Un leader qui aura vite brisé son image de marque, un parti victime de son féodalisme et de ses conseillers, un décalage avec la « France des petits »… L’historien Hubert Bonin dresse un bilan sans concession du PS girondin, devenu aux yeux des citoyens une « machine de pouvoir » au service de quelques uns.
Dimanche 23 mars, vers 22 h, le candidat Vincent Feltesse est apparu à la télévision, sur France 3-Aquitaine, défait, abattu, blême, encore plus que le premier ministre une heure et demi auparavant sur les chaînes nationales. C’est que sa déconfiture est complète ! Non seulement il ne sera pas maire de Bordeaux, mais il va perdre la présidence de la communauté urbaine. Le jeune loup socialiste aura eu la nuque brisée par le vieux briscard gaullo-chiraquien…
Une image de marque dévalorisée
Une première explication est évidente : alors qu’il se présentait en animateur de groupes d’idées (les « ruches »), en fécondateur d’un renouveau de concepts de la « métropole », en auteur ou parrain d’ouvrages voulant réinventer la vision de « la ville », bref, comme une sorte de « Chaban » de la Nouvelle Société, Vincent Feltesse a brisé son image de marque en 2012.
En effet, il a quitté Blanquefort pour Bordeaux, tout comme NKM a délaissé Longjumeau pour Paris ; il a voulu « contrôler » le choix de la candidate socialiste dans la circonscription du Sud-Médoc ; et, enfin, il a fait pleurer publiquement la suppléante sortante de la députée Michèle Delaunay en l’évinçant soudainement à son propre profit, avant de devenir lui-même député quand celle-ci a été promue miraculeusement ministre.
Bref, homme neuf, symbole de l’avenir, d’une nouvelle génération, Vincent Feltesse aura sombré dans la « politicaillerie » la plus traditionnelle. Je crois que, dans un monde aussi sensible que la vie politique, qui plus est titillée sans cesse par les réseaux sociaux et les medias de l’instantané, la « pollution » de la perception cognitive de « la marque Feltesse » aura été durable.
Dans le même temps, comme de Gaulle aura réussi en 1958 à faire oublier son action de politicien de « droite dure » entre 1947 et 1953 et à réhabiliter son image d’acteur de la France libre, pour apparaître comme un « recours », et même à nouveau le sauveur de la République, Alain Juppé sera parvenu à un miracle : figure emblématique de la droite chiraquienne organisant les réseaux de la conquête puis du maintien au pouvoir, de la corruption parisienne et des conflits d’intérêt, puis symbole d’une droite rigide et « anti-sociale » dans la conduite des réformes en 1995-1997, il se sera métamorphosé en « sage », apaisant la gestion de la municipalité bordelaise et conduisant les affaires extérieures du pays (Défense, Affaires étrangères) au nom de l’intérêt général, tandis que Nicolas Sarkozy suivait sa double trajectoire le long de l’idéologie ultra-droitière et selon les méandres d’intérêts financiers louches.
Contre la machine socialiste
Une deuxième explication est elle aussi banale.
Mal conseillée, me semble-t-il, par des experts issus du même bord, flattée par des politologues se faisant commentateurs sur les médias locaux (TV7) et entretenue par un grand quotidien se contentant le plus suivant d’accompagner l’actualité politique locale sans guère de sens critique – d’ailleurs en contradiction avec ses excellentes pages sur la vie politique et sociale nationale –, ce qu’on peut appeler sans risque « la classe politique socialiste » de l’agglomération bordelaise s’est assoupie dans son ronron de « caste » et de « réseaux » d’appareil.
Heureusement sans les phénomènes de corruption qui ont caractérisé les Bouches-du-Rhône et le Pas-de-Calais, et, à une moindre échelle, l’Hérault, le Parti socialiste de Gironde aura néanmoins été victime de son « féodalisme ». Des barons (Philippe Madrelle, Michel-Sainte-Marie, entre autres), des réseaux de népotisme (la famille Madrelle), des apparatchiks s’auto-promouvant chefs d’appareil et candidats (Alain Anziani, etc.), des batailles de clans lors de la désignation des candidats en 2007 puis en 2012 – comme les bruits n’ont pas manqué de se répandre, dans la presse et les « échos » –, des relents d’amertume exprimés par tel ou tel « recalé », ce sont autant de facteurs qui ont brisé l’élan de rénovation.
