Alain Juppé a présenté ce vendredi l’équipe de 60 jeunes qui fera figure d’ambassadeurs européens avant le coup d’envoi de la compétition, prévu le 10 juin 2016. 30 Français et 30 Européens composent cette équipe, les premiers, en Service Civique, sont rémunérés par la Métropole, qui annonce 500 000 euros de budget pour l’opération ; les seconds, sont en Service Volontaire Européen, et donc financés par la Commission Européenne au titre de son programme pour la jeunesse.
Loin des controverses sur le PPP du nouveau stade, l’ambiance était à la détente ce vendredi 6 novembre au bâtiment de Bordeaux Métropole. Café/cupcakes pour célébrer l’arrivée de ces 60 jeunes dans la ville de Bordeaux, censés intervenir tout au long des sept mois qui nous séparent de l’ouverture de la compétition.
Intervenir sur quoi au juste ?
Les 30 Français en service civique, recrutés par le biais de la mission locale Bordeaux avenir jeunes, avec leur 30 homologues issus d’Espagne, d’Allemagne, de Pologne, d’Italie, de République Tchèque, de Roumanie et de Slovaquie, enrôlés quant à eux via le Service Volontaire Européen (SVE), auront notamment pour tâche d’animer les « fanzones ». Lieu d’animation autour de la compétition, la fanzone de Bordeaux sera installée sur la Place des Quinconces, et pourra accueillir jusqu’à 60 000 personnes, qui pourront assister à tous les matchs de la compétition sur écran géant.
Animer comment ?
« On sera là, mais il y aura aussi des éducateurs spécialisés professionnels pour organiser des tournois », témoigne Antoine, 20 ans, originaire d’Ambarès-et-Lagrave et en service civique pour l’Euro.
« L’Euro, un prétexte »
Daniel, Jan, Maia et Sarah, 74 ans à eux quatre, sont Allemands. Ils sont arrivés le 1er septembre à Bordeaux, logés dans les résidences étudiantes de la Bastide. ILs trouvent la ville « très belle, et très jeune, avec beaucoup d’étudiants ». Ils font partie des 30 jeunes européens venus prêter main-forte à leurs collègues français pour l’organisation de l’Euro. Ils répondent, de manière évasive, faire « beaucoup de choses très diverses, très variées, notamment en lien avec les écoles de Bordeaux ».
En deux mois de présence à Bordeaux, ils ont passé l’essentiel de leur temps à être briefés sur les institutions françaises et européennes. Ou à cuisiner, notamment des Pfannkuchen, sorte de crêpes allemandes, aux Français. Quand on leur demande s’ils aiment le foot, ils répondent, que oui, comme tout le monde, mais sans plus.
Un autre son de cloche se fait entendre chez Antoine, le jeune Français :
« Je suis fan de foot. Quand j’ai vu l’annonce pour un service civique pour l’Euro, ça m’a tout de suite intéressé. »
Mais il continue sur un autre registre. Loin de parler des scandales qui bousculent la Fifa depuis quelques mois, il commence à parler d’Europe. Pas celle du foot, celle, politique, qui n’a plus bonne presse en ce moment. « C’est un prétexte pour présenter l’Europe aux jeunes générations » continue-t-il sur le ton de la confidence, semblant faire écho au discours prononcé par Alain Juppé quelques minutes plus tôt, qui rappelait l’idéal européen : faire la paix, au milieu d’un monde asphyxié par les conflits.
Parler d’Europe
« On est là pour transmettre les valeurs du sport, mais aussi les valeurs européennes », continue Antoine.
Les ambassadeurs iront donc transmettre toutes ces valeurs dans les écoles de la Métropole, pour tenter de dire aux enfants bordelais, que, derrière un drapeau sur un écran et onze gugusses qui courent, il y a une culture.
Arielle Piazza, adjointe au maire de Bordeaux en charge des sports, parle d’une « expérience incroyable », et confie à Rue89 Bordeaux vouloir profiter d’un événement sportif majeur pour véhiculer de véritables valeurs sportives. Si elle reconnaît un certain malaise face au foot business, elle dit vouloir profiter d’un événement aussi important médiatiquement que l’Euro 2016 pour aller plus loin et parler d’autres choses que simplement de foot :
« C’est l’occasion de parler d’Europe et d’avoir des retombées directes sur les jeunes de la Métropole. »
Elle souligne également que cette initiative est unique parmi les villes hôtesses de l’Euro 2016.
Il reste que les missions des jeunes ambassadeurs paraissent encore assez floues. Antoine nous parle de « missions qui ne sont pas encore très précises », quand nos amis allemands, tout en étant convaincus de l’importance de parler d’Europe aux jeunes générations, avouent ne pas savoir tout de leur rôle dans l’organisation de la compétition.
Un enseignant de CE2 à l’école de Saint-Bruno, interrogé sur cette initiative, nous avoue son hésitation :
« Je ne veux pas parler encore plus de foot à mes élèves qui y sont déjà très exposés ». Avant d’ajouter, « en même temps, si ça permet à mes élèves de voir le phénomène football autrement que devant un écran de télé, je prends ».
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