Elle est parisienne et s’appelle Proarti. Fraichement installée à Bordeaux, la plateforme propose d’aider au financement d’une pièce de théâtre, d’un film, d’un spectacle de danse, de musique, de présentation d’arts plastiques… Depuis sa création en 2013, Proarti a financé 271 projets pour près de 940 000 € récoltés. Mais depuis deux ans, elle tente de percer pour des projets locaux, soutenue par les municipalités.
À Bordeaux, elle organise une opération appelée « Amplificateur culturel ». Il se calque sur la « Dynamo Culturelle » qui existe déjà à Rennes Métropole.
« C’est une opération de financement participatif dédiée à la jeune création bordelaise et destinée à soutenir l’émergence culturelle », souligne Marie Trétiakow, coordinatrice générale de Proarti.
L’appel à projets est ouvert
Concrètement, il s’agit d’accompagner des acteurs culturels en leur proposant des outils de mutualisation qui permet de faire du mécénat d’entreprise (avec déductions fiscales) et de particuliers à moindre coûts. Proarti propose aussi des formations professionnelles avant la campagne afin que les acteurs culturels prennent en main leur projet de bout en bout. Les accompagnements proposés par Proarti prennent en compte les aspects de communications, de gestions de site, de trouver des contreparties et définir le montant à collecter…
L’appel à projet est ouvert à tous les bordelais (jusqu’au 19 octobre 2016) porteurs d’un projet qui n’est pas déjà aidé par des subvention de fonctionnement de la Ville de Bordeaux, ce qui n’exclut pas ceux qui ont reçu des aides à la création. L’opération veut mettre en avant des projets émergents qui ont besoin d’aide pour se structurer. In fine, 10 projets seront choisis par la mairie de Bordeaux et seront aidés par Proarti via des ateliers et des formations individuelles. Les porteurs de projets devront avoir un objectif de collecte de plus de 2 000€ pour des projets qui porteront sur « l’expression de la diversité culturelle et la participation du public ».
Un contexte financier contraint
L’ambition de la plateforme est de se faire connaître en mutualisant sa force de frappe nationale et la force de frappe locale de la ville de Bordeaux pour des projets locaux.
« On a une certaine expertise, un professionnalisme, mais le fait de s’associer à une collectivité nous permet de compléter notre expertise et d’avoir un accompagnement à 360° pour nos projets », ajoute Marie Trétiakow.
Pourquoi la ville de Bordeaux n’aide pas directement ces projets émergents ? « On est dans un contexte financier contraint et on a un budget financier qui est devenu rare, définitivement rare. C’est-à-dire qu’il ne faut pas s’attendre à ce que, dans deux ans, ça aille mieux » souligne Fabien Robert, élu à la mairie de Bordeaux, en charge de la culture et du patrimoine, avant d’ajouter :
« Le budget de la ville de Bordeaux en matière culturel augmente d’année en année, et la part des subventions est stable. Nous n’avons pas fait peser les efforts financiers sur le budget culturel. »
Un complément
Selon les comptes administratifs et budget primitif 2016 de Bordeaux, la Ville a augmenté de 260 % son fonds d’aide à la création et à l’innovation en trois ans – 650 000€ en 2016 contre 150 000€ en 2013 – et aurait investit 81 millions d’euros dans la culture en 2016.
« Le financement participatif ne vient pas se substituer au financement public, il le complète, poursuit Fabien Robert. La ville de Bordeaux veux soutenir de manière originale des projets bordelais avec le professionnalisme de Proarti. C’est l’occasion pour nous d’aider des projets par un autre dispositif. On voudrait toucher des associations, des structures, des artistes qu’on ne touche pas encore aujourd’hui. »
Proarti s’occupera donc de la partie financière, administrative et juridique et prélèvera 8 % des sommes collectées si la campagne aboutie. La mairie de Bordeaux apportera ses outils de communications (Bordeaux.fr, Bordeaux magasine et une campagne d’affichage). Le coût ? Pour Bordeaux, sera d’environ « 8 à 10 000 euros ». De son côté la Manufacture Atlantique labellisera certains projets et accueillera dans ses locaux les temps forts de l’opération.
Trois questions à Marie Trétiakow
Une solution aux baisses des subventions ?
« La culture est un des premiers destinataires qui a vu ses subventions baisser. Notre idée n’est pas de venir remplacer l’argent public, mais plutôt de le compléter et de professionnaliser certains acteurs qui n’ont pas forcément les compétences pour chercher ce type de financements. Aujourd’hui la diversification des sources de financements est de plus en plus important. »
Des financements vraiment transparents ?
« J’ai l’impression que le public a une envie de participer à ces projets, ça répond à ce besoin. Ça crée une nouvelle relation entre les artistes et le public. Et même si on est dans un pays où demander de l’argent n’est pas facile, avec des suspicions. Je suis ravie de voir que le financement participatif fonctionne tout de même. J’espère qu’à terme ce type de financement finira pas se professionnaliser, et que les acteurs s’en empareront pour toucher de nouveaux réseaux. »
Quel modèle économique ?
En plus des 8 % prélevés sur les campagnes de financements par Proarti – « la plus grosse partie de notre modèle économique » –, la plateforme s’est diversifiée.
« Toutes les opérations sont aussi une source de revenus pour nous, tout ce qui concerne le conseil, l’accompagnement, ou l’information. En fonction aussi de ce qu’on va apporter au porteurs de projet, on adapte la manière se rémunérer. On a aussi un organisme de formation professionnel, qui est aussi notre fonds de revenus. »
Aller plus loin
Notre série sur le financement participatif
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