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Débats : prenez la parole à Bordeaux Métropole

Université populaire de Bordeaux, Conversations au Carré de Saint-Médard, Nuit des Idées au TnBA, Athénée Libertaire, Café historique… Sur les terres de Montaigne et Ellul, l’envie des Bordelais de débattre et réfléchir ne se dément pas. Parfois peu connus, les lieux d’échanges fleurissent dans la métropole bordelaise.

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Débats : prenez la parole à Bordeaux Métropole

Les Amis du Monde Diplomatique ont reçu à L'Utopia Pierre Carles (à g.) et Serge Halimi (au c.) (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)
Les Amis du Monde Diplomatique ont reçu à L’Utopia Pierre Carles (à g.) et Serge Halimi (au c.) (XR/Rue89 Bordeaux)

L’UPB : l’utile partage bordelais ?

Plus influencée par l’école décapante de Franck Lepage que par la sentencieuse école de Michel Onfray, l’Université Populaire de Bordeaux s’est construite en 2009 lors d’une lutte (perdue) contre la loi des autonomies des universités. L’UPB est sortie du campus pour se poster dans le quartier Saint-Michel (mais pas que) et sème son « savoir utile, partagé et gratuit », autrement dit le rendre accessible.

L’asso multiplie les manières de faire. Rien à voir entre les académiques Chaires (l’éthique en philo, en économie, dans le journalisme) et le sans concession « Labo décolonial ». Pas plus à voir entre les tranchants débats des Kabarets politiques et les conférences gesticulés, sorte de one-wo-man show intelligent. Et c’est ça qui marche : plus de 3000 entrées (gratuites) pour 60 évènements.

« La question du travail revient beaucoup », explique Pauline De Bortoli, unique salariée de l’association presque entièrement en auto-financement.

L’UPB surprend aussi par ses collaborations : elle travaille avec l’école nationale de l’administration pénitentiaire, les jeunes du service civique, le TnBA (théâtre national de Bordeaux Atlantique), le Carré-Colonnes (à Saint-Médard et Blanquefort) et aussi les ergothérapeutes…

  • A l’agenda
    Le Festival Comme un grondement du 6 au 8 novembre aux Halles des Douves, le programme riche et régulier de la Chaire sur l’éthique. On garde aussi un œil sur le cycle sur le foot qui est en préparation pour janvier avant l’Euro 2016.
    Le site de l’UPB

Les Amis du Diplo, provocateurs de rencontres

Pas question de prêcher les convaincus chez les Amis du Monde Diplomatique. Les Girondins membres de cette association nationale – actionnaire minoritaire du journal français le plus lu à l’étranger – parlent de Boko Haram dans le quartier Belcier à Bordeaux, des dérives de la presse à l’école de commerce Kedge à Talence, de la crise grecque à la médiathèque de Mérignac, sans compter les projections au cinéma Jean-Eustache de Pessac ou à l’Utopia à Bordeaux.

« Le but principal, c’est d’aller dans des endroits où le Monde Diplo ne va pas » commente Jean-Dominique Peyrebrune, membre depuis 2010.

A chaque fois, selon l’actualité, il provoque ainsi la rencontre entre le public et un auteur du « Diplo » ou un universitaire. Des moments en petit ou grand comité – de 20 personnes à Mérignac jusqu’à 300 à la Kedge. Quitte à rencontrer des oppositions puisqu’il estime qu’ « à Saint-Médard-en-Jalles, la mairie nous a viré « .

  • A l’agenda
    Le Café Diplo au Poulailler de Bègles le 28 octobre à 19h30 ; Proche-Orient, poudrière du monde ? avec Akram Belkaïd au Festival du film d’Histoire de Pessac, le 20 novembre à 20h30 ; Conférence sur la Cop 21 de Jean-Michel Dumay à la Kedge Business School, le 25 novembre à 17h.
    En Gironde, les Amis du Monde Diplomatique ont par ailleurs aussi des groupes à Libourne et Sainte-Foy-la-Grande.
Ouvert depuis mars, le café historique obtient déjà un certain succès (DR)
Ouvert depuis mars, le café historique obtient déjà un certain succès (DR)

Le Café historique, à peine né, déjà un succès

Le petit dernier a vite grandi. En mars dernier, Stéphane Barry, délégué aquitain de la société française d’histoire napoléonienne, lance le Café Historique. Pour la première rencontre, le thème est pointu – la sexualité représentée dans l’art roman – et le public remplit le bar Le Plana, place de la Victoire : plus de 120 personnes présentes.

