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Vague bleue : le ressac emporte aussi Pessac

Si au deuxième tour des élections municipales, la défaite du maire socialiste Serge Lamaison était attendue à Saint-Médard-en-Jalles, celle de son homologue Jean-Jacques Benoît à Pessac est une surprise. Ces résultats amplifient le basculement à droite de la Communauté urbaine de Bordeaux. Floirac et Mérignac restent à gauche.

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Vague bleue : le ressac emporte aussi Pessac

Franck Raynal (à gauche) succède à Jean-Jacques Benoît (à droite) (Photo Stéphanie Pichon/Rue89 Bordeaux)
Franck Raynal (à gauche) succède à Jean-Jacques Benoît (à droite) (Photo Stéphanie Pichon/Rue89 Bordeaux)

La vague bleue a bel et bien déferlé sur la CUB et Alain Juppé s’est empressé de qualifier les résultats de « gifle » pour le PS. Dans les trois villes suivies par Rue89 Bordeaux entre les deux tours, le maire sortant PS de Floirac, Jean-Jacques Puyobrau, l’a emporté, Serge Lamaison s’écroule à Saint-Médard-en-Jalles et Jean-Jacques Benoît laisse échapper la mairie de Pessac. C’est aussi un échec pour Alain Rousset, le président de la région Aquitaine, qui a annoncé sa candidature en 2020 dans son fief.

La chute du bastion pessacais

Après une attente trop longue, dans un hôtel de ville de Pessac surchauffé par les supporters de Franck Raynal, Jean-Jacques Benoit, maire sortant socialiste, annonce enfin les résultats, la mine défaite. Il le sait depuis une bonne demi-heure : la gauche a perdu la 3e ville de l’agglomération, bastion socialiste depuis 25 ans.

Grand vainqueur, avec 51,89% des voix, Franck Raynal (UMP), 42 ans, actuel directeur du CHU de Saint-André, sera le prochain maire. L’alliance de dernière minute de la liste socialiste avec celle de Charles Zaiter n’aura donc pas suffi. Autour de Jean-Jacques Benoît, c’est l’explosion de joie, à peine l’entend-on prononcer ces mots définitifs :

« Après 25 ans j’ai décidé de ne plus participer à la vie politique locale, je me retire de la vie municipale. »

Jean-Jacques Benoît, le maire sortant de Pessac, se retire de la vie politique municipale (SP/Rue89 Bordeaux)
Jean-Jacques Benoît, le maire sortant de Pessac, se retire de la vie politique municipale (SP/Rue89 Bordeaux)

De son côté, Franck Raynal savoure le plaisir des soirs de victoire, bousculé, alpagué, embrassé. Avant de retrouver dès lundi matin, les premiers devoirs de sa fonction.

« Je sais que j’ai déjà une réunion à la CUB, Alain Juppé veut qu’on s’y mette rapidement. »

Et qu’il doit aussi discuter avec son directeur général pour évoquer son poste de directeur du CHU de Saint-André, dont il ne pourra plus supporter la charge, du moins à plein temps.

« La première chose que je ferai, c’est un audit financier des comptes de la ville, comme je l’avais annoncé, ajoute le nouveau maire. Il faut qu’on dégage des marges de manœuvre. »

La foule venue nombreuse est métissée, à l’image de la liste du nouveau maire UMP, dont la radiologue Zeineb Lounici, d’origine algérienne fait partie, à la 16e place.

« Mon engagement auprès de Franck Raynal, c’est pour donner un nouveau visage à la diversité. La gauche n’a fait que nous leurrer et a lancé des promesses jamais tenues. »

Un maire « pas assez à l’écoute »

Un point de vue partagé par des habitants de Saige, quartier populaire de Pessac, qui ont préféré garder l’anonymat.

« C’est nous qui avons fait élire Franck Raynal dans notre quartier. Pour la première fois on s’est engagé, on a tracté, on a fait de la contre-propagande, on est allés dire aux gens d’aller voter. On sait qu’il ne va pas tenir toutes ses promesses, mais au moins il vient nous dire bonjour et nous regarde droit dans les yeux. »

Pour M. Cheyssou qui habite depuis 1976 à Pessac, et a connu cinq maires, Jean-Jacques Benoit n’était pas assez « à l’écoute ». Et d’analyser que derrière son éviction, c’est aussi celle d’Alain Rousset.

