Utiliser des multiprises pour couper les veilles de ses appareils (les box téléphone-internet sont particulièrement énergivores). Aérer chez soi 5 minutes par jour en hiver (ça déshumidifie l’atmosphère et facilite le chauffage des pièces). Prendre des douches de moins de 5 minutes.
Les éco-gestes, ce n’est pas sorcier. Dans un guide réalisé pour le Défi des Familles à énergie positive, une opération qui démarre le 1er décembre partout en France , l’Ademe (agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en présente 100.
Et ça peut rapporter : plus de 200 euros par an sur les factures d’eau, de gaz et d’électricité par ménage participant – 80 lors des deux éditions précédentes à Bordeaux, au moins autant espérées cette année (les inscriptions s’achèvent le 15 novembre).
« J’ai économisé 267 euros en moins d’une année, se réjouit Jackie Gonin, capitaine de l’équipe Eco Saint Louis, deuxième de l’édition 2013-2014. Je suis locataire en HLM et comme le propriétaire n’avait pas envie de faire des travaux, on essaie d’agir quand même, on lutte contre les courants d’air en colmatant ce qui peut l’être. »
Les écureuils écolos ont mis la barre haut
Pour s’engager dans la transition énergétique et contribuer à sauver le climat, l’objectif est de réduire de 8% sa consommation par rapport à l’hiver dernier. Un chiffre pulvérisé par les familles bordelaises lors des éditions précédentes : elles ont réduit en moyenne leur consommation d’énergie de 16% (de 32,51% pour les vainqueurs, Les écureuils écolos, sept familles du Grand Parc), et leur consommation d’eau de 17%.
« C’est une économie de 103 MWh, soit la consommation électrique annuelle de 30 foyers français, près de 18 tonnes de CO2 évitées, et 500 m3 d’eau économies, équivalant à 8 piscines, estime Anne Walryck, vice-présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux en charge du développement durable. Si chaque bordelais participait au défi des familles à énergie positive, l’économie réalisée représenterait chaque année la production de 4 parcs photovoltaïques de même taille que celui du Parc des expositions (300 000 m²) ! »
Les éco-gestes sont pourtant l’objet de railleries : qu’importe de fermer l’eau du robinet quand on se lave les dents si le voisin nettoie son 4X4 avec des torrents d’eau potable ? N’est ce pas du ressort de la puissance publique d’imposer ou de financer la rénovation thermique des bâtiments ?
« On assiste à un petit essoufflement des Défis dans les territoires, et on est heureux que Bordeaux, mais aussi Talence et Bourg-sur-Gironde, dans le département, se mobilisent sur la route de la sobriété heureuse, reconnaît Raphaël Channeliere, chargé de mission à l’Ademe Aquitaine. Car on constate que la maîtrise de l’énergie, ça s’apprend, et il faut l’accompagner avec ce type de démarche ludique, pédagogique, et montrant qu’on peut faire des économies à confort égal. »
En outre, poursuit Raphaël Channelière, « le contexte alarmant s’y prête, avec les derniers rapports des scientifiques du Giec sur le changement climatique, et l’augmentation des tarifs de l’électricité. »
L’aspect financier déterminant
Pour faire baisser leurs factures, les familles sont épaulées à Bordeaux par les associations pilotant les Espaces Info-énergie. Elles mettent notamment à disposition des volontaires des kits d’économie d’eau et d’énergie (coupe-veille automatique, bas de portes adhésifs, sabliers pour le bain qui ont apparemment du succès auprès des enfants…), et animent des réunions régulières.
« Chacun y vient avec un relevé hebdomadaire de ses compteurs, et cela a par exemple permis de repérer chez quelqu’un un radiateur défaillant ou une fuite d’eau », témoigne Jackie Gonin.
Le tout soude les équipes, voire les familles elles-mêmes, comme l’explique Bocar, habitant du Grand Parc et membre des Écureuils écolos, lauréats lors de la dernière édition :
« Mes deux garçons de 24 et 27 ans utilisaient de façon inconsidérée la machine à laver le linge, ils faisaient plusieurs lessives par jour. Cela générait beaucoup de gaspillage, mais j’avais du mal à les canaliser. Je les ai emmené aux réunions, où on pouvait échanger avec une coordinatrice de la CLCV. Cela m’a permis de poser le problème dans un cadre établi, et le fait de participer à une équipe, d’avoir des objectifs communs, a fait prendre conscience du problème à mes garçons, qui se sont beaucoup impliqués dans l’épreuve. A l’arrivée, on a fait une économie de 108 euros. »
L’initiative séduit des publics différents. Étudiante à Sciences Po Bordeaux, Marie Tournier tente par exemple de mobiliser les gens autour d’elle.
« L’aspect financier est bien sûr déterminant pour les étudiants. Avec ma colocataire, on l’a déjà constaté : rien qu’en faisant attention à éteindre les lumières en sortant d’une pièce, ou en évitant de laisser les chargeurs de téléphone sur les prises, EDF nous a remboursé une partie de la facture. Cela demande tout de même quelques négociations, ma colocataire aime bien qu’il fasse plus de 20° chez nous. Pour avoir quand même chaud à 19° (température des logements recommandés par l’Ademe, NDLR), on va installer des rideaux, on mettra des pulls, et je lui ai promis de lui prêter une bouilloire ! »
Jeté avec l’eau du bain
Selon une étude sur la pérennité des éco-gestes chez les familles à énergies positives après le défi (voir ci-dessous), réalisée par des sociologues de Sciences Po Grenoble, « les participants qui ont réduit leur chauffage l’année du défi ne l’ont en général pas ré-augmenté l’année d’après, certains le coupant même dans certaines pièces ». Mais « pour quelques-uns, la diminution est vécue comme un traumatisme lorsqu’ils le font pour répondre à des difficultés budgétaires, ce qui n’est pas le but du défi ».
Autres points positif : « Couper des appareils électroménagers ou cesser d’utiliser des appareils est un geste facilement maintenu dans le temps. La consommation effrayante du sèche-linge est souvent une révélation ».
En revanche, le froid est un poste d’économies méconnu et peu appliqué – « le nettoyage des grilles derrière le réfrigérateur est souvent mis de côté parce qu’il suppose un déplacement lourd et… poussiéreux ! »
Et « l’eau est un point sensible qu’il est difficile de changer chez l’adulte, mais semble-t-il, encore plus chez l’adolescent qui prend des douches très longues et avec qui il est presque impossible de négocier sur ce point ». Même en passant un savon.
Étude sur la pérennité des éco-gestes chez les familles qui ont participé au défi.
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