Or une nouvelle génération était apparue ; des femmes dynamiques avaient percé (comme la maire d’Eysines et conseillère départementale, Christine Bost) ; du punch avait été montré (y compris par Vincent Feltesse ou Marion Paoletti, par exemple).
On avait même vu Gilles Savary, figure de proue cohérente, parvenir à vaincre les magouilles de l’appareil madrelliste qui voulait l’empêcher d’être le candidat aux législatives de 2012 dans le Sud-Ouest girondin, à gagner de quelques voix la primaire devant un maire du Teich trop timoré pour défendre son mandat de sortant sur le Bassin d’Arcachon.
Bref, le citoyen de base avait l’impression que les socialistes étaient devenus, ici comme souvent ailleurs, une simple « machine de pouvoir » et un outil de défense de ses « intérêts bien compris », c’est-à-dire la gestion des budgets de fonctionnement des municipalités, des communautés de communes, des syndicats intercommunaux de services collectifs ou des sociétés de gestion sociale, comme le logement social (Gironde Habitat) – et cela malgré les discours souvent gauchisants d’un Philippe Madrelle se positionnant sans cesse en défenseur des valeurs de la gauche républicaine issue du mitterrandisme. Or seuls quelques élus ont échappé à cette vague de morosité, tel Alain David à Cenon ou Christine Bost à Eysines, par exemple.
Malgré parfois leur valeur personnelle et toute l’estime que les citoyens pouvaient leur porter (comme pour Ludovic Freygefond au Taillan), on peut prétendre que c’est bel et bien cette « machine socialiste » girondine qui a conduit à cette implosion, comme si des failles souterraines avaient soudain creusé un fossé d’effondrement.
On se croirait dans les dernières années de la SFIO, dans les années 1960, quand on condamnait le « social-molletisme », c’est-à-dire les socialistes dirigés par Guy Mollet entre 1946 et 1969…
La « peur sociétale » stérilise l’intelligence républicaine
Malgré des foyers d’expertise pointus à Sciences Po Bordeaux ou à l’Université de Bordeaux, tout semble converger pour laisser croire que les dirigeants et candidats socialistes n’ont pas mis à jour leur corpus de données sociologiques et socio-mentales. Ils auraient dû lire Christophe Guilluy (Fractures françaises, collection « Champs essais », Flammarion, 2013 ; première édition, 2010) et suivre plus souvent l’émission C dans l’air, si riche en débats entre experts.
Les médias locaux de complaisance et les réseaux de connivences intellectuelles et idéologiques ne suffisent pas en effet à stimuler l’esprit d’ouverture sur les changements de la société et des mentalités.
Or tout laisse accroire que le recul dans nombre de communes (Artigues, Carbon-Blanc, au premier chef) est d’abord provoqué par les inquiétudes – si l’on accepte d’utiliser ce mot, car on pourrait aller jusqu’à parler d’angoisses sociétales – de couches sociales petites-bourgeoises et populaires de toutes ethnies et croyances devant la fragilité des rapports sociétaux de communautés de proximité.
Quelle que soit la validité de cette perception chez elles – et l’intellectuel moyen-bourgeois est bien mal placé pour porter des jugements de valeurs républicains –, elle est bel et bien une réalité, « un fait ».
Peur de rater les chances de l’ascenseur social, craintes de la compétition sur le marché de l’emploi, des diplômes, sentiment de l’incapacité de « l’école publique » de se réformer suffisamment vite pour réparer la « boîte à outils » de la lutte contre l’analphabétisme, le décrochage d’un petit cinquième des élèves en CM1-CM2/Sixième et Cinquième, craintes devant l’hyper-fluidité et flexibilité d’un monde du travail en pleine recomposition dans sa nature même à cause de la crise structurelle du système productif globalisé et de la mise en compétition des entreprises, des agglomérations, des pays, et donc de chaque travailleur, au nom de la fameuse « performance » : ce sont autant de leviers de cette « peur sociétale », qui brasse les cœurs individualistes et familiaux, et stérilise les intelligences républicaines, ou plutôt donne la priorité à « l’intelligence des cœurs ».
