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Raphaël Dupin sur Save : « Le sentiment d’un énorme gâchis »

Raphaël Dupin, actuel président du zoo de Pessac et le porteur du projet Save en tant que directeur général de la société délégataire, ne cache pas sa déception après l’abandon, officialisé ce jeudi, de ce projet de grand parc animalier au Bourgailh. Entretien.

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Raphaël Dupin sur Save : « Le sentiment d’un énorme gâchis »

Image de synthèse du projet Save : l'entrée (DR)
Image de synthèse du projet Save : l’entrée (DR)

Raphaël Dupin (DR)
Raphaël Dupin (DR)

Raphaël Dupin y croyait. Le projet Save, porté par le directeur du zoo de Bordeaux-Pessac, était sur les rails et sa réalisation sur le point d’être lancée. Mais l’arrivée de Franck Raynal (UMP) à la mairie de Pessac, qui avait fait campagne contre, a tout changé. Alain Juppé, président de la Communauté urbaine de Bordeaux, a planté ce jeudi le dernier clou dans le cercueil de Save, en annonçant que la Cub ne financerait pas ce nouveau parc animalier. Le maire de Bordeaux avait pourtant voté pour en tant que vice-président en 2013.

 

Rue89 Bordeaux : Quelle est votre réaction à l’abandon du projet Save ?

Raphaël Dupin : C’est à la fois une grande tristesse et le sentiment d’un énorme gâchis. C’est un beau projet qui avait tout pour aller jusqu’au bout, il était sur de bons rails. C’est le travail de plusieurs équipes qui est mis à la poubelle, que ce soit l’équipe actuelle du zoo ou l’équipe de conception : les architectes, les paysagistes, les zoologues… Et le travail de ceux qui se sont investis pour proposer un projet enthousiasmant pour tout le monde : collectivité, partenaires privés, visiteurs et bien sûr les animaux.

C’est un projet porté par les élus depuis le début des années 2000. Il a pris une forme définitive début 2012, suite à un appel d’offre lancé par les collectivités où deux regroupements d’entreprises ont répondu. Les collectivités ont choisi de retenir le zoo de Pessac pour réaliser le futur projet Save en juillet 2013. Depuis, on a travaillé et on en était au stade du permis de construire, de façon à débuter les travaux en 2015 et ouvrir en 2017.

C’est donc un projet que les pouvoirs publics ont d’abord voulu et voté ?

Le Syndicat Mixte Pôle Touristique du Bourgailh a délibéré en juillet 2013 sur l’attribution d’un contrat de délégation de service public sur 25 ans. Il fallait ensuite réunir des financements des collectivités publiques partenaires. Le coût global du projet est de 40 millions d’euros (pour information la réhabilitation du zoo de Vincennes a coûté 160 millions d’euros). Sur le budget global de Save, 22 millions étaient à prendre en charge par les collectivités : 7 millions par la Région Aquitaine, 7 millions par la ville de Pessac et 8 millions par la Cub.

Après délibération, la Région a voté en faveur du projet, la ville de Pessac également et l’a inscrit dans ses dépenses. La Cub a aussi délibéré favorablement pour ce projet lors d’un vote avec une seule voix contre, celle de Franck Raynal, l’actuel maire de Pessac. Alain Juppé, alors vice-président, a voté pour. D’où notre vraie surprise aujourd’hui face à l’abandon du projet.

Je tiens à préciser que dans le modèle économique de Save, les collectivités retrouvaient leurs investissements sous forme de redevances sur la durée du contrat.

Quelles sont les conséquences de l’abandon de ce projet au niveau financier ?

En tant que délégataire, j’ai engagé des contrats de conception avec des équipes d’architectes, de paysagistes et de maîtrise d’œuvre. Il va falloir rompre ces contrats, ce qui peut conduire à des contentieux et donc des indemnités de rupture de contrats. Il est difficile de chiffrer le montant, mais c’est en centaines de milliers d’euros.

Par ailleurs, il est vraisemblable que les actionnaires privés de la société délégataire (Caisse des dépôts, Caisse d’Epargne et le groupe Saur) fassent valoir leurs droits de retrait et exigent le rachat de leurs parts par la ville de Pessac et la Cub pour une somme d’environ 850 000 euros.

Quels étaient les points forts du projet ?

Le zoo de Pessac est la première attraction familiale non subventionnée sur la Cub. L’abandon de son évolution est regrettable, d’abord parce qu’on était sur le point de réaliser un des plus beaux zoos d’Europe. On avait l’avantage de concevoir un zoo sur un terrain vierge, en y mettant tout ce qui se fait de mieux actuellement pour remplir les missions d’intérêt général qui sont celles d’un zoo.

Un zoo, ce n’est pas juste mettre des animaux en captivité. Il doit bien sûr répondre à sa fonction de structure de loisir familial, mais c’est aussi une structure qui a plusieurs missions : le développement économique, car le projet Save était sur le point de créer 40 emplois en CDI et 20 emplois saisonniers, sans compter la centaine d’emplois indirects ; la conservation, car  nous allions accompagner une vingtaine d’associations locales de défense de l’environnement, avec un budget de 300 000 euros par an consacré à la conservation de la biodiversité en Aquitaine ; la pédagogie avec des outils numériques pour sensibiliser le public aux problèmes de la biodiversité ; enfin, la recherche, via des partenariats avec des laboratoires des universités bordelaises et des entreprises privées.

Dans l’état actuel, le zoo de Pessac ne peut pas remplir ces missions. C’est un zoo vieillissant qui a besoin, pour perdurer, d’un fort investissement de remise aux normes. Mais cela ne nous empêche pas cette année d’enregistrer 25% de croissance. Il y a plus de 100 000 visiteurs payants, dont 20 000 Pessacais.

Le zoo est à vendre ?

Nous ne sommes pas au courant.

Rien à dire sur cette question ?

Il faut faire attention avec ce projet de revente. Il faut que l’hypothétique acheteur ait un vrai projet de développement pour améliorer les missions d’intérêt général, les infrastructures, les conditions de travail…


#Alain Juppé

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