Lundi midi, Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, coupe le symbolique ruban tricolore devant la première rame de tramway Bougnard – France Alouette. Frank Raynal, maire de Pessac, se félicite de la mise en service de la nouvelle extension du tram B, venant compléter le « maillage multimodal » tissé entre les pôles dynamiques de l’agglomération.
« Cette extension permet de relier les équipements majeurs de cette ligne B. La gare SNCF Alouette, le CHU de Bordeaux, premier employeur de la ville de Pessac, et même si aucune station ne dessert la zone d’activité, c’est l’occasion de se rapprocher de Bersol, troisième bassin d’emploi de Bordeaux Métropole », affirme l’édile.
Si, à terme, 10 000 usagers par jour sont attendus sur l’extension, la fréquentation est timide pour ce premier après-midi de lancement.
Une arrivée remarquée
Au terminus « Pessac Alouette », malgré la chaleur quelques curieux prennent des photos pour immortaliser le moment.
« J’ai vu la première rame partir il y a dix minutes, je vais chronométrer jusqu’au centre ville, pour voir le temps que ça va prendre », ironise un des premiers usagers, dont les grands-parents habitent à proximité.
En théorie, le tram B devrait rallier « France Alouette » à « Victoire » en 30 minutes. Il faudrait compter environ 40 minutes pour un parcours « France Alouette » – « Quinconces ».
Il y a ceux qui viennent savourer le moment et ceux qui « atterrissent » sur l’extension faute d’attention. Désormais, la ligne B se sépare en deux terminus : celui de « Pessac centre » et celui de la nouvelle extension, « France Alouette ». Les trams bifurquent à l’arrêt Bougnard.
Erreurs d’aiguillage
À peine partis de la station en direction du terminus fraîchement inauguré, des passagers s’agitent. Nombreux sont ceux qui n’ont pas fait attention à la signalisation et se retrouvent sur la mauvaise voie. À l’arrêt « Châtaigneraie », une dizaine de personnes descend.
« Je ne savais pas que le nouveau tronçon avait été mis en service. Quand le tram a continué tout droit j’ai compris. J’ai regardé le plan de la ligne dans le tram, l’extension n’était pas dessinée, mais je voyais bien que je n’allais pas à Pessac centre. Du coup, je suis sorti à l’arrêt suivant pour faire demi-tour », s’amuse finalement un voyageur.
Tbc assure que les plans des lignes collés en hauteur dans les trams devraient être changés d’ici la fin de la semaine dans la centaine de rames de la société de transport.
4000 agents hospitaliers à Haut-Lévêque
Lors de l’inauguration, Alain Juppé a pointé « les équipements importants » desservis par l’extension, comme l’hôpital Haut-Lévêque. Nous rencontrons une employée de cet établissement hospitalier qui attendait effectivement le tram avec impatience de prendre le tram. Et patientons encore onze minutes à l’arrêt Pessac Alouette, le temps de se souvenir de la période des travaux et des difficultés pour accéder à l’hôpital.
« C’était pas évident, il fallait s’arrêter bien avant l’hôpital et marcher 10 bonnes minutes. Il y a un parking pour le personnel de l’hôpital mais je n’ai pas de voiture. J’habite à Talence, maintenant le trajet est direct. Les patients et leur famille attendaient depuis longtemps aussi. Ils devaient prendre des bus, des trams, et encore des bus quand ils venaient de loin. »
Comme elle, 4000 hospitaliers travaillent sur ce site. Les patients, environ 270000 par an, devraient aussi affluer via le tram sur le site du groupe hospitalier sud, comprenant les pôles Haut-Lévêque et Xavier-Arnozan.
« Tous les sites du CHU sont désormais connectés au tramway, c’est un grand plaisir pour nous. Nous avons plus de 50% de notre personnel qui se déplace via des modes alternatifs à la voiture individuelle. Nous devrions arriver à 55% avec l’extension », déclare le directeur général du CHU de Bordeaux, Philippe Vigouroux, lors de l’inauguration.
Un flux de voyageurs redynamisant
La nouvelle ligne de tram permet un voyage plus rapide et serein pour certains usagers, souvent confrontés au casse-tête des correspondances.
« Normalement j’aurais dû mettre 45 min avec plusieurs correspondances de bus. Avec le tram j’ai mis deux fois moins, et je peux prendre du temps pour moi. Avec les correspondances du bus je suis tout le temps stressé, » confie un jeune bordelais d’adoption venu tenter sa chance dans une agence d’intérim, située au bout de la ligne.
L’employée qui le reçoit se dit optimiste quant aux nouveaux flux de passagers.
« Je pense que ça va apporter plus de monde, étant donné que ça permet d’aller un peu plus loin. Avec le jeu des connections, on peut aller partout. Donc ça peut être bénéfique pour nous, d’autant plus que les travaux ne nous ont pas dérangés. »
Le gérant du Bistrot de l’Alouette, visible depuis le terminus, pense récolter les fruits de son investissement :
« Certes, on a déjà une clientèle mais je pense que ça va nous apporter du monde en plus. Des gens qui viendront de l’hôpital Haut-Lévêque ou de la zone industrielle. Nous, on est contents, on a racheté il y a trois mois donc on n’a pas été pénalisé par les travaux. Les anciens propriétaires ont vendu à cause de ça, justement. »
De l’autre côté de la route, une septuagénaire venue « étrenner » l’extension se réjouit :
« C’est super, pour aller à l’hôpital, et il y a le vétérinaire pas loin. Avant je faisais tout ça en vélo, mais je ne peux plus en faire. De là on va directement à Bordeaux centre, je pourrais faire des sorties avec mon petit-fils. Ça fait 38 ans que je vis à Pessac, et il y avait deux bus par jour à l’époque ! Il faut avoir connu ça pour apprécier. »
Valoriser les moyens transports « alternatifs »
Le nouveau segment, en voie unique, permet en outre de favoriser les trajets combinant tram et train même si, à l’arrêt « Gare de Pessac Alouette », il n’y a pour le moment pas foule.
« Ça fait bizarre, je pense que les gens ne sont pas encore trop au courant. Moi je travaille au terminus, avant j’y allais à vélo, mais la nuit ce n’était pas terrible », explique une jeune fleuriste attendant le tram pour se rendre au travail.
La voiture représente 50% des transports dans la métropole. Même si des projets visent à améliorer les infrastructures routières, Alain Juppé a souligné qu’il restait du chemin à parcourir dans les transports alternatifs :
« Il faut changer de comportement, essayer de renoncer sa voiture à venir en ville. Inciter le personnel des grandes entreprises à le faire, encourager le covoiturage. Nous avons beaucoup de travail à faire, l’enjeu est environnemental et vise aussi à améliorer la qualité de vie ».
Pour répondre à ces objectifs, deux parcs relais font partie du projet d’extension. À proximité de la gare SNCF de Pessac Alouette, le premier est déjà en service. Il compte 156 places et comporte un local sécurisé de 30 places vélo. Un deuxième parc relais de 160 places devrait être aménagé fin 2017 à l’arrêt Cap Métiers.
Les stations Châtaigneraie, Hôpital Haut-Lévêque, Gare de Pessac Alouette et France Alouette ont également leur station VCub, chacune dotée de 20 vélos. Pour une meilleure circulation des cyclistes, Bordeaux Métropole a créé ou aménagé des itinéraires cyclables, le long des 3,5 km de voies de tramway.
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