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La précarité frappe l’aide aux élèves handicapés

Les accompagnants des élèves handicapés ont manifesté ce mercredi partout en France pour dénoncer la précarité de leurs contrats. A Bordeaux, le rectorat apporte des solutions jugées insuffisantes, alors que le nombre d’enfants handicapés scolarisés a plus que doublé en 9 ans.

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La précarité frappe l’aide aux élèves handicapés

Le ​C​ollectif 33 EVS-AVS-AESH de la CGT Educ'Action devant le rectorat de Bordeaux (WS/Rue89 Bordeaux)
Le ​C​ollectif EVS-AVS-AESH 33 de la CGT Educ’Action devant le rectorat de Bordeaux (WS/Rue89 Bordeaux)

Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées devant le rectorat de Bordeaux ce mercredi après-midi à l’appel de la CGT-Educ’action pour exprimer leurs mécontentements face à la précarité de leurs emplois dans l’Éducation nationale.

En cause, leurs contrats de travail à durées déterminés pour la plupart avec un renouvellement limité, une proposition du ministère pour une « CDIsation » qui ne concerne qu’une petite partie des personnels et ne peut être réclamée qu’après 6 années de CDD, de faibles rémunérations qui dépassent rarement les 700 euros, et des temps incomplets imposés qui limitent les droits à Pôle emploi.

« Il s’agit d’un vrai métier »

Pour Franck Dole, co-secrétaire académique régional de CGT Educ’action, « le rectorat exploite à fond ces statuts précaires sous prétexte de restriction budgétaire » malgré le décret de 2014 instituant le métier d’AESH (Accompagnant des élèves en situation d’handicap) :

« Ces contrats ne tiennent pas compte de l’expérience des AESH, ni des EVS (employé vie scolaire), ni des AVS (auxiliaire vie scolaire). Il s’agit d’un vrai métier, il est question d’accompagnement d’handicapés aussi bien pour les aides administratives aux écoles que pour la compréhension des cours. A chaque fin de contrat, le rectorat préfère reprendre de nouvelles personnes, peu qualifiées et sans expérience, ni formation. »

Le rôle des accompagnants auprès des élèves varie selon le handicap. Cette année, Vincent Labatut, AVS en école élémentaire et membre du Collectif EVS-AVS-AESH 33, s’occupe d’un autiste scolarisé dans une école publique non-spécialisée :

« Je dois être avec lui en classe, lui clarifier les énoncés, réexpliquer les cours et prendre des notes pour lui. Il y a des années où j’ai eu deux élèves simultanément. Il faut travailler avec une méthode précise et avoir une certaine expérience. D’autres collègues assistent des sourds muets et font la traduction entre l’élève et le professeur en langage des signes. Il faut être formé pour accomplir correctement ces tâches. »

Un nombre d’accompagnants insuffisant

Karine Commenchal est AESH en collège. Elle est en charge d’une unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS). Celle-ci permet l’accueil d’un petit groupe d’élèves présentant le même type de handicap. Il y en a une dizaine en Gironde :

« Nous sommes que deux à avoir un contrat à durée indéterminé ! Ce métier en exige plus. Je suis responsable d’une ULIS qui accueille 14 élèves alors qu’elles sont normalement limitées à 10. Tous n’ont pas le même handicap, il y a des dyspraxiques, des dyslexiques, des hyperactifs, des autistes… Je dois les aider à faire les devoirs, faire une remise à niveau sur les matières où ils sont en difficulté et reformuler les explications du professeur. »

Selon la CGT Educ’action, 1500 emplois d’assistance existent en Gironde (et 40000 au niveau national). Et ce n’est pas suffisant.

Depuis neuf ans, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisés a plus que doublé en Aquitaine selon les chiffres de l’Académie de Bordeaux. En 2015, ce sont plus de 10 700 enfants et adolescents qui fréquentent les écoles, les collèges, les lycées généraux, technologiques et professionnels de l’académie. Ils représentent environ 2,11% des élèves scolarisés dans le premier degré – écoles maternelles, primaires et élémentaires – pour 2,09% au niveau national, et 1,66% des élèves du second degré – collèges et lycées – pour 1,78% au niveau national.

La réponse du rectorat de Bordeaux

A l’issue du rassemblement, ​Vincent Labatut a été reçu avec Dominique Marchal, co-secrétaire académique régional de CGT Educ’action, par le secrétaire générale de la DSDEN et par l​e​ chef​ du département en charge de la gestion des contrats aidés au Rectorat​ :

« Nous avons demandé une audience afin de faire le point sur les engagements pris par le rectorat et la DSDEN, précise Vincent Labatut. Nous avons voulu faire également le point sur les AVS ou EVS menacés de fin de contrat à la fin de l’année scolaire. Nous avons obtenu la prolongation d’une trentaine de dossiers. Pour la suite, le rectorat nous donne rendez-vous ce vendredi et nous espérons qu’aucun cas ne sera négligé. »

Les représentants du collectif, créé depuis trois mois en Gironde, préviennent que s’ils n’obtiennent pas satisfaction, ils seront de retour pour un nouveau rassemblement :

« L’Éducation nationale manque de personnel et le personnel en place vit dans la précarité, ajoute Vincent Labatut. La mobilisation a été suivie à Toulouse, Nantes, Marseille, Paris et ailleurs. Ce qui montre une dynamique nationale importante fermement décidée à aller au bout. »


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