Ce sont autant de membres (massifs) de la nouvelle « France des petits » qui veulent placer leurs enfants dans les écoles catholiques (comme le collège Sainte-Claire à Floirac), qui rêvent de déménagements dans des groupements de petites maisons ou de logements sociaux ou moyens dégagés des quartiers d’immigrés récents, qui imaginent quelque « redressement » territorial qui prendrait en compte ces aspirations sociétales en faveur d’un « mieux vivre » – donc sans parler ici des considérations sur la conjoncture économique et sociale, qui joue en sus, bien entendu.
Déjà, en région parisienne, nombre de communes de la célèbre « banlieue rouge » communiste avaient été conquises depuis une douzaine d’années par des maires de « droite dure ». On peut suggérer qu’un tel glissement vient de se produire dans certaines villes de l’agglomération bordelaise, donc aux dépens des socialistes, qui incarnaient trop la résignation, la complicité même, avec des situations de fait qu’ils ne semblaient plus trop vouloir ni pouvoir maîtriser ni bouleverser.
Le socialisme municipal de cette deuxième décennie du XXIe siècle ne semble plus correspondre à des aspirations imperceptibles peut-être de loin (= de haut, socialement ; de loin, territorialement), peut-être illégitime dans le cadre des « valeurs » de la République, mais réelles : plus de « fermeté », dans la vie scolaire, dans la gestion de l’ordre – trop d’incivilités ou de petites plaintes contre des larcins n’aboutissant pas –, dans la gestion des résidences de logements sociaux, etc.
Le Front national n’a guère profité de ces aspirations, en contradiction avec mon avant-dernier chapitre dans Les tabous de l’extrême droite à Bordeaux (Bordeaux, Le Festin, 2012) – encore que j’y insistais surtout sur les territoires rurbains plus que sur les proches banlieues.
C’est donc la droite classique qui a tiré les marrons du feu !
Des petits bourgeois guère pénétrés de « l’esprit de changement »
Dans le même temps, sur d’autres communes, ce sont d’autres changements sociaux et sociétaux qui ont pu provoquer le recul socialiste, sinon la déroute.
Sur Pessac, Le Taillan, Saint-Médard-en-Jalles, voire Mérignac, le développement de l’agglomération, la densification de l’habitat (en petits immeubles moyens ou en lotissements de villas), l’offre d’emplois dans le secteur tertiaire ou dans l’ingénierie industrielle innovante (aérospatial, pôle de Marcheprime, électronique) auront étoffé de nouvelles classes moyennes et moyennes-supérieures, ou des couches petites-bourgeoises aisées.
Or celles-ci ne sont guère pénétrées apparemment de « l’esprit de changement » socialiste, de Mitterrand et Jospin à Hollande. Au « Changer la vie » collectivement, elles semblent préférer l’ascension sociale individuelle et familiale.
Plus les maires socialistes y tenaient le discours (convenu) de leur soutien à l’innovation – dans le sillage du président de la Région, quant à lui tout à fait dans sa fonction, car la Région a comme fonction une politique de soutien à l’innovation –, plus ces nouvelles strates d’électeurs s’en détournaient puisqu’elles percevaient le décalage entre ces propos et la réalité de la « machine socialiste » (voir plus haut).
On peut prétendre par conséquent qu’un rééquilibrage est en cours, peut-être pas encore achevé, d’où ce sentiment de résultats moitié-moitié dans plusieurs communes (Pessac, Saint-Médard-en-Jalles), mais en tout cas puissant et durable. Encore faudra-t-il que les droites et centres sachent eux aussi se rénover (dans leurs pratiques, leurs idées, leurs candidats aux prochaines élections) pour répondre à une telle demande sociale et politique…
Bref, on aura connu d’amples changements en 1959/1965 (au profit des gaullistes), en 1971/1977/1983 (au profit des socialistes), une forte alternance en 2008. Ces élections de mars 2014 sont tout autant l’expression de mutations en profondeur des mentalités des citoyens et des couches sociales qu’une réaction à une crise politique nationale. Cela dit, j’ai conscience qu’un historien de l’économie, des entreprises et des banques manque de légitimité pour venir concurrencer sociologues, politologues et historiens du politique… Mais un site comme Rue89 Bordeaux est un champ de débats, et j’attends les critiques avec vaillance !
La gouvernance nationale de ce parti se « vitrifie » par une prise en main de personnes très éloignées de la réalité et trop ancrées dans un formatage corporatiste.
