alertent »

Bien conscient de la montée flagrante de l’extrême droite dans le département, l’élu préfère relativiser les résultats des européennes dans sa commune puisque Jordan Bardella ne fait « que » 24,12%, quand François-Xavier Bellamy en fait tout juste 13,25%.

« Il faudrait être totalement sourd et aveugle pour ne pas le voir venir, les électeurs qui votent expriment un certain nombre de difficultés qu’ils vivent au quotidien qui n’ont pas été résolues jusqu’à présent, reconnaît Christophe Duprat. Et quand on voit ce qui se passe à Bordeaux, avec l’attaque au couteau par exemple, les gens me disent qu’ils ne veulent pas que ça se passe à Saint-Aubin-de-Médoc de la même manière, ils nous alertent. »

Qu’en sera-t-il de la stratégie pour les législatives ? Laurence Lassarade, sénatrice de Gironde et membre de la Commission nationale d’investiture chez les LR, confiait ce mardi à France 3 le maintien des candidatures sur toutes les circonscriptions avec « des candidats qui restent fidèles à nos valeurs ».

Des pour et des contre

Dans un article publié mardi, Libération dénombre 45 élus LR et apparentés sur 61 qui se sont prononcés contre une alliance avec l’extrême droite, soit 74% du groupe. À l’heure de la publication, 12 n’avaient pas répondu, deux autres n’avaient pas une position claire, préférant se tenir loin des négociations. Christelle d’Intorni, députée des Alpes-Maritimes, est pour l’heure la seule à soutenir son patron dans sa fuite vers le RN.

De son côté, Jordan Bardella confirme l’alliance sur le plateau de France 2 ce mardi soir. Il précise que « plusieurs dizaines » de candidats LR « sortants ou investis » seront soutenus par le RN. Selon Ouest France, un communiqué de presse des Républicains, rédigé par plusieurs ténors du partis (Gérard Larcher, Olivier Marleix, Bruno Retailleau…) doit être publié ce mardi soir pour réaffirmer leur désaccord.

Si les LR sont nombreux à refuser cette alliance avec l’extrême droite, il fut un temps ou c’était aussi la position d’Éric Ciotti. En septembre 2021, à l’occasion des journées parlementaires des Républicains, celui qui était alors candidat à l’investiture de son parti pour l’élection présidentielle de 2022 confiait à Midi Libre refuser « toute forme d’alliance de quel côté que ce soit ». Une promesse qui a depuis fait son bout de chemin.


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