Média local avec zéro milliardaire dedans

Bordeaux teste une conciergerie senior et solidaire

Plus de 11100 personnes âgées des quartiers du centre et du sud de Bordeaux peuvent désormais profiter des services de la Conciergerie Solidaire, mobilisée par la Ville et le département de la Gironde pour favoriser le maintien à domicile.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Bordeaux, abonnez-vous.

Bordeaux teste une conciergerie senior et solidaire

Hélène Lippaner prend scrupuleusement des notes ce mardi après-midi à la résidence Alsace Lorraine. Comme une quarantaine de personnes, cette retraitée de 74 ans est venue assister à la présentation de la conciergerie senior.

L’expérimentation démarre dans les quartiers centre et sud de Bordeaux, à l’initiative de la mairie et du conseil départemental de la Gironde, et Hélène est venue « en éclaireur » pour son Club Senior afin de comprendre la démarche.

La vice-présidente du département chargée de la Politique de l’âge, Edith Moncoucut (« Et ça s’épèle comment ? », lui demande Hélène), en résume d’emblée l’objectif : « Favoriser l’autonomie et le maintien à domicile des seniors, en apportant des réponses aux besoins de nos aînés sur les petits services du quotidien ».

« Sur 48000 Bordelais de plus de 60 ans, dont 20000 de plus de 75 ans, 92% vivent encore chez eux à 85 ans, et on doit tout faire pour les aider à y rester, poursuit Nicolas Brugère, adjoint au maire de Bordeaux en charge des Seniors et de l’Autonomie. Comment aider quelqu’un qui a une fuite à son robinet, lui rendre service pour son jardinage ou changer une ampoule, sans faire venir systématiquement un professionnel, qui coûte cher ? »

Concierge volant

La réponse a été dénichée du côté de la Conciergerie Solidaire. Basée à Darwin, cette entreprise propose des services clés en main (livraisons de courses, repassage…) aux salariés d’entreprises, directement sur leurs lieux de travail. Elle fait aussi office de conciergerie de quartier, comme à Ginko, pour l’accueil des nouveaux habitants et la prestation de services encore introuvables sur place.

L’entreprise d’insertion, qui emploie actuellement 27 salariés, se lance donc dans un nouveau métier avec cette conciergerie senior. Deux personnes vont être affectées à l’aide aux personnes âgées : une concierge de proximité tiendra plusieurs permanences par semaine dans les 4 structures participantes (résidences autonomie Alsace-Lorraine et Magendie, Club-Seniors Albert Barraud et Atelier Brachou), et un concierge « volant » se déplacera à domicile.

« S’il faut changer une ampoule, il le fera, et il appellera un électricien s’il juge que c’est nécessaire, nous ne faisons pas concurrence aux professionnels, justifie Sylvain Lepainteur, directeur général de la Conciergerie Solidaire. Nous cherchons à répondre à des besoins non satisfaits, et les seniors sont en demande de tels services. »

conciergerie_senior

De fait, à l’issue de la réunion, beaucoup remplissent les papiers pour s’inscrire, comme Sophie Grange, 66 ans :

« Je vis seule la plupart du temps et j’ai besoin de petits services, comme la livraison de légumes ou le lavage de vitres. J’habite dans une vieille maison en pierre avec de grandes fenêtres, et je ne peux pas monter sur un escabeau pour le faire. »

« Tout le monde a besoin de se rendre utile »

Hélène Lippaner trouve l’idée de la Conciergerie Senior « géniale » :

« Les personnes âgées qui ne vivent pas en maison de retraite peuvent se retrouver alitées une semaine, sans voisin ni parent pour les aider. Ma famille est éloignée géographiquement et je me demandais comment je ferais pour les courses ou laver mon linge si j’étais hospitalisée, sans avoir à conclure un contrat de travail avec une aide de vie. C’est le côté ponctualité qui est difficile à résoudre. Et puis j’apprécie l’ambition de donner des petits boulots à des personnes handicapées, sans domicile ou chômeurs de longue durée. Tout le monde a besoin de se rendre utile, et même faire des courses pour une petite mamie, cela rend de la liberté à deux personnes. »

Plusieurs personnes ont suggéré des idées à leurs concierges, comme des séances de lecture ou des ateliers d’informatique. Paul Charbonnier, 80 ans, est applaudi lorsqu’il propose de mettre sa voiture « dont il ne se sert pas » à disposition d’autres seniors. Il ne sait toutefois pas encore s’il va profiter de ces nouveaux services :

« J’étais assez pessimiste au départ. C’est comme les Restos du cœur, ça fait du tort au commerce, mieux vaudrait que tout le monde ait un revenu décent pour faire travailler des professionnels. Mais autant en profiter plutôt que de payer 50 ou 100 euros pour un artisan. »

L’expérimentation séduit d’autant plus qu’elle n’est pas chère : l’abonnement est gratuit la première année du dispositif, financé (à hauteur de 50000 euros) par les partenaires du projet – ville, département, mais aussi AG2R La Mondiale et la Carsat Aquitaine. Les services sont quant à eux facturés aux utilisateurs sur la base de tarifs de 10 à 20% inférieurs au prix du marché, grâce à des accords entre la Conciergerie et ses prestataires.

La Conciergerie Senior estime être à même de servir 10% des 11130 personnes âgées vivant dans les deux quartiers de Bordeaux concernés. Elle sera aussi testée à La Teste de Buch, et pourrait être étendue à l’ensemble de Bordeaux si l’expérience est concluante pour les usagers, et peut-être économiquement rentable pour la structure.


#seniors

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Partager
Plus d'options