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Polémique autour de l’automatisation des Parcs-relais

Arrivé à échéance le 31 décembre 2014, le contrat qui lie Phone Régie à Keolis ne sera pas reconduit. Ce dernier, délégataire en charge des transports de la CUB, veut automatiser des services jusque là assurés par 90 personnes qui s’inquiètent de leur avenir professionnel.

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Polémique autour de l’automatisation des Parcs-relais

Le parc-relais de Mérignac Arlac (DR)
Le parc-relais de Mérignac Arlac (DR)

« Nous travaillons en tant qu’hôtesses et hôtes d’accueil sur les parcs relais. A la reconduction du contrat, Keolis a proposé à la CUB l’automatisation des services. La CUB a accepté, sachant qu’une centaine de personnes se retrouveront au chômage, sacrifiés sur l’autel du profit ! Alors que la moyenne d’âge n’est pas loin des 50 ans, tranche qui rencontre énormément de difficultés sur le marché du travail… »

C’est le résumé de la situation par Ghislaine Lesage, déléguée syndicale de la filiale Phone Régie à Bordeaux. Cette société parisienne est prestataire de service auprès de Keolis et emploie une équipe d’agents pour informer les usagers et les guider dans 10 des 15 parkings de l’agglomération en relais avec le transport en commun.

Hervé Lefèvre, directeur général de Keolis Bordeaux, se veut rassurant :

« Nous avons des solutions pour éviter la casse sociale et nos propositions font partie de l’offre faite à la CUB. Dans notre futur projet, il y a une généralisation de l’automatisation des parcs-relais mais aussi une nouvelle manière de les gérer avec la création d’agences commerciales sur 8 parcs-relais. 30 postes d’agents commerciaux, d’agents de sécurisation et de maintenance des parcs seront donc à prévoir. »

« La perte du marché n’a jamais été évoquée »

Au siège parisien de Phone Régie, la direction est prise de court par la perte du marché. Selon Emmanuel Gautret, directeur général adjoint en charge des ressources humaines, la nouvelle est tombée de façon abrupte alors que la question de la reconduite du contrat est soulevée depuis juin 2014 :

« Je comprends que Keolis n’ait pas pu faire autrement puisqu’ils ont eux-même appris fin octobre que leur contrat de délégation de service public avec la CUB était reconduit. On a cependant été sollicité pour proposer un aménagement de la prestation, mais la perte définitive du marché n’a jamais été évoquée. »

Hervé Lefèvre dément cette version :

« Nous avons évoqué la fin du contrat depuis juin 2014. Notre nouvelle proposition à la CUB présentait déjà le projet d’automatisation des parcs-relais. Cette proposition a été votée à l’unanimité. »

En effet, vendredi 31 octobre, les élus de la Communauté urbaine de Bordeaux ont renouvelé le contrat avec le Groupe Keolis, opérateur depuis 2009 du réseau TBC qui dessert 28 communes et 720 000 habitants.

Ce nouveau contrat de délégation de service public est d’une durée de huit ans et sera effectif au 1er janvier 2015. Dans le communiqué de presse du groupe, le contrat prévoit de « générer un chiffre d’affaires cumulé de 1,7 milliard d’euros (…) et une hausse de fréquentation de 34% ainsi qu’une augmentation de 7% de l’offre kilométrique grâce, notamment, à l’extension des lignes de tramway ».

Un délai pour le reclassement refusé ?

« Depuis la création du réseau de tram en 2003, le personnel a été repris par les sociétés à qui on déléguait l’accueil des parcs-relais, précise Ghislaine Lesage. Aujourd’hui, on décide sans scrupule. Il y a pourtant eu une proposition de renouveler le contrat entre Phone Régie et Keolis : c’est un délai qui permet à Keolis d’entreprendre et de mettre en place son automatisation, et pour Phone Régie de préparer le reclassement des employés. Cette proposition a été rejetée ! »

Hervé Lefèvre affirme qu’il n’a jamais entendu parler de cette proposition. Il assure que l’automatisation sera prête pour début janvier 2015 et que le délai d’un an n’est pas nécessaire :

« Nous avons fait des propositions à Phone Régie. On a donné la liste des emplois pour 2015 et parler de transition du personnel. Nous nous sommes proposés pour aider à accompagner ce dispositif et gérer les situations individuelles. Nous n’avons eu aucune réponse de leur part. Notre nouveau prestataire, Effia Stationnement, sera chargé de transférer le personnel. Au regard des postes prévus, nous allons privilégier les employés à temps plein. »

Sur les 90 emplois menacés, Hervé Lefèvre attire l’attention sur la diversité des contrats dont certains sont « à temps partiel et concernant aussi des étudiants » :

« En dehors des 30 emplois déjà prévus, nous allons proposé un accompagnement social pour les autres employés allant de la formation à la réorientation professionnelle. »

Le code du travail pour dénouer la situation

De son côté, Emmanuel Gautret déclare que sa direction s’en remet au code du travail et en particulier l’article 12.24-1 qui assure le transfert du personnel :

« Le contrat qui nous lie à Keolis, nous en avons hérité avec l’obligation de reprendre le personnel déjà en poste sur les parcs-relais. C’est prévu dans le cahier de charge mais pas dans le contrat commercial. A l’époque, Keolis avait exigé le transfert de ce personnel, ils ont donc conscience que l’article 12.24-1 doit être respecté aux dépens d’un nouveau prestataire. »

Avant Phone Régie, le service des parcs-relais a été assuré par la société Neo Multi Service. L’article 12.24-1 avait déjà permis la reprise du personnel. Keolis laisse entendre donc que Effia Stationnement, nouveau prestataire, devrait en faire de même.


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