D’abord, le contexte national : on ne peut imputer 100% du recul en voix à un rejet du socialisme girondin. Il y a un désaveu de l’action gouvernementale qui pèse lourd dans les mauvais scores de certains sortants de gauche, ici comme ailleurs en France. La vague bleue n’a pas épargné la CUB, et les leaders locaux du PS ne peuvent être tenus pour seuls responsables de leur échec.
Ensuite la question du cumul. Si les militants socialistes de l’agglomération s’accommodent, ou même apprécient, le cumul des mandats dans l’espace et dans le temps, et donnent du crédit à l’idée d’hommes (jamais de femmes) providentiels, irremplaçables, tellement talentueux qu’on aurait besoin d’eux partout et à jamais, les néo-bordelais ne souscrivent pas forcément à cette vision des choses. Ils peuvent s’étonner que des édiles n’envisagent pas de passer la main après 30 ans de mandat et estimer que l’alternance politique est l’oxygène de la démocratie, à défaut de capacité de renouvellement chez les sortants.
Par ailleurs, mesurons que la sclérose du Parti socialiste français n’est pas que girondine, n’est pas que locale, à l’évidence. On peut être narquois et constater que les syndromes solfériniens ne sont pas que germanopratins.
Rechercher l’explication dans les aspirations individualistes des « nouvelles classes moyennes et moyennes-supérieures, ou des couches petites-bourgeoises aisées » une piste ? Peut-être, mais n’oublions pas que le désaveu évident de la majorité en place, dimanche dernier, témoigne de bien des choses, de mouvements autres, et d’une radicalité potentielle qui ne se situe pas qu’à l’extrême-droite.
En même temps, Oui !, les erreurs locales ont joué et se sont surajoutées.
Sur la CUB, à Saint-Médard-en-Jalles, laisser Serge Lamaison se représenter après 31 ans de mandat en était une manifestement. Au-delà des positionnements politiques la lassitude était patente
Et que dire enfin de cette incroyable faute de communication de Vincent Feltesse, à quelques jours du scrutin, jetant déjà l’éponge à l’avance.
(http://www.sudouest.fr/2014/03/01/l-etrange-aveu-de-feltesse-1476764-2780.php).
Les militants qui s’activaient encore sur le terrain ont dû apprécier que, souverainement, péremptoirement, il postule à la mairie certes mais, en fait, c’était pour "sa" place, son boulot de dans 6 ans... Ceci étant et ceci tout rappelant qu’il a enseigné la communication politique durant des années. Un étudiant de 1ère année à l’IEP ou à l’ISIC (Institut des Sciences de l’Information de la Communication) se serait fait vertement gronder pour bien moins que cela !
Anecdote conjoncturelle, sans doute au final, mais qui renforce un point pertinent de l’analyse d’Hubert Bonnin. Je l’apprécie à partir de mes propres et supposées compétences. « "La classe politique socialiste" de l’agglomération bordelaise s’est assoupie dans son ronron de "caste" et de "réseaux" d’appareil » écrit d’Hubert Bonnin, en précisant, qu’elle fut « mal conseillée [...] par des experts issus du même bord, flattée par des politologues se faisant commentateurs [...] ». Il ajoute : « Les médias locaux de complaisance et les réseaux de connivences intellectuelles et idéologiques ne suffisent pas en effet à stimuler l’esprit d’ouverture sur les changements de la société et des mentalités ».
Vincent Feltesse et de ses amis ont pu être surpris, dit-on, que des journalistes de l’AFP dévoilent les propos, défaitistes et suffisants (pour l’avenir), qu’ils avaient recueillis. Que les paroles en questions aient été « on » ou « off » ne change rien à l’affaire. À tout le moins, il faut y voir une preuve supplémentaire, par l’exemple, du sentiment de connivence entre politiques, politologues, experts et journalistes, universitaires aussi sans doute. Ceci n’aurait pas dû sortir de l’"entre-nous".
Néanmoins, c’est un contre-exemple aussi, les journalistes en question (que je ne connais pas mais que je félicite) n’ont pas succombé à cet "entre-nous" et on fait savoir ce qui devait être su. C’est, malgré tout, un motif de se réjouir. Que « "la pollution" de la perception cognitive de "la marque Feltesse" » en soit durablement (définitivement ?) affectée, pourra sembler un dommage collatéral, mais (au-delà de la "maladresse" du malheureux candidat, que je ne connais pas plus) ceci ne chagrinera pas tout le monde, sur le fond et pour l’avenir.