Depuis, ils sont en moyenne une soixantaine à chaque rencontre mensuelle. Une conférence au bar évite tout académisme pour Stéphane Barry qui tient avant tout à vulgariser. Et malgré son job, l’empereur n’est pas servi à toutes les sauces. Après Waterloo, le cinéma d’entre-deux-guerres, l’épidémie Ebola et la naissance de la démocratie au XIXe siècle (« et ce n’est pas ma tasse thé »), il pense faire salle comble avec l’histoire des francs-maçons :

« Le nombre de partage [sur la page Facebook du Café, NDLR] a explosé mais il y a quelques commentaires sidérants. Ça me convint encore plus de l’utilité du café historique. Ces thèmes emportent les passions. Ça fantasme à tour de bras. »

Et déjà, il lance un deuxième café historique, cette fois-ci à Paris.

  • A l’agenda
    Histoire de la Franc-Maçonnerie avec René Rampnoux, le jeudi 22 octobre ; Serial-killer, à chaque époque son tueur, avec Fabrice D’Almeida, le mercredi 4 novembre ; l’exposition Propagande au musée d’Aquitaine et au centre Jean Moulin dont Stéphane Barry est l’un des commissaires.
    La page Facebook du Café Historique

Le Repaire de Bacalan pour « ceux qui hésitent »

Les Repaires se sont crées, un peu partout en France, dans le giron de feu l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet sur France Inter. Et ce n’est pas parce que le journaliste n’est plus à la radio que ses antennes devraient se taire. Au théâtre du Pont-Tournant, dans le quartier Bacalan, Daniel Bettinger et Stéphane Amouroux organisent chaque mois une rencontre selon les envies, les opportunités, l’actualité et ce qu’ils entendent à la radio.

Daniel a été un peu poussé à prendre la barre en 2011 à la création du Repaire. Il ne s’en plaint pas : « Quand je me suis lancé là-dedans, j’étais réservé et timide. Et là je fais des trucs que je ne faisais pas autrement. » Il n’y a pas de raison que ça ne marche pas avec d’autres. Alors à chaque débat, il tient à donner la parole à tous ceux qui sont présents :

« Ceux qui hésitent et prennent leur courage à deux mains pour poser une question, c’est important pour eux et ils disent des choses très fortes. »

Le public, entre 20 et 80 personnes, s’installe autour de chercheurs ou d’associatifs pour parler des bastides, des pesticides, de l’homoparentalité, de la réforme pénale. Il y a un an, Daniel réussissait un grand coup : l’autre Daniel… Mermet témoignait de son éviction et de son projet de web radio.

A la Librairie du Muguet fleurissent les idées libertaires

La programmation des rencontres s’étoffent à la Librairie du Muguet. Discrètement installés depuis plus de 50 ans, les libertaires ont investi la rue du Muguet dans le centre bordelais. A l’époque, ce sont des Espagnols qui achètent ce lieu, devenu depuis l’Athénée Libertaire. En 2003, la librairie du Muguet s’y est installée avec les productions d’ »éditeurs indépendants pas liés aux grands groupes », explique Jérôme bénévole depuis 3 ans.

Une fois par mois (ou presque), la dizaine de bénévoles fait venir un auteur présent dans leurs rayons. Jérôme poursuit :

« C’est l’occasion de faire la promotion des idées libertaires par la littérature. On fait venir des auteurs de nouveautés et de bouquins qui nous ont plu. »

La programmation s’attèle au néocolonialisme, aux crimes racistes, aux politiques sécuritaires ou encore à la gentrification. Les militants Jean-Marc Rouillan, mais aussi Charlie Bauer, ami de Jacques Mesrine, font partie des figures qui sont passées par l’Athénée où les collectifs féministes et anarchistes, ainsi que l’association Survie, participent à la vie du lieu.

  • A l’agenda
    Des Hommes et des bagnes avec Jean-Marc Delpech, le jeudi 29 octobre ; La littérature, un acte politique avec la sociologue turque Pinar Selek, le samedi 21 novembre.
    Le site de l’Athénée libertaire
La librairie du Muguet est installé à Bordeaux depuis 2003 (Xavier Ridon/Rue89 Bordeaux)
La librairie du Muguet est installée à Bordeaux depuis 2003 (XR/Rue89 Bordeaux)

Au Tnba, l’appétit vient en philosophant

En arrivant à Bordeaux en 2009, Nadia Derrar cherche les 3 M. En vain, Montaigne, Montesquieu et Mauriac sont souvent évoqués, mais les penseurs apparaissent peu dans la ville, estime la nouvelle secrétaire générale du Tnba, qui veut les remettre à l’honneur. Dès la saison 2012-2013, elle lance le projet de débats publics au cœur du théâtre.

