[A lire dans La Revue du Vin de France] Bon, les sondages et classements, Alain Juppé les connaît. Ils lui ont joué des tours depuis qu’il a perdu la primaire de la droite et du centre. Mais la Revue du Vin de France lui offre une compensation en le sacrant « personnalité de l’année 2017 »… du pinard.
Pourtant Denis Saverot note que c’était mal parti. Le Landais n’était pas trop du genre à traîner ses guêtres chez le caviste. Son lever de coude était moins costaud que celui de son mentor Jacques Chirac. Très récemment, le maire de Bordeaux prodiguait encore d’étranges conseils, très chiraquiens pour le coup (se mettre à la bière pour éviter les pesticides du vin).
En arrivant à Bordeaux, il aurait pu continuer dans la droite lignée de Jacques Chaban-Delmas qui, rappelle le journaliste, « avait multiplié les infrastructures sans jamais miser sur le monde du vin ».
Mais son « exil » post-condamnation au Canada lui a donné une autre révélation (en plus de ne plus manger de cerise en hiver) : « Tout le monde lui parlait des vins de France et particulièrement des bordeaux. » En reprenant vite fait son fauteuil de maire dans le port de la Lune, il enchaîne les bonnes idées selon la Revue du Vin de France. La Fête du Vin est une « audace », selon Saverot :
« Dans la France des années 2000, corsetée par les lobbies sanitaires et les campagnes anti-alcool, le lancement de cet événement de plein air, gratuit et ouvert à tous, ne manque pas de panache. »
Il vante le succès populaire, l’exportation à l’international de cet évènement mais se garde bien de rappeler aussi que les pratiques festives et alcoolisées à Bordeaux ont pu coûter la vie à nombre d’étudiants noyés dans la Garonne – 22% des décès des 15-34 ans est dû à l’alcool.
La Cité du Vin et son « bâtiment futuriste » est encensée, sans évoquer les nombreux démêlés de droit à l’image. Alain Juppé ne pouvait donc que recevoir ce titre honorifique. « Le vin lui dit merci ». De quoi faire oublier le titre d’homme politique de l’année remis en 2014 par GQ ?
Pendant ce temps, France Culture a consacré l’ouvrière viticole médocaine anti-pesticides Marie-Lys Bibeyran parmi les « citoyens qui changent le monde ». On dit ça, on dit rien.
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