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Les 40 lauréats du fonds d’aide à la création révélés

La Ville de Bordeaux a dévoilé lundi les noms des 40 bénéficiaires du « Fonds d’aide à la création », qui irrigue toutes les pratiques artistiques. Cette première vague de l’année est dotée de 246 000 euros, sur une enveloppe de 650 000 euros en 2015.

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Les 40 lauréats du fonds d’aide à la création révélés

La première édition de Lieux possibles, quais de Queyries à Bordeaux (Bruit du frigo)
La première édition de Lieux possibles se tenait quais de Queyries à Bordeaux. La prochaine, soutenue par le Fonds d’aide à la création de la ville, aura lieu à Belcier (Bruit du frigo)

L’aide de Bordeaux à ses artistes est une manne précieuse à l’heure où les budgets de la culture fondent comme neige au soleil. Et surtout « à un moment où la culture et les arts semblent encore plus importantes pour recoller des morceaux, car quelque chose s’est cassé dans cette République », estime José-Manuel Gonçalvès.

Le directeur du 104, à Paris, qui pilote la commission d’attribution du fonds d’aide à la création de la ville, place ainsi l’enjeu des 650 000 euros qui seront cette année accordés à la création bordelaise, et dont la première vague a été détaillée lundi à la Cité municipale.

« La marche extrêmement émouvante du 11 janvier nous oblige à nous mobiliser, à voir une attention renouvelée, ou même nouvelle pour la jeunesse. Elle nous oblige à observer de manière différente les choses, à réinterroger nos pratiques », poursuit José-Manuel Gonçalvès.

Il salue la qualité des projets – « Des choses passionnantes ont été présentées dans les 87 dossiers que nous avons reçus ».

Une aide moyenne de 6150 euros

A l’arrivée, les bénéficiaires, qui se répartissent entre les différents domaines artistiques – arts visuels, théâtre, danse, cirque et arts de la rue, cinéma, musique… – décrochent des subventions d’un montant moyen de 6150 euros, et allant jusqu’à 10000 euros.

Ces sommes peuvent financer l’essentiel d’un projet – 10000 euros sur les 15600 de la résidence-exposition de Zebra 3 à la fin de l’année – ou n’abonder qu’une petite partie du budget – 10000 euros sur les 232 790 euros nécessaires à MC2A (migrations culturelles Aquitaine Afriques) pour « Vaisseau fantôme – Les revenants », résidence d’artistes africains autour des thèmes de la colonisation et de l’esclavage (le projet au budget le plus important parmi les 40).

Ce lundi à la Cité municipale, quatre lauréats ont eu l’occasion de présenter rapidement leurs chantiers en cours. Le terme n’est pas exagéré pour Le Bruit du Frigo, qui recréera en mai 2015 sa Grand Rue à Belcier, quatrième édition de l’évènement Lieu Possible. Le collectif promet un aménagement sous forme de décors de cinéma, et de développer des projets avec les acteurs du quartier, les entreprises – la SNCF, LA Poste… – et les associations comme Ippo, qui travaille avec les prostituées.

Chorale de supporters situationnistes

Emmanuel Commenges, du collectif Monts et Merveilles, a pour sa part présenté Le Laboratoire. Ce projet, bénéficiant de 5000 euros d’aide, est l’un des cinq qui se dérouleront cette année à la Galerie des étables, propriété de la mairie de Bordeaux. Il se situe « à mi-chemin entre arts visuels et arts du spectacle » :

« C’est une performance dans l’espace public qui joue avec la participation des spectateurs, interroge les codes de la société du spectacle et de la consommation pour en montrer les artifices, explique Emmanuel Commenges. La thématique sera les corps et les langages formatés de l’univers du sport et des supporters. On va monter une chorale de supporters et faire une pièce sonore ! »

Alain Juppé a aussitôt suggéré au collectif de se préparer pour l’ouverture du Grand Stade et l’Euro 2016, dont le maire de Bordeaux compte faire une évènement dépassant le cadre du football.

Les évènements assurant l’animation de la ville sont d’ailleurs très présents dans les projets sélectionnés : on retrouve par exemple Bordeaux Soul, projet capsule du festival Relâche d’Allez les filles, ou la deuxième édition de la Semaine Kamikaze (7 évènements dans 7 lieux différents) qui aura lieu du 1er au 7 juin. Mais aussi Bordeaux estivale baroque, ou le concert de lumières Eclipsis.

A quand le bilan du fonds de création ?

Le fonds a ainsi pour vocation d’entretenir de telles initiatives, tout en aidant à l’émergence de talents artistiques. Les plus confirmés (Chahuts, ou la compagnie de danse Rêvolution, qui monte Kreuz, une création de danse hip hop africaine) côtoient des petits nouveaux comme la compagnie Fond Vert, dont la metteuse en scène écrit une ambitieuse pièce en sept épisodes, « Bedford Park », jouée par un seul interprète.

Ainsi, les vagues d’appel à projets de la ville – le 4e se tient jusqu’au 6 mars – permettent de montrer la vitalité des scènes bordelaises. Reste à connaître ses effets sur le long terme, et Fabien Robert, adjoint à la culture, annonce qu’un bilan sera bientôt dressé. Il souligne d’ores et déjà que la ville devra « se saisir de la question de la diffusion » :

« Le fonds permet de booster les projets, mais très vite leurs porteurs se retournent vers la ville pour les aider dans ces démarches. »

Alain Juppé a pour sa part rappelé les grands rendez-vous qui attendent les artistes bordelais : le futur grand festival des arts de la scène issu de la fusion de Novart et Des souris, des hommes, et la prochaine édition d’Agora, décalée d’un an à 2017, pour l’arrivée de la LGV. Autant que les artistes gardent un train d’avance.


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