
Ce jeudi matin, le terrain qu’occupaient environ 60 Roms à Mérignac a été évacué. Depuis bientôt un an, ils avaient quitté le squat 12 et avaient élu domicile dans la zone industrielle du chemin du phare, près de l’usine Thalès. Comme souvent dans ces expulsions, le calme dominait. Sur place dès 7h du matin, l’adjointe à la ville de Mérignac en charge de l’action sociale, Sylvie Cassou-Schotte a constaté les dégâts :
« C’est assez désarmant. J’éprouve beaucoup de colère car il y a une certaine violence psychologique, car elle n’est pas physique. Mais en face vous avez à faire à des personnes habituées qui connaissent ces situations. Il y a du désarroi. Ils ont fait des baraquements qu’ils détruisaient eux-mêmes. Quelques-uns, surtout les jeunes, stressent car il faut aider des personnes impotentes. »
Dans la matinée, l’un d’entre-eux l’a appelée : « Il errait sans savoir où aller. »
Confusion
Interrogé sur ce sujet lors de sa conférence de presse de rentrée, le Préfet de Gironde, Pierre Dartout estime n’agir que dans la continuité de la Justice :
« Il faut casser cette confusion que le préfet décide de l’expulsion. Nous sommes dans un État de droit. Si l’huissier ne réussit pas à faire partir les gens, il se retourne vers le préfet pour avoir le concours de la force publique. Je n’interviens pas s’il n’y a pas de décision de justice. »
Il a d’ailleurs appliqué celles-ci à deux autres reprises en moins d’un mois. Fin août, le squat La Chaufferie ouvert par des opposants à la Loi Travail rue du Cloître à Bordeaux a été évacué, tout comme l’ancien lycée agricole de Blanquefort occupé jusqu’à ce mardi par le collectif Sherby. Après quelques négociations infructueuses, « force est restée au droit », a asséné le préfet.
« La préfecture a décidé de faire appliquer les décisions. On ne va pas critiquer, mais on regrette qu’il n’y ait pas de propositions. »
Ruptures dans le suivi des soins, de la scolarisation, de la domiciliation sont les maux surgissant après une expulsion. Pour ce qui est des enfants, Pierre Dartout se dit « sensible » à la scolarisation des enfants dont il distingue « les réelles et les virtuelles ». D’ailleurs, son directeur de cabinet en charge du dossier affirme que tous les enfants qui étaient scolarisés dans le squat du Sherby ont déjà repris le chemin de l’école. Au chemin du phare, une quinzaine d’enfants étaient présents dont 7 inscrits en maternelle, primaire, collège.
Médecins du Monde redoute d’autres expulsions à venir avant la trêve hivernale : des bidonvilles à Bordeaux et Mérignac ont déjà reçu des décisions d’expulsions et d’autres sur la rive droite (où se sont retrouvés les Sahraouis) ou à Bègles, près des boulevards, attendent le sort qui leur sera fait. Un des membres, Morgan Garcia, se désespère :
« Cela fait 20 ans que les bidonvilles sont revenus en France et qu’on les expulse sans rien leurs proposer. »
ALLER PLUS LOIN
Sur Rue89 Bordeaux
Oui pour autant au respect de la propriété privée sans lequel la loi de la violence s'impose.
Tu en payes au moins des impôts ? Si non c'est facile de dire quoi faire avec.
Je ne paye pas une taxe foncière parce que je suis riche ou pauvre, je paye car moi j'y suis obligé. Je suis humain et je suis pour un logement décent pour tous le monde. Le terrain n'était pas abandonné et les familles qui étaient dessus ne sont pas si pauvre que sa. Il y avait beaucoup de voitures alors que je connais beaucoup de gens au SMIC qui n'ont pas les moyens de s'en payer une car eux ils payent des charges et des impôts pour la plupart. Je suis dans le social et des cas concrets j'en connais des centaines. Pour info je suis contre le fait que des maisons, appartenant ou non à des particuliers soient squattées en toute impunité et avec l'accord d'associations à la con qui se prennent pour Dieu le père. Etre humain c'est aussi penser aux anonymes qui doivent parfois s'endetter pour prendre un avocat pour juste récupérer leur bien. La misère existe aussi chez des propriétaires et dans nos rues.
Exigeance de fournir des services d'intérêt général à la collectivité pour tous ceux qui reçoivent des aides sociales.