« Je voulais que le théâtre soit un lieu où on s’interroge sur les idées. Comment s’inventent-elles chez les gens ordinaires ? Comment résistent-elles à l’époque ambiante ? »

Épaulée par le philosophe Guillaume Leblanc, l’Université Bordeaux Montaigne et la librairie Mollat, elle ouvre la salle à la philosophie. Bonne surprise :

« Il y avait entre 250 et 650 personnes pour deux heures de rencontres autour des penseurs. C’est formidable qu’il y ait autant de gens pour un appétit de dialogue, un appétit de pensée et de discuter d’un intérêt commun. »

L’appétit venant en mangeant, elle lance l’année dernière un festin atypique : la Nuit des idées. Plus de 2000 personnes s’y pressent de 19h à 6h du matin autour d’une quarantaine de penseurs et d’un spectacle. Alors, la grande table des idées sera à nouveau dressée durant cette saison.

Mairie de Bordeaux recherche « point de vue critique »

Entre l’université des Cheveux Blancs, les Assises de l’Egalité ou Idéo, la mairie de Bordeaux lance régulièrement des débats dans la cité. En organisant les rencontres Idéo dont Rue89 Bordeaux est partenaire, Fabien Robert espère obtenir un « point de vue critique » pour la politique culturelle de la ville de Bordeaux :

« J’ai la conviction, et je ne suis pas le seul, que l’action publique à trois temps, estime l’adjoint d’Alain Juppé. Le dernier c’est l’action. Avant il y a la concertation avec les conseils de quartiers et le conseil culturel de Bordeaux et, encore avant, il y a le premier maillon, la réflexion. C’est fondamental qu’une ville ne réfléchisse pas seule. »

La venue récente de Robin Renucci a moins attiré que les deux premières rencontres où plus de 150 personnes sont venues voir José-Manuel Gonçalvès, directeur du Centre Quatre à Paris, et Olivier Poivre d’Arvor, ancien directeur de France Culture. Fabien Robert ajoute que ces rencontres se renouvelleront :

« Ça a une véritable utilité. Ce n’est pas des conférences comme à Mollat où un auteur donne un point de vue. Ces rencontres ont un objectif opérationnel. »

D’autres rencontres sont donc à venir.

Rencontre Idéo avec Olivier Poivre d'Arvor (Capture d'écran/Ville de Bordeaux)
Rencontre Idéo avec Olivier Poivre d’Arvor (Capture d’écran/Ville de Bordeaux)

On débat aussi…

  • Aux apéros écolos – Plus de 30 débats déjà organisés en 4 ans à travers Bordeaux. Tous tournent autour des enjeux environnementaux. A noter sur l’agenda : Santé et changement climatique, ce jeudi à 18h15 à la Maison écocitoyenne ; Travailler ensemble, autrement ce vendredi à 18h la Chiffone Rit. La page Facebook.
  • A La Palabre – Depuis plus d’un an, le public se réunit pour réfléchir autour de l’art : son utilité, ses orientations. Partenaire, Rue89 Bordeaux vous fait vivre ces débats sur l’un de ses blogs.
  • Aux Conversations au Carré de Saint-Médard-en-Jalles, où la ville invite un écrivain ou un journaliste à débattre de littérature du réel. Après Raphaëlle Bacqué, grand reporter au Monde, venue parler de son dernier livre, « Richie » (biographie inspirée de la vie de Richard Descoing, l’ancien directeur de Sciences Po Paris), Colombe Schneck, une autre journaliste auteur, sera au Carré le 4 novembre. La page facebook de Saint-Médard
  • Au Festival international du film d’histoire de PessacBonaparte à la conquête de l’Egypte, la révolution des femmes, le cinéma iranien, la politique internationale française au Moyen-Orient seront notamment débattus au cinéma Jean Eustache du 16 au 23 novembre enrichissant le thème Un si Proche-Orient. Le site du 26e festival.
  • Au Café économique de Pessac qui depuis plus de 10 ans organise ses rencontres mensuelles. Les prochaines se feront dans le cadre du festival international du film d’Histoire de Pessac puis à propos de la conférence climat. Programme complet sur le site du café.
  • A l’Université Populaire des Hauts de Garonne – Mozart, Geneviève Anthonioz-De Gaulle et l’astronomie sont au programme de cette fin d’année à Lormont. Le programme de l’UPHG.
  • A l’Université Populaire du Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre – Là aussi les débats sont relevés avec comme prochain rendez-vous Tourisme de masse et patrimoine mondial le samedi 14 novembre au matin. Le site de l’UPBA.

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