Jean-Jacques Cheval (Professeur des Universités, Université Bordeaux Montaigne, ISIC)
Il faudrait sortir de votre bureau Mr Bonin..... il y a un rejet grandissant de ce maire depuis plusieurs années, un personnage hautain, méprisant, pas franchement malin, loin des habitants et de leurs préoccupations, et accusé de faits très graves ! Pour une bonne partie de Taillanais, les résultats de dimanche n'ont vraiment pas été une surprise....
Ajoutez le "spectacle" politique offert à Carbon-Blanc avec la dynastie Madrelle, à Artigues avec la vraie-fausse primaire qui ne donne pas le résultat attendu, etc ... , une incapacité à renouveler leur discours et vous comprenez mieux les raisons de ce qui s'est passé
Toutefois, au titre de cette non prise en compte des intérêts sociaux, il me semble qu'il sous-estime les attentes en direction de la démocratie politique, comme pour la question du non cumul des mandats qu'évoque Olivier Costa ci-dessous (et dont il semble que les électeurs aient décidé de l'appliquer eux-même, sans attendre 2017...). Le vote FN semble pour une part alimenté par cette "révolte citoyenne", les listes de ce parti incarnaient en acte (et par nécessité) les mots d'ordre rituels de la vieille politique (rajeunissement, renouvellement, nouveaux entrants davantage à l'image de la société, etc)
De même, les "affaires" (de corruption, d'atteinte à l'esprit public...) n'épargne pas totalement le PS local. L'hommage d'Hubert Bonin à Ludovic Freygefond parait un poil décallé de ce point de vue. Sur le cas Carbon Blanc, et sans connaître les tenants de l'affaire Maurras, le moment où elle a été rendue public comme ses conséquences (retrait de la première adjointe, installation du fils) paraissent étonnants. Ce qui est troublant, c'est que les électeurs de droite ont l'air de s'en ficher (réélection au premier tour des Woerth, Coppé, Balkany,etc, comme s'ils se résolvaient à associer affairisme et politique), et vraisemblablement pas les électeurs de gauche...
MP
Le candidat PS sur Bx n'était pas le bon, n'a pas été bon, il est fait pour tout , sauf pour la politique: hautain, distant presque autant que Juppé à son arrivée sur Bordeaux..
Mais il est évident que le PS n'a pas su se renouveler et renouveler ses candidats et ses élus.
Et il y a une chose qui me paraît évidente : comment faire confiance à Bordeaux à un homme qui a abandonné sa commune Blanquefort en cours de mandat ?
Enfin, les passages sur les baronnies locales, sur ces maires qui se rerereprésentent, et le commentaire signé "Falbala" me font boire du petit lait.
Tout système a une fin et entraîne avec lui ses fidèles et intéressés soutiens, à moins qu'ils ne retournent leurs vestes !
Ceci ne concerne pas quelques un(e)s de mes Ami(e)s qui sont encore de vrai(e)s Socialistes et qui se reconnaitront !
J'ai adhéré au PS entre les 1er et 2ème tour de la présidentielle de 1974. François Mitterrand a, cette fois-là, frôlé l'élection à l'Élysée. La dynamique à gauche était celle, difficile mais exaltante, de l'Union de la Gauche et du Programme Commun. Dans les deux années qui ont suivi, j'ai vu trois cultures politiques partisanes se frotter, débattre, construire : MRG et SFIO d'un côté, PCF de l'autre, et entre les deux un mouvement à cheval sur le syndicalisme (le mairisme, l'autogestion) et et l'action politique (les autogestionnaires, les anciens du PSU de Rocard, le "Courant des Assises" au PS).
Nous étions un parti de militants, passant sous l'impulsion et l'ambition de François Mitterrand, de la culture d'opposition à l'ambition de pouvoir ("vous êtes un parti de pouvoir" martelait le Premier Secrétaire dans toutes ses rencontres avec des Commissions de travail ou avec les Fédérations qu'il rencontrait).
