L’UBB, peut-être, accèdera aux phases finales du Top 14.
S’il y a un tel collectif à l’UBB, c’est parce que cette équipe lie des sensibilités distinctes, des tempéraments affirmés, autour d’une même quête du jeu, du beau jeu. Toutes choses qui n’enlèvent rien à la part d’abnégation, de courage, à l’esprit de sacrifice, à la part d’ombre sans quoi le rugby n’est rien. « Les hommes les plus éclatants ont un penchant pour les lieux obscurs » notait si justement Chateaubriand. Et lorsqu’il le faut, l’abnégation l’emporte sur le panache. Comme contre Brive ou Perpignan.
Une vraie équipe en somme, un seul et même être, un seul et même corps en quelque sorte. « Qu’on s’imagine un corps plein de membres pensants » écrivait Pascal. Que l’on ne s’étonne pas dès lors de la communion qui s’opère avec son public. Merveilleuse alchimie dont le stade Chaban-Delmas est l’antre. Car il faut un lieu, une demeure pour que la communion soit.
Le sacré aujourd’hui se nicherait-il dans les stades ? Assiste-t-on à l’affirmation de nouvelles églises ? N’exagérons pas ! Mais force est de reconnaître que s’exprime là une foi réelle. Sans transcendance j’en conviens. Après tout, il ne s’agit que d’un jeu. Reste que nos sociétés modernes offrent si peu d’occasions de vivre ensemble une passion commune. Le désenchantement est la règle, les idéologies ont pris un sacré coup de vieux. Exit les idéaux qui rassemblent les êtres et dépassent nos vies ordinaires. Alors, il nous reste ces temps de plaisir, ces lieux où l’on nous épargne de penser à notre place, où le spectacle est la règle. Un spectacle vivant pour reprendre une expression chère au monde de la culture.
L’on sait les difficultés de Laurent Marti pour tenir la barre. Cet homme de conviction, vaille que vaille, a su maintenir le cap et offrir à la cité de Montaigne le seul moment où elle communie vraiment. Tôt ou tard, on peut espérer que le bouclier de Brennus rejoigne enfin la Gironde.
Oh ! Bien sûr, le chemin est encore semé d’embûches, « le passé traîne ses restes dans le présent » écrivait Chateaubriand dans sa somptueuse « Vie de Rancé ». Mais j’ai le sentiment que le pli est pris, le pari en voie d’être relevé. Certes, il est plus facile d’écrire ces lignes au moment où l’Union tutoie les sommets. Reste que les faits donnent quitus à Laurent Marti.
Quel fabuleux pied de nez à nos chimères, c’est un toulousain qui a redonné vie au rugby à Bordeaux. Un toulousain, avec sa bande d’hommes du sud, les Clarkin, Adams, Avei, Chalmers, qui furent les poutres de sa reconstruction. Il fallait bien ce mélange pour secouer un peu la vieille cité, pas si innovante que les clichés veulent bien le dire.
« On dit bien vrai qu’un honnête homme est un homme mêlé » écrivait Montaigne. Laurent Marti incarne à merveille cette pensée si juste. Le bel essai que celui de l’Union !
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