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Antoine Sebire, le nouveau monsieur cinéma d’Ecla

L’agence Ecla, association culturelle rattachée à la région, n’en finit pas d’accueillir de nouvelles têtes. Après l’arrivée d’Emmanuelle Schmitt, sa directrice, en mai dernier, voici la nomination d’Antoine Sebire, nouveau chef de projet cinéma et audiovisuel depuis le 5 octobre. Portrait d’un homme attendu.

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Antoine Sebire, le nouveau monsieur cinéma d’Ecla

Antoine Sebire (DR)
Antoine Sebire (DR)

Une arrivée troublée

L’année aura été mouvementée pour le département cinéma et audiovisuel de l’agence. Ses champs d’intervention, accueil de tournage et aide à la création et à la diffusion de films en Aquitaine, ont fait l’objet d’une polémique en février dernier suite à une tribune parue sur Rue89 Bordeaux.

A l’époque, Frédéric Vilcocq, conseiller technique en charge de la culture à la région se félicitait du succès de films aquitains présentés aux Césars et soutenus par Ecla (« Les combattants » de Thomas Cailley en tête). La réaction d’une partie de la profession ne s’était pas fait attendre, remettant en cause les critères de sélection comprenant des films tournés hors Aquitaine (« Pasolini » d’Abel Ferrara ou « Lamb » de Yared Zelek) ainsi que le manque de retombées des subventions accordées, notamment en matière d’emploi. Frédéric Vilcocq reconnaissant que le bénéfice de certains tournages se ressentait essentiellement en terme d’image.

Juste avant la parution de cette publication, le directeur cinéma, Jean-Raymond Garcia, avait démissionné de l’agence Ecla pour « divergence de vues avec la gouvernance » laissant le département orphelin.

Des études à Bordeaux, une carrière à l’international

Voici dans quel climat Antoine Sebire a démarré cette mission d’un an, ajouté à cela le vaste chantier de la nouvelle région dont les contours sont encore très flous en cette période électorale. Quel sera le rôle d’Ecla ? Comment mutualiser les compétences de chaque structure ?

La tâche sera rude mais ne semble pas effrayer le jeune Bordelais de trente six ans au parcours déjà brillant. Après des études à Sciences-Po Bordeaux, Antoine Sebire intègre un DESS en développement culturel entre la Rochelle, Nantes et Bordeaux. Il s’envole ensuite direction Mexico grâce à une mission confiée par la région Poitou-Charentes de juillet 2003 à mars 2005 au Bureau export de la musique française où il s’occupe des relations avec les labels et tourneurs. L’été 2005, comme déjà à l’été 2004, il s’investit au sein du festival de musique Rio Loco à Toulouse en tant que chargé de production.

Sa carrière prend alors un nouveau tournant puisqu’il intègre l’ambassade de France à Washington. Il y rejoint sa femme déjà en poste sur place. Il se voit confier pendant 5 ans un poste de directeur audiovisuel au sein de la Maison française, le centre des manifestations culturelles (appelé maintenant l’Institut français de Washington). Responsable de la programmation et de la diffusion des films français dans plusieurs états, il organise pas moins de 1200 projections en collaboration avec des salles de cinéma indépendantes, des cinémathèques sans oublier l’accompagnement de projets documentaires.

Dernière expérience en date avant Ecla, une mission de cinq ans en Colombie pour le compte du ministère des Affaires étrangères. Attaché audiovisuel régional, il gère la coopération entre la France et les pays Andins, un volet bilatéral entre la France et la Colombie et un volet multilatéral avec les autres pays, Venezuela, Pérou, Equateur, Bolivie. Un poste aux casquettes multiples : l’exportation des films français, leur diffusion, commerciale et non commerciale dans les festivals, universités, ciné-clubs, la formation de professionnels sur place, le développement des coproductions, la relation avec les exploitants et les distributeurs, l’interface entre les institutions et le ministère de la Culture.

Ecla, un nouveau défi

Pour l’agence, Antoine Sebire sera dans la continuité de ses précédentes missions hors de nos frontières, le soutien à la création et la diffusion des films conçus en région Aquitaine. Sur les attaques formulées à l’encontre d’Ecla à propos des retombées économiques de l’accueil de tournage jugées insuffisantes, son constat est sans appel. Elles sont deux fois plus importantes que l’année dernière. Les suspicions de « copinage » sur les critères d’éligibilité d’aide à la création sont également balayées d’un revers de la main. Les règles d’attribution sont claires, rappelle-t-il, avoir un auteur ou une société de production originaire de la région, employer de façon significative de la main d’œuvre locale, ou avoir un sujet en relation avec la région. Pour autant, il promeut le dialogue:

« Les critiques on les entend aussi, et on discute. On souhaite être dans une logique de concertation avec les professionnels. »

Dans son discours, la mission de service public est une ligne de conduite pour le fonds de soutien le plus ancien de France (créé en 1985). Une politique éditoriale exigeante, choisissant de défendre les films les plus fragiles, ceux pour qui l’aide d’Ecla est vitale et sert de levier vers d’autres subventions, celle des départements mais aussi celle du CNC. Le but, décentraliser la création même si la région Ile de France finance la filière à hauteur de 15 millions d’euros par an contre seulement 3,5 pour Ecla. Le volet audiovisuel n’est pas en reste avec des moyens accordés à la chaine locale TV7 pour le préachat de projets de courts métrage et documentaires aquitains.

De sa carrière pour le moins prometteuse, Antoine Sébire ne semble tirer aucune gloire, parlant modestement « d’opportunité » qui lui ont fait choisir le cinéma à la musique. Il revient dans sa ville d’origine, qu’il a quitté en plein travaux, accompagné de sa femme et de ses deux enfants, avec l’envie manifeste de poursuivre le travail engagé par son prédécesseur Jean-Raymond Garcia et « d’accompagner la structure dans la transition vers la grande région ».


#ecla

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