Le PS est devenu un parti de pouvoir... et progressivement un parti d'élus. Je l'avais déjà bien ressenti en passant d'un département de Haute-Auvergne où tout était à conquérir à la Gironde où une tradition SFIO installée avait permis au PS de siéger en quleques places fortes et même de cogérer la CUB. Je m'en suis éloigné après 1981 car le débat s'appauvrissait (nous étions à l'Élysée, à Matignon et dans les palais nationaux... d'autres réfléchissaient pour nous...), sans m'éloigner des amis et sans manquer électoralement aux socialistes.
J'y suis revenu au soir du 21 avril 2002.
Et là, j'ai retrouvé un parti assez caporalisé, j'ai éprouvé le poids, l'autorité, des élus. Il m'est arrivé de ressentir, comme pour d'autres militants, cette impression de..."France d'en bas" comme venait de le sortir un certain J-Pierre Raffarin, lorsque nous étions à proximité de tel ou tel Grand Élu avec lequel nous aurions aimé garder un rapport de... "camarade" à "camarade". "Souviens-toi de qui t'a fait roi !"...
Alors, si un ressenti de militant, en principe indulgent puisque partisan, est tel, demandons-nous ce qu'est celui du citoyen électeur de base, de l'administré, du sujet, en présence de l'élu, de la personnalité politique... Cela peut expliquer un certain abstentionnisme (se superposant à l'effet "national") ici ou là, facilitant un résultat électoral décevant, voir négatif (catastrophique éventuellement).
Quant au cas évoqué par l'auteur, j'avoue en ce jour de 2012 où l'on a appris qu'à quelques heures du dépôt des candidatures aux législatives, Vincent Feltesse lâchait Blanquefort (et... les militants locaux), qu'Emmanuelle Ajon était presque renvoyée à ses chères études sans que l'on sache si Michèle Delaunay s'était révoltée ou avait consenti, tout cela pour partir à la conquête, peu vraisemblable, de Bordeaux, j'ai sur un blog émis quelque critique sur un tel comportement au service d'une stratégie douteuse...
• Plusieurs messages m’ont ainsi reproché de ne pas traiter de deux affaires de corruption supposée ; or, sur un tel thème, il était évident ex ante que le prof de fac n’avait pas à aborder de tels sujets, surtout quand la Justice, comme on dit, suit son cours.
• Un message m’a reproché ma présentation plutôt positive de Ludovic Freygefond, qu’il présente même avec des termes plutôt vifs… Or je me suis contenté de mettre en valeur son rôle politique de responsable de la fédération socialiste. J’étais fort mal placé pour parler de la « personne » même de ce maire et encore moins de son « caractère » !
• « Confits dans leurs certitudes et leurs stratégies », dit un message à propos des maitres de la CUB-ouest, en approuvant mes analyses « sociétales » et sociologiques : l’entretien de ce même L. Freygefond dans Sud Ouest du 26 mars (pp. 14-15) est révélateur de cette logique ; il est tout de même inouï que l’un des patrons du PS en Gironde ose déclarer : « [Le mécontentement] ne s’est exprimé que dans les urnes. 9a a été une campagne cotonneuse [sic]. Vous pensez bien que si j’avais entendu cette colère à l’égard du gouvernement, de même que si j’avais entendu des critiques à l’égard de mon action municipale, j’en aurais tiré les conséquences. Mais on n’a pas saisi le lien entre le mécontentement national et ce scrutin national ». C’est bien la confirmation de cet « autisme » qui aura caractérisé des élus dits « de terrain », face aux changements sociologiques, socio-mentaux et sociétaux des habitants de leur commune ! Comment ont-ils pu ne pas « écouter les silences » de leurs concitoyens ? C’est le signe qu’ils vivent et travaillent en vase clos, pourrait-on suggérer, et donc qu’il faut « réinventer » des formes de militantisme, faire évoluer le recrutement des candidats, etc.
• Il est vrai que je n’ai pas évoqué le cumul des mandats dans le temps, « véritable scandale démocratique en Gironde », que « n’apprécient guère les nouveaux » habitants de ces communes de banlieue. Une critique souligne par exemple que je n’ai pas évoqué le problème de la « relève » : « Les erreurs locales ont joué et se sont surajoutées. Sur la CUB, à Saint-Médard-en-Jalles, laisser Serge Lamaison se représenter après 31 ans de mandat en était une manifestement. Au-delà des positionnements politiques la lassitude était patente. » Mais c’est tellement évident et, là encore, signe d’un renfermement sur elles-mêmes de ces élites, dans la lignée de ce « mollettisme » que j’évoquais dans mon article, que j’avais pas voulu m’épancher sur un sujet aussi banal.