« Les gens en ont ras le bol, ce n’était pas lui rendre service que de se mettre dernier sur sa liste. »

Au moment du coup de grâce hier soir, Alain Rousset n’était d’ailleurs pas là, à l’hôtel de ville, mais sur les plateaux télé. Signe que la défaite ne se partage pas. Surtout quand on a déjà affiché ses ambitions de reconquérir Pessac en 2020.

Avec 41,81% d’abstention, Franck Raynal est élu maire grâce à 51,89% des voix contre 48,11% pour le Jean-Jacques Benoît qui a annoncé son retrait de la vie politique.

Franck Raynal, victoire éclatante à Pessac (SP/Rue89 Bordeaux)
Franck Raynal, victoire éclatante à Pessac (SP/Rue89 Bordeaux)

Lamaison victime de la Juppémania

Le champagne coulait à flot à la permanence de Jacques Mangon. La troisième fois sera la bonne pour ce pharmacien de 53 ans. Il avait bénéficié du soutien appuyé d’Alain Juppé qui s’est rendu dimanche soir à Saint-Médard pour être de la fête.

Quelques minutes après son élection, le nouveau maire de Saint-Médard-en-Jalles a déclaré :

« C’est un projet de renouveau, c’est le sens de cette élection. »

Pendant ce temps, Lamaison, effondré, ressasse le passé et s’en prend au contexte national :

« Je laisse un bilan extraordinaire. On est victime d’une vague nationale et de la Juppémania. »

Le maire sortant a certes apporté à la commune, entre autre, le rayonnement du Carré des Jalles et sa médiathèque, réussi malgré l’éloignement de rester accroché au wagon culturel du Conseil général en assurant plusieurs fois le lancement de la saison de l’Iddac sur sa commune, soutenu le sport avec l’installation d’équipements sportifs accessibles aux habitants de la commune, a piloté les travaux de l’aménagement d’une zone piétonne non loin de sa mairie… mais il n’a pas pu rassurer au sujet de la densification des habitats voulus par la CUB et le quota des logements sociaux.

Ainsi, après 31 ans à la mairie, Serge Lamaison (39,79%) cède sa place à Jacques Mangon (60,21%) sur un score sans appel, l’abstention ayant atteint 29,38%.

A Floirac, la gauche s’accroche

C’est sans surprise que le maire sortant, Jean-Jacques Puyobrau a été réélu à Floirac. Avec 41,8% des voix, sa liste d’union de la gauche devance de près de 10 points le candidat de l’union de la droite, Nicolas Calt, arrivé second avec 32,83% des voix.

Le candidat du Rassemblement bleu marine, Gérard Belloc fait, quand à lui, moins qu’au premier tour avec 15,89% (contre 19,19 % dimanche dernier).

En dernière position, Miguel Menendez du Front de Gauche perd 3 points et obtient 9,50% des voix.

La participation en très léger recul n’atteint pas les 50% ( 49,80 % ce dimanche contre 50, 20% le 23 mars dernier). Au conseil municipal, les socialistes devraient pouvoir compter sur une large majorité avec 24 conseillers, 6 pour la droite, 2 pour le Front national et 1 pour le Front de Gauche.

Feltesse : entre regrets et félicitations

Dans la soirée, Vincent Feltesse, candidat PS battu au premier tour dans la course à la mairie de Bordeaux, et président pour quelques jours encore de la Communauté urbaine de Bordeaux, a livré son analyse du scrutin dans un communiqué de presse :

« Les résultats qui se dégagent de ce deuxième tour doivent être entendus comme un sévère avertissement. La situation est inédite tant les préoccupations et les impatiences en matière de politique nationale l’ont emporté sur les enjeux locaux. Ces résultats représentent une sérieuse alerte pour l’ensemble de la gauche et les partis engagés dans l’action gouvernementale. »

Il a posté un tweet pour féliciter les vainqueurs du parti socialiste, peu nombreux.

Interviewé sur France 2, Alain Juppé, le maire de Bordeaux élu au premier tour, a surtout insisté sur les scores du Front national, estimant qu’à l’échelle du pays comme à celle de la CUB, « la vague Bleu Marine s’est transformée en mascaret ». Onze villes conquises par l’extrême-droite, est ce une simple vaguelette ?


#Alain Juppé

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