Après l’hôtel des Archives, c’est un autre bien qui se trouve sur la liste des ventes qui seront soumises au vote au prochain conseil municipal du 25 janvier 2016. Ce n’est pas un bien emblématique, ce n’est pas un chef-d’œuvre de l’architecture bordelaise, ce n’est pas un bâtiment classé, c’est une parcelle de 288m2 sur laquelle se trouvent 4 ou 5 platanes, à l’angle de la rue du Général-du-Cheyron et de la rue Henri-Dunant : le square Marie-Louis-Sue.
Double programme
Ce sont les élus Europe Écologie Les Verts au conseil municipal qui dénoncent le projet de vente dans un communiqué. Ils regrettent la cession de la parcelle au profit du bailleur social Domofrance. Celui-ci envisagerait des logements et une extension de l’école de design voisine : Creasud.
« C’est un double programme, explique Elizabeth Touton, adjointe en charge de l’urbanisme opérationnel, de l’habitat et des déplacements à la mairie de Bordeaux. Les 3000 m2 prévus en construction à l’emplacement du square mais aussi après démolition du garage adjacent, comprennent également des logements sociaux. »
Le premier bailleur social de la région Aquitaine a même déposé un permis de construire (PC) qui lui a été accordé. Delphine Jamet, élue EELV, déplore un projet qui « date de 2013 » et « un permis délivré le 21 avril 2015 ». L’on peut en effet s’étonner d’un tel degré d’avancement mais, selon nos informations, il est possible de déposer un PC sans être propriétaire d’un terrain et obtenir un accord si on fait preuve du consentement du propriétaire qui est, dans ce cas, la mairie de Bordeaux.
Désaffectation et déclassement
Cependant, avant de pouvoir concrétiser la vente de la parcelle, la Ville doit la déclasser du domaine public. Afin d’y parvenir, « le square est clôturée depuis le 7 janvier 2016 dans l’optique de sa désaffectation », s’étonne Delphine Jamet, conseillère municipale EELV. Sur la clôture, des panneaux « Danger » et « Interdit au Public » sont affichés. Des panneaux qui inquiètent les riverains au point que la mairie du quartier a du expliquer la situation sur sa page facebook regrettant un affichage « inapproprié ».
Vous êtes nombreux à nous interroger sur la raison pour laquelle le Square Marie Louis Sue, rue Henri Dunant face au... Posté par Quartier La Bastide Bordeaux sur samedi 16 janvier 2016
La disparition d'un îlot de fraîcheur
Les élus écologistes au conseil municipal de la Ville s'élèvent contre ce projet de vente brandissant l’étude sur les îlots de chaleur urbains (ICU) réalisée à la demande de Bordeaux Métropole dans le cadre de son agenda 21. Cette étude désigne le lycée François Mauriac, situé en face du square, comme un îlot de chaleur important. Le bureau d’étude ECIC et l’association climatologique de la Moyenne-Garonne qui ont réalisé cette étude, préconisent même "la formation d’îlots de fraîcheur urbains comme moyens de lutte" contre les ICU. Bordeaux métropole avait indiqué qu’ "à terme ces préconisations devront être prises en compte dans tout projet d’aménagement". Dans ce cas, existe-t-il une solution pour remplacer cet îlot de fraîcheur ? Alors que Jérôme Siri, maire adjoint du quartier La Bastide, déclare qu' "il n'y a jamais de solution de rechange quand on coupe des arbres", Elisabeth Touton se veut rassurante :"Le projet de Domofrance comprend un patio avec une végétation. Mais d'autres espaces verts, en plus de l'aménagement du parc aux Angéliques, sont en prévision dans le projet urbain “Garonne Eiffel” sur la rive droite de la Garonne. Ce dernier n'est pas pour demain, reconnaît l'adjointe, mais il est en cours."
Une pétition est lancée
En réponse, les élus EELV soutiennent que "la proximité de la “séquence Deschamps” du parc aux Angéliques invoquée par la mairie ne justifie pas la perte d’un îlot de fraîcheur dans ce quartier". Surtout que celui-ci "compte peu d’aires de jeux pour enfants (la première est située à 1km de la zone), alors qu’à proximité immédiate du square se situent deux assistantes maternelles et une micro-crèche". Dans le quartier, les habitants rencontrés sont surpris. Un voisin du square avoue découvrir le projet et reconnaît en avoir entendu parler en pensant qu'il ne concernait que la démolition du garage :"Ce n'est pas un grand jardin mais c'est toujours dommage de supprimer des arbres en ville."Un groupement de riverains s'est mis en place et une pétition est lancée. Il déplore un procédé "sans aucune information ou explication aux habitants du quartier" et une "manière de faire très contestable, hypocrite et anti-démocratique". Les habitants se préparent, comme la loi le leurs permet, à engager des recours et à attaquer la validité du permis de construire dans les deux mois qui suivent son affichage sur le lieu du chantier.
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