• Un message insiste sur les qualités d’Alain Anziani, « un type bien et intelligent, et un bon sénateur ; et diriger la fédération socialiste pendant autant d’années relève plus du sacerdoce que de l’ambition intéressée ». Je n’en doute pas ; mais, depuis ces derniers trimestres, lui aussi participe bel et bien à cette logique dominante au sein du PS girondin, en osmose avec ses caciques ; il en cautionne le mode opératoire !
• Une critique (virulente) porte sur la pré-candidature de Gilles Savary face à François Deluga pour les élections législatives de 2012 (8e circonscription). Les réseaux madrellistes se seraient mobilisés en faveur de G. Savary, indique un correspondant visiblement bien informé de l’intérieur : « Visiblement mal informé, l’auteur occulte la forte mobilisation de la madrellie [sic] avec les trahisons, coups fourrés, pressions, promesses de prébendes et avantages ou soutiens qui relèvent de la corruption, et surtout activation à outrance des réseaux francs-macs. Ce défaut d’analyse grossier montre une vision bien extérieure et lointaine du terrain. » Je concède donc mon erreur « grossière », tout en restant maître de penser que ce « match » entre G. Savary et F. Deluga n’aura pas été « net » d’arrière-pensées et de coups bas. Laissons des témoins mener l’enquête a posteriori !
• Un correspondant me reproche d’avoir tiré sur Vincent Feltesse « à terre », donc avec quelque lâcheté : « Tirer aussi violemment sur une ambulance (Feltesse) après la bataille est un peu facile et pas très sport… » Mais plusieurs messages m’ont reproché d’avoir été trop bon. L’un d’eux précise ainsi : « Je dirais même qu'aucune pensée un peu intelligible pour le commun des mortels, qui vote - ou qui ne vote d'ailleurs pas - n'était présente dans cette campagne. Parler de "l'Atelier" pour son local de campagne avait un petit côté ouvriériste un peu en décalage avec le petit monde qui l'entourait... » Bref, il est difficile de trouver l’équilibre pertinent dans la critique ; je m’y suis efforcé, et évoquer les images du soir du premier tour, en ce qui concerne V. Feltesse ou J.-M. Ayrault ne me paraît pas exprimer quelque malignité perverse ; et le contraste avec les propos jubilatoires d’A. Juppé était révélateur.
• Sud Ouest et TV7 : je persiste et signe sur le manque de mordant critique dans les analyses journalistiques ; ce ne sont pas les personnes qui sont en cause ; mais une démarche. Développer la narration, l’analyse descriptive, ne suffit pas, à mon sens. Peut-être que l’historien a trop l’habitude de s’épancher en critiques et analyses trop « touffues » ! Mais des questionnements de complaisance ou alors de gentillesse un peu « molle » me semblent devoir être remarqués. Les questions faites à L. Freygefond dans Sud Ouest du 26 mars sont ainsi trop « gentilles », car le journaliste, homme de valeur par ailleurs, bien évidemment, ne rebondit pas sur des réponses vraiment « langue de bois » et convenues. On ne demande pas de se comporter en « roquet » ou « pitbull », mais de ne pas laisser le politique jouer des mots et des lecteurs ou auditeurs. D’ailleurs, une critique est explicite sur ce sujet, quand elle insiste sur le manque d’autocritique au sein de certaines communautés politiques de l’agglomération : « L’angélisme, l’inconscience, l’impossibilité de toute autocritique, ont composé le mélange détonnant qui a explosé dimanche soir […]. Quelques jours avant le premier tour, le candidat PS disait à ses troupes : "Nous faisons une excellente campagne." Enfumage délibéré ou délire ? »
• Il m’a été reproché enfin, à propos de ma 3e partie, de parler de thèmes qui ne sont pas propres à la Gironde. J’en conviens ; mais la Gironde est elle aussi profondément concernée par ces thèmes sociétaux et sociologiques. « Une des erreurs magistrales de cette "gôche bobo" faite d’enseignants et de fonctionnaires, c’est d’avoir perdu tout lien avec les couches les plus populaires : celles qui attendent la paye pour faire le plein de leur vieille Clio de 14 ans, ces précaires nourris aux CDD à temps partiel pour 700/mois, etc. et qui se jettent dans les bras du FN par désespoir », indique un correspondant, beaucoup plus dur que moi, même si les socialistes ne sont pas seulement des enseignants et des fonctionnaires.
