Après l’annonce du gouvernement de poursuivre la LGV vers Toulouse et Dax, j’ai relu les conclusions émises par la commission d’enquête au mois d’avril, qui donnait un avis négatif sur ce projet. Et, au regard de la décision du gouvernement de passer outre, je suis encore plus aujourd’hui qu’hier convaincu que le chemin à parcourir est long pour renouveler la vie démocratique.
Que nous dit la commission à l’issue de semaines et de mois d’audition, de lecture de documents et de débats publics ?
Elle nous démontre que des centaines de citoyens se sont emparés du débat, que les contributions on afflué vers les permanences. La commission a, selon ses dires, « plus eu affaire à des citoyens responsables qu’à des gardiens de postures » (page 11 des conclusions). On a assisté à une véritable mobilisation citoyenne qui « traduisait le souci de l’intérêt général » (page 10).
Ces éléments de la commission battent en brèche toute idée selon laquelle les citoyens mobilisés ne l’auraient fait que par effet de « nimby » (Not In My Backyard que l’on peut traduire par « pas dans mon arrière-cours », refus de tout nouveau projet dans leur environnement). Au contraire, elle met en évidence que ceux-ci, de manière organisée, ont su porter un autre projet qui s’inscrivait dans l’intérêt général.
Les « grands élus », gardiens de postures
Non, les gardiens de postures n’étaient pas du côté des citoyens mais ailleurs comme le révèle la déclaration des « grands élus » de Midi-Pyrénées et Aquitaine qui « entendent poursuivre leur action pour faire en sorte que le grand Sud-Ouest ne demeure pas abandonné par la grande vitesse ferroviaire indispensable à la compétitivité des territoires » (Déclaration commune Juppé-Rousset-Malvy-Moudenc 30/03 /2015).
En d’autres termes, ceux-là ne prennent pas en considération les arguments avancés par la mobilisation citoyenne, comme ils font fi des critiques de la commission pour continuer à avancer sur leur seule vision.
Ce projet n’est pas désiré par la population : « Au final, la commission n’a pas décelé l’expression d’un véritable besoin de lignes à grande vitesse dans le Sud-ouest » (page 36). De plus, « le service rendu aux usagers sur ces lignes, ne peut être garanti par le maître d’ouvrage » (page 37).
Enfin, « l’objectif affiché et assumé de la grande vitesse est de relier sans arrêt, des grandes métropoles. En conséquence, le développement économique se concentrera autour des gares des deux métropoles et drainera l’emploi au détriment du développement local » (page 37).
Un projet cher et non désiré
La commission explique donc qu’un projet qui va coûter entre 7 et 10 milliards d’euros à la collectivité n’est pas désiré pas les habitants de la région, qu’il n’est pas sûr qu’il réponde aux besoins des habitants et qu’enfin sa conception métropolitaine va assécher économiquement et démographiquement des territoires qui sont pour certains déjà très en difficulté.
Enfin la commission note que « l’aménagement de la ligne existante entre Bordeaux et Toulouse n’aboutit pas à une supériorité incontestable du projet de lignes nouvelles, si on intègre les gains de temps, les coûts et les services rendus » (page 37). Autrement dit, elle valide ce que disent les associations et élus locaux lorsque ceux-ci mettent en avant que l’aménagement de la ligne existante entre Bordeaux et Toulouse permettrait de faire de la grande vitesse, tout en préservant les dessertes locales, répondant ainsi aux besoins des populations.
Quels enseignements tirer de cette expérience ?
Le GPSO n’est pas une priorité en termes d’infrastructures. Il correspondra peut-être à un besoin dans les décennies à venir, mais en termes de complémentarité. Nos grands élus et le gouvernement sont décidément sourds aux aspirations et besoins de la population, même quand des arguments rationnels sont développés. Ils sont entièrement possédés par la recherche de compétitivité.
Au final, la démocratie, quand on permet aux citoyens d’avoir l’ensemble des éléments du débat, est essentielle pour sortir de la crise dans laquelle nous sommes. Le débat autour du GPSO est un exemple, mais nous pourrions les multiplier tant dans les territoires que les entreprises.
C’est dans l’échange d’idées, dans le débat constructif, en donnant de vrais pouvoirs de décision aux citoyens et salariés que nous serons en capacité devant un problème de trouver une solution collective.
Olivier Dartigolles
Porte-parole du Parti communiste français et chef de file Front de gauche aux régionales 2015
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