• Bref, en conclusion, malgré la gêne ou les réticences apparues chez tel ou correspondant (ou collègue…), malgré quelques erreurs d’ajustement, il apparaît que beaucoup de mes correspondants, sur ce site Rue89bordeaux ou dans leurs courriels personnels, sont encore plus « durs » et acerbes que mes propres analyses. Une interlocutrice m’a interpellé, en suggérant que mes analyses pourraient converger avec celles du Front national ; le danger existe, j’en conviens ; pourtant, si les thèses de ce parti peuvent ici et là s’inspirer de telle ou telle analyse sociologique ou politique parallèle, leur aboutissement est contraire à l’esprit qui sous-tend mon texte : alors que celui-ci vise à susciter le débat, à diversifier les analyses, à sortir les têtes d’autruches du sable, afin de diversifier, ouvrir, actualiser, enrichir les pistes de débats, le Front national est fort réducteur quant aux solutions proposées.
Hubert Bonin, historien
1) Malheureusement pour le PS et ses alliés, Saint-Médard-en-Jalles et Pessac sont "tombés" à droite, comme on dit! Certes, Mérignac est restée à gauche; mais ce sont tout de même deux gros budgets de fonctionnement et deux sources d'emploi de cadres socialisants qui passent à la droite. Il faut en effet percevoir que la détention d'une grosse mairie donne des moyens de gestions, permet de recruter de hauts cadres peu ou prou proches au niveau de l'idéologie (mais compétents, bien entendu!), et enfin constitue une sorte d'école pour jeunes responsables d'un parti, soit au cabinet du maire, soit comme élus. Bref, le PS girondin va devoir remonter la pente pour préserver sa capacité d'action.
2) de façon paradoxale, la défaite de notabilités dotées d'un bon pouvoir d'action va renforcer peu ou prou ce qu'on appelle "la madrellie", puisque le président du Conseil général devient le responsable du premier budget géré par des socialistes... Mais on peut penser que des débats intenses, sinon des "règlements de compte", vont avoir lieu dans les mois qui viennent à propos du fameux "renouvellement" des élites socialistes en Gironde. Ainsi, peut-on imaginer que le sénateur Madrelle se représente en septembre prochain, à son âge et avec une telle co-responsabilité dans la défaite de son parti à ces élections municipales, notamment sur la rive droite?
3) enfin, la perte de la gestion de la CUB prive le PS d'un fort levier d'action: il perd la responsabilité de l'un des plus gros budgets d'investissement publics en Gironde (derrière les hôpitaux, surtout, voire l'armée): c'est une entaille dans son "pouvoir réel", bien que la co-gestion de la CUB ait parfois "dépolitisé" quelque peu cette responsabilité budgétaire; et l'énorme majorité des cadres de la CUB n'est pas "engagée" politiquement, contrairement à ce qui se passe à Marseille. La gauche perd la responsabilités des communautés d'agglomération à Bordeaux, Marseille, Lyon, Toulouse: ce sont autant de blocs de pouvoir budgétaire qui changent de camp!
Par contre la gauche bobo s est endormie et a surfer sur ces acquis
il faut reconstruire sur des bases saines
je crois a un renouveau social dans cette aggloo cub bientot metropole !
L'avenir appartient au FRONT NATIONAL et MARINE LE PEN
et c'est le juste retour des choses .....il fallait bien arreter de prendre les gens QUE pour des CONS !
Deux ans de bonheur intense, pendant lesquels les citoyens girondins ont pu être les spectateurs du lent pourrissement des appareils de gauche, en Gironde comme au niveau national.
Cette gauche qui ment.
Cette gauche qui triche.
Cette gauche qui corromp.
Cette gauche qui échoue.
On souhaite des lendemains très difficiles à tous ces apparatchiks malfaisants qui ont tant trompé leurs électeurs.